Si il y a bien une série qu'on imaginait jamais avoir à se renouveler , c'est bien God of War. Je veux dire , le principe de base semblait suffisant à alimenter des heures pépères d'éviscérations divines jouissives , à grand coup d'arrachement de tête de dieu solaire et autre tabassage à mort de certains vieillards s'avérant être à la fois votre géniteur et le taulier de l'Olympe. Oui , les God of War étaient bien partis pour produire à la chaîne des jeux de qualités qui exploreraient en profondeur une atmosphère olympienne poisseuse , presque "réaliste" , de ce que seraient les mythes et les cultes oubliés de notre bon vieux continent. Sa mécanique de jeu était logique , alliant fabuleusement les passages de massacre tendus de toute l’arrière garde des dieux eux même et des événements scriptés de toute beauté qui en même temps de vous permettre de souffler un instant vous offrez la possibilité - trop rare à mon gout dans les grands jeux - d'en prendre plein la gueule. God of War 3 , l'opus le plus acclamé de la saga - encore aujourd'hui même si ça ne risque pas de durer - possédait des passages d'anthologies , tel que le combat avec Chronos , sans doute le boss le plus connu de l'histoire des boss tant son déroulé envoyait au placard tout le gigantisme des Shadow of the Colossus.
Seulement , voilà...Avec la fin du 3 eme opus - le seul auquel j'avais jusqu'alors joué - , et l'aspect semble t-il aride - bien que toujours aussi jouissif à en voir les gameplays et autres films du jeu disponible sur des chaines tel que Game Movie Land - de son préquel Ascension , les gars de chez Santa Monica ont du arriver face à un constat angoissant : bah...qu'est-ce qu'il lui reste à buter au poto Kratos ? Faut dire que tout le monde y était passé sur et autour du mont Olympe , et ce plus ou moins directement. Il était donc temps pour le fantôme de Sparte de changer d'air , et d'aller taquiner d'autres dieux , si possible avec suffisamment d’intérêt pour conférer aux joueurs de quoi se sustenter. Le nord vigoureux , qui connait un regain d’intérêt dans la culture populaire depuis Skyrim , semblait donc être un choix tout trouvé. Mais à ce choix , couillu il faut le reconnaître , de propulser un dieu de la guerre bouffeur de moussaka - parce que Kratos est une divinité qui existe bel et bien dans la mythologie grecque - chez les buveurs d'hydromel , un autre se lia à l'esprit des développeurs : celui de...freiner un peu ce bœuf impitoyable qu'est le maudit aux tatouages rouges. Parce que à ce rythme là , en moins de vingt ans , le frangin aurait trucidé tout le panthéon Nordique , Égyptien , Celtique , Japonais , Aztèque , et les trois grandes religions monothéistes en plus d'avoir foutu le boxon chez les Grecs , donc - et il faut quand même beaucoup de patience et aimer les boyaux embaumés de nectar pour en arriver là.
Du coup , si ce n'est tout , du moins une grosse partie de la licence était donc à revoir pour les développeurs Californiens. Il leur fallut à peu près cinq ans pour accoucher de la suite des aventures du Spartiate sanguinaire...Et le premier constat qui saute aux yeux des le premier quart d'heure de jeu c'est que "sanguinaire" , notre pote Kratos ne l'est plus (beaucoup).
Tout a changé , et en même temps on a l'impression que tout est resté pareil. A sa place , en quelque sorte.
Aujourd'hui est un triste jour...l'exilé barbu et vieillissant qu'on nommait autrefois Kratos vient à peine de perdre sa femme dans des circonstances mystérieuses. Lui qui semble être à présent bûcheron et chasseur vit reculé dans une cabane en compagnie de son jeune mais intrépide fils Atreus avec lequel il se retrouve donc seul à la mort de son épouse. Celle ci n'avait alors qu'un souhait : que les deux hommes de sa vie escaladent le plus grand pic des neufs mondes afin qu'ils y jettent ses cendres. Seulement , alors qu'ils s’apprêtent à se mettre en route , un étranger tatoué se présente à leurs cabanes. Celui ci se met alors à dérouiller Kratos avec aux poings une force si extravagante qu'elle ne peut être celle de n'importe quel mortel. Qui est il ? Impossible pour un métèque tel que Kratos d'en avoir la moindre idée. Seulement , cette bagarre va entraîner dans son sillage le réveil de la facette absolument divine que l'ami refréner depuis pas mal de temps. Le problème , c'est que son fils n'a absolument aucune idée de qui est son père , et de ce qu'il a fait à son grand père , et Kratos est bien parti pour ne jamais lui révéler...
Kratos doudou ? Hola non ! Loin de là ! Kratos dur. Kratos solennelle. Mais Kratos touchant , ça , on le constate facilement des la première heure de jeux. Les emmerdes vont aller en s’aggravant pour le duo père-fils , et cet impression va s'amplifier. Vous l'aurez donc compris , ce God of War made 2018 est un jeu qui a bûché sa partie caractérisation à mooooort , au point de transfigurer son personnage principal qui semble - enfin ! - avoir appris de (certaines) de ses erreurs passées à défourailler du dieu par pack de douze. Et ces leçons de vie , en tant que veuf emmuré dans son chagrin en un monde qu'il ne connait et ne veut pas connaitre , il semble à même de les léguer à un fils qu'il a trop longtemps repoussé. Ce jeu est donc , à la manière du gigantesque , du génial , de l'incritiquable The Last of Us un jeu initiatique qui appui de tout son poids sur cette ligne de démarcation que l’environnement vidéo ludique a entrepris de dépasser depuis l’avènement apporté par Naughty Dog. Celui de la maturité scénaristique.
Road trip à travers les royaumes de l'Arbre Monde , God of War nous introduit à un univers complexe : celui des eddas nordiques. Ce jeu , c'est une biffle à l’ego. Vous qui pensiez connaitre sur le bout des doigts la mythologie viking comme la mythologie grecque , abandonnez tout espoir ! Ce n'est tout simplement pas votre culture , bande de latins imbibés de romantisme.Le parti pris de Santa Monica est d'adapter les mythes du nord depuis le prisme déroutant des écrits , en les prenants au pied de la lettre , sans arrangement moderne. Nous sommes donc encore plus proche de Kratos , aussi perdus que lui en un univers avec ses propres règles , ses langues , ses codes et ses prophéties absurdes. Et puis il y a tellement de people dans ces mythes que Santa Monica semble avoir décidé d'envoyer dans ce nouveau jeu que le menu fretin , histoire de tâter le terrain pour balancer la cavalerie dans la ou les futurs suites.
Si Kratos a changé , si son environnement a changé , la mécanique de jeu a elle aussi changé. On passe de l'essoreuse aux lames de l'exil à la mathématique de la hache du Léviathan. Ce n'est en aucun cas déroutant , et c'est même bienvenu. Peut-être que l'aspect rpg , comme dans soixante dix pourcent des jeux qui ne s'appellent pas Fallout , The Elder Scrolls , The Witcher ou Mass Effect n'est pas encore tout à fait concluant mais chaque nouveau jeu , car il y en aura d'autres j'en suis sur - à l'inverse de Mass Effect donc - apportera son lot d'amélioration en la matière...
Une grosse rénovation pour une licence qui le méritait amplement , donc. C'est chouette , vraiment , que de véritables scénaristes apporte enfin à cette industrie des voies intéressantes à suivre.

Le-debardeur-ivre
9

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le 3 mai 2018

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