Final Fantasy X par diegowar

Final Fantasy X est un jeu qui comme rarement a fait réagir les fans à l'époque. Et c'est en me l'étant refait, là (en 2019), que je me rends compte à quel point il était effectivement différent de ce que la série avait proposé jusqu'à présent.

Je l'avais aussi remarqué à l'époque, mais je n'avais pas autant de recul. Bien que j'étais déjà un fan de la série (et que je me souviens comme si c'était hier combien je l'attendais et l'excitation lorsque mon frère l'avait ramené, de la Fnac il me semble), c'était une période où je découvrais tellement de jeux et de styles de jeux différents (je vais pas vous faire une liste de tous les classiques novateurs qu'il y a eu fin 90s / début 2000s, mais c'est assez fou), que j'étais complètement ouvert sans me poser de question à ce que le jeu allait offrir.

Et c'est donc seulement en me le refaisant, que je peux remarquer combien ce jeu est... peut-être non seulement le FF le plus linéaire de toute la série, mais aussi le RPG le plus linéaire auquel j'ai joué. Et il faut donc bien replacer ça dans le contexte de l'époque (car aujourd'hui, des "jeux narratifs" en ligne droite, il y en a à foison, mais lorsqu'il sort en 2001, je n'ai pas souvenir de beaucoup, et encore moins d'un triple A comme FFX).

Donc forcément, si on compare à des mondes comme celui par exemple de FF9, il est compréhensible que certaines personnes aient été pris au dépourvu, et n'ont pas compris ce changement radical.

Et c'est loin d'être le seul aspect qui a tranché. Les combats par exemple, alors que depuis FF4, on avait adopté l'excellent système ATB, là on a l'apparente régression que de revenir à du tour par tour statique.

Les personnages et l'univers également... Même si la bizarreté a toujours été prépondérante dans la série, là on se retrouve quand même avec un truc qui mélange du sport (blitzball), un monde ultra-religieux limite sectaire, avec un personnage principal qui sait pas ce qu'il fout là, le tout dans une ambiance non pas épique mais au global assez détendue (ceci étant accentué par l'ajout maintenant de vraies voix dans les dialogues).

Je passe sur le reste des différences (jeu maintenant en 3D, nouveau système d'invocation, l'excellent système du sphérier, etc etc)... Là où je veux en venir, c'est que, qu'on accroche ou pas à FFX, au final, ça n'est pas vraiment un jeu qu'il faut comparer à ses prédécesseurs. Si on fait ça, forcément, c'est extrêmement facile de dire que le jeu est en tous points inférieur, car il ne met tout simplement pas l'accent là où était la force des autres.

Par contre, ce que le jeu, lui, fait... Là c'est intéressant. Alors même sur ce point là, tout le monde ne va pas accrocher. Et moi le premier, je suis d'opinion de dire qu'au global, les personnages qu'on nous présente (que ça soit les principaux ou secondaires), y'en a un paquet c'est difficile de sympathiser avec eux. Ils ont tous un caractère un peu spécial, bien à eux, avec leurs défauts. Certains les trouveront même insupportables. Mais d'un autre côté je trouve que ça contribue à donner corps au récit. Wakka a beau m'exaspérer à chaque fois qu'il la ramène avec Yevon, tu sens que les personnages existent et sont attachés à Spira (sinon ils ne m'énerveraient pas).

Grâce à la linéarité du jeu, du nombre de cut-scenes (qui apportent toutes quelque chose vis à vis du scénario principal), ben malgré qu'il n'y ait pas d'open world, et que tu n'évolues que sur les tracés que le jeu met devant tes pieds, t'as quand même l'impression qu'un monde existe, et que tu le traverses. Ce qui est je trouve quelque chose d'en fait extrêmement rare, pour un jeu justement avec un tel format. J'aurais je pense du mal à réfléchir et à vous citer un seul autre jeu ultra-linéaire et où j'ai eu l'impression d'avoir visité un monde presque entier.

Et ceci est en partie grâce à l'excellente bande son, qui donne de la personnalité à tous ces lieux et ces moments. A l'époque de la SNES/PS1 on était peut-être un peu gâtés en terme d'OST exceptionnelles, et donc avec FFX on s'est peut-être dit "c'est très bien mais...". Cependant, après m'être fait des tonnes de jeux sur l'époque PS2/PS3/PS4, et en revenant maintenant sur FFX, je trouve qu'au final ça reste parmi les meilleures OST de ces 15 dernières années. Même des thèmes qui de par leur style me correspondent pas forcément (Hymn of the Fayth) restent après tout ce temps absolument gravés dans les mémoires, et font partie intégrale de "l'identité" de Spira. Chaque lieu semble avoir un passé (voire son propre peuple).

Je dois quand même souligner que comme dans tout jeu narratif, c'est comme très souvent des expériences en demie-teinte, avec des moments chiants (putain les salles de l'épreuve -_-), des discussions qui peuvent parfois parraître banales, etc... Mais tout ceci contribue au voyage que le jeu te propose. Et un voyage serait bien monotone si tout serait génial tout le temps.

J'ai trouvé en y rejouant une nouvelle considération à certains éléments du scénario qui se révèlent dans le dernier tiers du jeu, que je n'avais pas nécessairement appréciés à leur juste valeur lorsque j'avais 13? ans.

Pour moi, ce jeu est loin d'être parfait, il est rempli de choses que je n'aime pas forcément, mais il reste unique, il reste qu'il construit une expérience qui lui est propre, et qui m'a même ému. Et c'est déjà beaucoup plus que de ce que de tonnes d'œuvres peuvent se targuer.

Ce qui est marrant (et un hasard total), c'est que ce FFX vient un peu conclure ma période de revisitation des gros jeux de ma jeunesse. Je me suis refait des jeux comme FF4, FF8, Max Payne, Jak & Daxter, Land of Illusion, Resident Evil 3, Metal Gear Solid, Warcraft II & III (et encore des tas, je vais pas tout citer), et FFX, un jeu qui raconte un pèlerinage, vient lui-même conclure cette période de "pèlerinage" personnel sur ce média.

C'est de plus un jeu qui restera toujours un peu spécial pour moi, car c'est un jeu que j'avais fait découvert à un ami à l'époque, qui n'avait probablement jamais joué à un RPG jusque là, et il avait finit par jouer au jeu encore plus que moi. Il était à plus de 100 heures dessus, il était même venu chez moi me montrer sa sauvegarde, en apportant sa carte mémoire... Et ce con était tellement habitué à sauvegarder en bourrinant le bouton de confirmation pour aller plus vite, qu'il avait effacé ma sauvegarde (qui se trouvait dans le port n°1), mais bon c'était pas très grave, j'en avais plus ou moins fini avec le jeu à ce moment là. Bref, là où je voulais en venir, c'est que malheureusement ce pote est ensuite soudainement décédé quelques temps après. Et donc en rejouant au jeu, ça m'a également invoqué les souvenirs de cet ami. En tout cas ceux qui ont fini FFX et qui ont le scénario frais dans leur tête comprendront pourquoi cette anecdote est d'autant plus pertinente qu'elle concerne justement ce jeu-ci.

J'vous emmerde pas trop avec ma vie ? Ça va ^^ ? J'conclus donc simplement par le fait qu'au delà de si l'on accroche ou pas à ce que ce Final Fantasy X propose en terme de contenu (alors que la PS2 avait à peine 1 an), il reste qu'il marque en mon opinion d'une pierre angulaire l'évolution des RPG/jeux à histoire, et que malgré tous ses défauts, il était en avance sur son temps, et il est improbable qu'on voie un jour un autre jeu qui lui ressemble.