Firewatch est un jeu d’aventure/narratif sorti le 9 février 2016 sur PC, Mac, Linux et PS4. Il a été développé par Campo Santo et édité par Panic. Le studio de création san franciscain présente ici son premier jeu, annoncé pour la première fois en 2014. L’équipe est menée par deux hommes aux curriculums vitæ bien remplis : Jake Rodkin et Sean Vanaman. Les compères ont déjà largement contribués à la création de jeux dont la réputation n’est plus à faire tel que Tales of Monkey Island ou The Walking Dead. Autant dire que l’attente autour du projet était grande, mais pour sûr, cela en valait la peine.
L’été indien
L’histoire nous emmène en 1989. Vous incarnez Henry, un homme de 39 ans qui tourne le dos à une vie dissolue pour s’engager en tant que garde forestier dans l’état reculé du Wyoming. Depuis le sommet de votre tour de garde, vous avez pour devoir de surveiller les départs de feux, fréquents durant cet été particulièrement sec. Votre chef est une femme nommée Delilah. Elle occupe une autre tour à quelques centaines de mètres de la vôtre mais vous ne communiquez qu’au travers d’un poste de radio portable que vous gardez toujours sur vous. Elle est votre unique contact humain, et vous devenez très vite complice. Cependant, d’étranges incidents surviennent rapidement : des câbles de communication sectionnés, des zones restreintes d’accès… Vous comprenez très vite que quelque chose d’autre qu’un feu de forêt se profile à l’horizon.
Une histoire à raconter
Firewatch est l’un de de ces jeux d’aventure que l’on savoure pour leur narration et moins pour leur gameplay. Ici, les interactions sont quasi-limitées à discuter avec Delilah. Que ce soit pour rapporter des empreintes d’animaux ou apprendre à se connaître, tout est prétexte à la conversation. Cela ne sera pas pour déplaire au joueur, qui pourra apprécier le voice acting de ceux qui prêtent leurs voix aux protagonistes ainsi que la justesse des dialogues. Ces derniers, tantôt comiques tantôt dramatiques, remplissent parfaitement leurs missions : immerger le joueur au cœur de l’action, et lui transmettre les sentiments de nos deux compères. Ainsi, on se retrouve avec un duo très bien développé et étonnamment humain qui surprend à multiple reprises.
Un plaisir sonore et visuel
Si le titre de Campo Santo excelle dans la narration, ses autres aspects ne sont pas en reste. Tout d’abord, il y a cette direction artistique qui vous décrochera très probablement la mâchoire au bout de quelques minutes seulement. Les lumières et les textures valorisent les sublimes couleurs qui habillent l’environnement. Bien qu’un peu inégaux, les décors sont variés et, pour la plupart, magnifiques. D’ailleurs, les développeurs ne s’y trompent pas et donnent rapidement un appareil photo jetable au joueur, qui pourra retrouver ses photos sous formes de screenshots haute qualité à la fin du jeu. Une fonctionnalité mineure, mais appréciable. On regrette seulement le peu de liberté de mouvement accordé dans ces somptueux paysages dont les sentiers battus font offices de passages obligatoires.
Le tout est admirablement accompagné par une bande-son subtile, non pas inoubliable, mais qui sait se faire oublier afin de mieux revenir au moment opportun. Un véritable cas d’école dans la matière.
Rien n’est parfait
Arrivé à ce stade, on serait vite tenter de se dire que Firewatch est une perle, cependant le soft n’est pas exempt de tout défaut. Le jeu possède une rejouabilité quasi-nulle, handicapé par des choix illusoires qui n’auront pas ou peu d’influence sur le fil de l’histoire. Quelques allers-retours risqueront également d’agacer les plus impatients. De surcroît, Firewatch se termine en une après-midi. La durée de vie du jeu peut rester en travers de la gorge, surtout pour nous pauvres européens, qui devons débourser la coquette somme de 20€ contre 18$ (env 16€) outre-Atlantique. Il est aussi possible de croiser quelques bugs majeurs et des problèmes d’optimisation avec le titre de Santo Campo, mais le studio semble corriger très vite ses erreurs.
La manière dont se termine le jeu fut également sujet à débat au sein de la communauté de joueurs. Campo Santo fut accusé d’avoir bâclé la fin, que beaucoup de joueurs considèrent comme peu inspirée.
Léger spoil sur la fin
Pour ma part, elle fut un élément majeur dans mon adhésion presque totale au titre. Non, il n’y a pas d’énorme twist ni de mise en scène spectaculaire. Ce réalisme m’a touché et m’a permis de reconsidérer un brin comment un scénario peut-être développé dans le domaine du jeu vidéo.
Parmi le nombre croissant de jeux narratifs que le paysage vidéoludique accueille chaque année, Firewatch est un véritable vent de fraîcheur qui ne tombe pas dans le piège de la narration sur-dramatisée. Avec ses dialogues savoureux et sa sublime direction artistique, le jeu vidéo accueille une œuvre presque sans faute. Peut-être que ce vent n’attisera pas un feu de forêt, mais il créera probablement une flamme au creux de votre cœur.