Far Cry 4
6.6
Far Cry 4

Jeu de Ubisoft Montréal, Cliff Martinez et Ubisoft (2014PlayStation 4)

Aaaah ! Ubisoft. Ce grand ponte du jeu vidéo qu’on adore ou déteste, en fonction de sa tolérance aux grosses machines qui ne voient à chaque production que la montagne de billets qu’elle peut lui rapporter. Et je dois avouer que dans leur cas, ça ne me dérange guère dans la mesure où ils savent souvent caresser les joueurs dans le sens du poil avec des propositions souvent d’envergure (dans leur cas, c’est la moindre des choses), et surtout dignes d’intérêt.
Malheureusement, ça peut aussi s’avérer agaçant lorsqu’on devient trop gourmand, comme ce fut le cas en cette année 2014. Car si cette dernière fut finalement assez pauvre en jeux AAA, Ubisoft n’y est pas allé de main morte avec deux Assassin’s Creed, Watch Dogs, The Crew et Far Cry 4, soit cinq gros jeux ambitieux à monde ouvert en une année, dont quatre regroupés en l’espace d’un mois ! Mais ce type de jeu, vaste et riche en terme d’activités, réclame un certain niveau de finition et un minimum de variété, afin d’éviter redondance et déceptions. Et c’est précisément l’écueil dans lequel Ubisoft est un peu tombé cette année, notamment avec ce Far Cry 4.

Beaucoup ont qualifié ce nouvel opus de Far Cry 3.5, ce que je trouve presque généreux tant j’ai eu l’impression de jouer à un remake HD optimisé pour la PS4. Peu de choses ont réellement changé, à commencer par notre nouveau terrain de jeu, Kyrat, sorte de copie moins exotique des Iles Rook de Far Cry 3. On y retrouve la même ambiance, le même style de décor faisant la part belle à une végétation luxuriante, de temps en temps égayé par quelques sorties dépaysantes dans les montagnes de l’Himalaya, à l’ambiance évidemment plus hivernale. On y incarnera Ajay Ghale, un jeune homme, venu disperser les cendres de sa mère dans son pays d’origine, et qui se retrouvera, comme son homologue du troisième épisode, embrigadé dans une guerre opposant les rebelles d’une organisation appelée le Sentier d’Or, à l’armée d’un charismatique psychopathe s’étant auto-proclamé leader du Kyrat, répondant au nom de Pagan Min. Comparable à Vaas (Far Cry 3) jusque dans la rareté de ses apparitions, on appréciera sa répartie autant qu’on regrettera sa sous-exploitation aussi frustrante que celle de son prédécesseur, qui n’aide pas un scénario prétexte et sans saveur à décoller. Le système de choix aurait pu être une bonne idée, le jeu nous obligeant de temps en temps à choisir entre deux missions différentes, représentatives du conflit opposant les deux leaders du Sentier d’Or, le traditionnaliste Sabal et la réactionnaire Amita. Mais l’idée tombe à plat dès qu’on réalise que seul le dernier choix compte, faisant abstraction de tous ceux que vous avez faits avant. Répétitive et peu inspirée, la campagne principale l’est jusque dans ses missions, qui nous proposeront majoritairement de nous envoyer dans une zone donnée, qu’il faudra souvent défendre ou détruire, en enchainant d’incessantes vagues d’ennemis à l’I.A fantasque, cohérents collectivement, mais capables de venir se suicider dans les flammes d’un cocktail molotov mal placé, plus obsédés qu’ils sont par votre présence que par leur propre survie, à l’instar de vos alliés dont l’obsession principale semble être de s’improviser en boucliers humains pour vos ennemis dès que vous prenez le contrôle d’une mitrailleuse. Et trop rares sont les missions à trancher avec cette monotonie, en dépit de quelques belles réussites, comme l’infiltration du camp de De Pleur.

Pour le reste, Far Cry 4 recycle tout ce qu’on avait déjà dans Far Cry 3. Prises d’avant-postes, tours radios à escalader, chasse d’animaux rares, etc… Tout est exactement pareil qu’avant, le « 4 » se justifiant tout de même par quelques nouveautés comme les forteresses, sortes d’avant-postes mieux protégés que les autres, l’arrivée du grappin qui promet de beaux moments d’escalade, les sympathiques éléphants regrettablement trop rares pour être utiles ou même les passages à Shangri-La, qui ont le mérite de changer un peu du reste. Mais tout cela reste bien trop timide pour nous éviter ce sentiment de déjà joué, renforcé par une évolution du personnage et un arsenal trop similaire à ceux de l’aventure de Jason Brody.

Mais ce n’est finalement pas là que se situe le plus gros problème de Far Cry 4. Il est certes regrettable que le nouveau FPS d’Ubisoft soit si paresseux, mais le concept trouvé avec l’épisode précédent n’en est pas pour autant devenu soudainement mauvais. A ce stade, vu mon texte assez négatif, on pourrait penser que j’ai détesté le jeu, ce qui n’est pourtant pas le cas du tout. J’ai globalement pris plaisir à le parcourir, parce que les bases installées avec Far Cry 3 sont toujours là et restent efficaces. On se laisse, comme avant, prendre par l’ambiance, l’abondance de choses à faire rend le jeu toujours aussi addictif, les quelques ajouts, bien qu’anecdotiques, sont agréables et l’ensemble est toujours aussi fun. Je ne serai pas aussi dur que certains sur les graphismes, peut-être pas aussi spectaculaires qu’on l’aurait souhaité, et entachés de quelques bugs textures, mais que, sur PS4 tout du moins, j’ai trouvé très agréables. En fait, ils sont un peu à l’image du jeu, à savoir sympathiques, mais plombés çà et là de petites anicroches qui viennent trahir ce manque de finition dont je parlais au début et qui m’ont frustré au plus haut point, me rappelant en permanence à quel point ce Farcry aurait pu être meilleur s’il avait été un peu plus pensé pour les joueurs et peu moins comme un produit. Ça aurait peut-être évité l’indigestion de rencontres aléatoires parasites. Ces incessantes attaques d’avant-postes aléatoires qui suppriment de la carte tous tes objectifs pour nous obliger à accomplir une tâche inutile alors que le temps nous manque. Ces animaux sauvages plus nombreux et plus agressifs (merci la next-gen) qui effraient les leaders du Sentiers d’Or, t’empêchant ainsi de leur parler pour lancer une mission. Oui ! Ces mêmes leaders désireux de prendre la tête de Kyrat, mais incapable de se débarrasser d’un sanglier un peu trop belliqueux.
Et puis il y a ces bugs. Ceux qui ne sont pas bien graves mais qui en disent long, comme cette incapacité du jeu à sauvegarder certaines options de configuration manette, obligeant à les réactiver à chaque partie. Et d’autres, plus pénibles. Comme cet hélicoptère qui s’immobilise dans le ciel, les hélices à l’arrêt mais dont on entend toujours l’activité. On lui tire dessus, ses occupants meurent et s’allongent dans le ciel avant de disparaître. L’hélicoptère, lui est toujours là, immobile, insensible au moindre de vos tirs. Puis il disparaît, tout d’un coup, vous laissant seul, à écouter le son de ses hélices toujours actif, vous faisant ainsi réaliser que le jeu croit que cet ultime adversaire vous séparant de la fin d’une mission est encore présent, et qu’il vous faut donc recommencer.

Et c’est ce genre de détails qui affaiblit Far Cry 4, et qui fait qu'une partie des productions Ubisoft de cette année pourront décevoir, malgré un excellent potentiel. Cet épisode reste plaisant et intéressant, à fortiori pour quelqu’un qui n’aurait pas touché à Far Cry 3, qui y découvrira plus de choses que le vétéran. Mais ce recyclage trop prononcé, et ce manque de finition ternissent un titre qui aurait pu, et aurait dû être grandiose. Et ces défauts ne passeront plus sur un futur Far Cry 5.
Arnaud_Lalanne
6
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le 13 déc. 2014

Critique lue 174 fois

Arnaud Lalanne

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