Firewatch
7.2
Firewatch

Jeu de Campo Santo et Panic Inc. (2016PC)

Sortir ou ne pas sortir des sentiers battus ?

Comme d'habitude quand j'écris une critique de jeu, je vais vous dire qu'il est bien et qu'il faut le prendre dans l'introduction, et je vais passer tout le reste de l'article à pointer les défauts pour expliquer comment il aurait pu être bien mieux. Bon j'exagère, mais dans le fond, c'est l'idée est là.


Firewatch est visuellement joli. Sa palette de couleur et ses graphismes cartoon sont admirables pour un jeu d'exploration, ça donne vraiment envie d'aller se balader, de sortir des sentiers, et d'arriver au prochain paysage. Le "cycle" jour-nuit a un bon rendu, mais manque de réalisme, on est parfois incapable de dire si on est au milieu de l'après midi, le matin ou le soir. De toute façon le jeu est trop scripté pour vraiment parler de cycle. Enfin, qualité que j'apprécie dans un jeu narratif où nous sommes en quête d'indices, tous les props qui traînent (livres, mugs, notes) sont en HD. Il suffit de les prendre ou de se pencher dessus pour lire ce qu'y est écrit. C'est gadget pour les props sans intérêt, mais pour les indices et les photos, c'est immersif.




Du coté des oreilles, il y a le meilleur et le pire. Le doublage est indéniablement une réussite et heureusement car les dialogues sont le centre du jeu. La musique est vaguement bien, mais ne casse pas trois pattes à un canard. Coté bruitages, c'est une franche déception. Tous ceux qui sont déjà allé faire des randonnées dans la nature le savent : la forêt c'est calme, mais c'est bruyant ! Entre le vent, les animaux, le feu, les ruisseaux, une balade dans les bois mets l'ouïe en alerte, et c'est un vrai manquement du jeu. A l'exception de quelques endroits particuliers, la forêt est muette, morte. Pire encore, les pas et les interactions des personnages sont bien trop silencieux, ça nuit à l'immersion quand on sait qu'en plein été, un marcheur ou un cerf sur un sol sec ferait un boucan phénoménal. Pour un jeu d'exploration en pleine brousse, c'est vraiment une déception.




Venons en au gameplay. En 2016, on sait à quoi s'attendre quand on va jouer à un jeu narratif : on va marcher. Certains trouvent ça chiant pour un jeu vidéo, mais d'autres comme moi cherchent ça. J'ai vraiment voulu jouer à Firewatch parce que je pensais que ça serait un simulateur de randonnée où il faudrait que je trouve mon chemin dans la forêt, avec une intrigue intéressante et de bons dialogues en bonus. J'avoue, je fais partie de ceux qui prennent plaisir à s'orienter sur des grandes cartes dans des jeux comme Dayz (Arma 2 et 3), et c'est ce que Firewatch semblait vendre.


Mais non, comme l'indique le scénario et le nom, Firewatch place son action dans une tour d'observation. Pendant les quelques heures du jeu, on ne s'éloignera jamais de plus de 700 mètres (environ 5 minutes de marche) de cette tour, malgré les fausses informations sur les panneaux et les plans qui donnent une échelle trompeuse. Ça n'aurait pas posé problème si la carte était ouverte, mais ce n'est pas le cas, elle consiste en une série de couloirs, dont certains sont des sens uniques, et tous ces chemins mènent à la tour. Le vice est poussé loin, car le jeu nous oblige souvent à faire les mêmes chemins alors que ceux ci était déjà peu intéressants au premier passage. Car si le jeu est joli, et que certains paysages valent le coup, les endroits d’intérêt se comptent sur les doigts d'une main, et la majorité de la ballade sera fade. Il faut ajouter à ça la rigidité des déplacement et les barrières invisibles. Il est par exemple impossible de se laisser tomber d'un rocher, il faut passer par le coté scripté pour avoir la petite animation qui fait descendre le personnage. C'est pénible.


C'est d'autant plus pénible que l'aventure est elle-même linéaire. Il n'y a pas d'exploration dans Firewatch. Nous seulement le joueur est borné dans les sentiers par la carte, mais le personnage est borné dans l'accomplissement de sa quête. Dès le début, le jeu donne l'illusion : quelques feux d'artifice explosent dans le ciel par dessus les arbres, il va falloir en trouver la source et corriger les malandrins ! L’excitation me vient, je sors ma carte et ma boussole, prêt à noter les points d’intérêts pour m'orienter et atteindre la source. Malheureusement mon élan s'arrête lorsque la voix dans la radio m'indique qu'il faut aller à l'Est, suivre tel sentier, et que les feux sont probablement tiré depuis tel lac. En regardant la carte, on constate qu'à l'Est de la tour, il n'y a rien d'autre que ce lac, et qu'il n'y a qu'un seul sentier. Il n'y a pas d'exploration, on suit le sentier, les dialogues se déclenchent, on résout la quête et on rentre par un autre chemin, quand ce n'est tout simplement pas un flash-forward qui nous ramène au bercail. Symptomatique : la plupart des chemins sont calqués sur des axes Nord-Sud ou Est-Ouest, ce qui fait que quand vous suivez un sentier et que vous sortez la boussole, elle indiquera toujours les grandes directions, le jeu ne veux pas que vous vous perdiez dans les couloirs.


TL;PL : Carte couloir minuscule, aventure linéaire sans liberté, balade scriptée rigide, peu de lieux intéressants, peu d'interaction, pas d'exploration.




Heureusement, il y a l'histoire. C'est bien la seule chose qui vous tiens en haleine une fois que vous avez compris que le gameplay du jeu ne vous apportera rien. Rien à redire là dessus, c'est bien écrit, c'est inquiétant, avec des passages farfelus et une fin prévisible pour ceux qui suivent. Les dialogues sont le vrai point positif du jeu, ils sont fluides, bien écrits et ils compensent l'absence de gameplay de certains phases. On peut faire des choix sur les réponses, mais rien de significatif. Il n'y a malheureusement pas de surprise dans le scénario, il nous mets face à une intrigue sans jamais donner l'initiative, on se contente de suivre le sentier.


La tour et certains points d’intérêt sont remplis d'objets et on peut fouiner (j'adore ça), et trouver des indices qu'on peut garder, prendre en photo et rapporter à sa supérieur via la radio. C'est un aspect amusant du jeu, mais c'est trop rare et peu significatif sur l'avancement de l'intrigue.




En conclusion, le jeu n'est pas mauvais, mais il n'est pas satisfaisant. Il est beaucoup trop linéaire par rapport au potentiel d'exploration qu'il vendait. Ce n'est pas le premier jeu narratif qui pêche sérieusement sur sa partie exploration, mais c'est un des rares qui me déçoit. Ça reste un jeu original, mais ni son originalité, ni l'aspect production indépendante ne lui donnent de crédit par rapport au manque de gameplay et d'interaction. Et pourtant j'en ai fait des "simulateur de marche" !


Firewatch déçoit beaucoup à cause du potentiel qu'il rate. Sa trame tient la route, et elle aurait tenu la route sur une carte plus grande, plus ouverte, avec plus de paysages, une faune, et avec des fausses pistes. Ce qui est dommage dans Firewatch, c'est qu'on a pas l'occasion de faire notre travail : détecter et surveiller les incendies.


à lire sur JambonBurst

zacbru
6
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le 15 févr. 2016

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zacbru

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