Far Cry 5
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Far Cry 5

Jeu de Ubisoft Montréal et Ubisoft (2018PC)

Far Cry est une licence qui vient de loin quand même. Du FPS en arène à la balade au fin fond du Montana, depuis le deuxième épisode, la recette semble sur des rails à la trajectoire éculée. Un FPS en monde ouvert aux embranchements scénarisés et aux prises de décisions limitées, auquel on ajoute une couche de missions et d’activités secondaires, compose le sel de la franchise.
Même si le deuxième épisode proposait une écriture brillante, le titre a paru trop limité pour un certain public, et c’est avec Far Cry 3 que le succès a explosé. Une variation dans les approches, une écriture fine et originale, un gameplay à géométrie variable, la recette a fait mouche et l’éditeur/développeur s’est trouvé avec une poule aux œufs d’or dans sa basse-cour.
Les suites se sont enchainées, sans doute trop rapidement, ne proposant qu’un succédané de ce qui avait fait la réussite tant méritée. Malgré une écriture brillante, les aventures dans la montagne ne proposaient rien de neuf, malgré un setting original, les aventures dans la préhistoire ne proposaient que de l’ennui, ici le Montana avait des airs de pamphlet anti repli sur soi, contre Trump et sa clique raciste de complotistes. Sauf que…


Parce qu’Ubi Soft a eu le « courage » exemplaire de ne pas vouloir se couper d’un public refusant la politique dans les jeux, les gamergaters ont dû être ravis de voir qu’on ne mangeait pas de ce pain-là. Exit le propos polémique, on va mettre ça sur le dos des fanatiques religieux, de toute façon ils ne jouent pas aux jeux vidéo ces gens-là. Enfin des chrétiens fanatiques apocalyptiques, hein, parce qu’eux, on est sûrs que ce sont les plus timbrés et qu’ils ne se jetteront pas sur un Far Cry.


Une écriture aussi fine qu’un tronc d’arbre, un propos répété ad-nauséam sans aucune subtilité ressassant le champ lexical du « fanatique religieux d’Hollywood », le tout martelé à qui mieux mieux dès que notre personnage atteint un seuil d’expérience, Far Cry 5 souffre du syndrome de la suite écrite trop tôt, trop vite, souhaitant surfer sur la vague du succès sans prendre en compte ce qui faisait la recette tant recherchée.


Et s’il est clair que cet épisode a été écrit avec les fesses, le gameplay est d’une banalité confondante alliée à une bêtise crasse. Outre les interruptions pénibles après avoir engrangé suffisamment de points d’expérience, l’impression de se retrouver dans une zone de guerre permanente devient ridicule dès lors que l’environnement semble fait pour nous agresser. Une balade sur la route et out le monde nous attaque tous les 50 mètres, une balade à pieds et c’est la faune qui nous assaille sans vergogne, ou les avions qui nous repèrent à 200 mètres et nous canardent sans raison… Bref, une guerre stupide où tout le monde semble soit vous adorer soit vous prendre pour l’antéchrist.


Malgré une application grotesque, souvent ridicule, proche du festival du bug, l’essence conserve la même saveur : les IA passent leur temps à se mettre à couvert, snipent au lance-roquettes, meurent très vite sauf les blindés qui nécessitent un paquet de projectiles, sont immunisés aux fusils à pompe à distance et globalement courent comme des poulets sans tête. Les missions ont été vues et revues depuis 20 ans, le système compétences, de modification des armes et de véhicules ne fait que reprendre ce qui avait été mis en place dans Far Cry 3 et rien ne prendra par surprise l’habitué de la licence. Peut-être la disparition de l’approche furtive qui est, si ce n’est anecdotique, pour le moins inutile est dommageable mais qui semble permettre une relative accessibilité au plus grand nombre, évitant par-là l’exigence de certains passages des épisodes précédents.
Et pis il y a quatre boss aussi… mouais, bref.


Alors écriture aux fraises : check.
Gameplay classique : check.
IA pathétique : check.
Réalisation banale : check.


Ben c’est pas fifou tout ça ! Et même si on n’est pas dans les abysses de Far Cry Primal, on est pas loin d’un AAA qui ne fait rien que répéter bêtement ce qui avait déjà été fait en bien mieux précédemment. Un gros BOF pas bien brillant.


Reste les DLC sympatoches, avec le Vietnam honnête, Mars super bien écrit notamment vers la fin qui reste répétitif mais très agréable et enfin les « zombies au cinéma » un peu lourd dans son écriture mais très fun pour un petit supplément de deux heures.

David_Toubiana
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le 9 nov. 2021

Critique lue 54 fois

David Toubiana

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