Pour commencer, j’ai décidé de choisir quelques exemples de jeux vidéo récents et d’en expliquer grossièrement, très grossièrement même, la proposition. Premier exemple, Bloodborne vous propose d’apprendre à maîtriser un système de jeu impitoyable et à découvrir par vous-même ses tenants et ses aboutissants pour véritablement vous mettre dans la peau du personnage archétypal de chercheur de Lovecraft. Nier : Automata propose une aventure à la croisée constante entre les genres, réfléchissant à chaque instant l’interface pour proposer une synthèse de ce qu’est le jeu vidéo et l’intelligence artificielle aujourd’hui. Céleste reprend la nouvelle forme de jeux de plates-formes popularisée par Edmund McMillen avec Super Meat Boy, afin de proposer un discours sur le combat contre l’angoisse et la dépression, métaphorisé sous la forme d’une montagne à escalader.


Enfin, nous avons God of War, qui, du haut de ses graphismes mirobolants, de ses combats à foison, de son idée d’escorte, de son arbre de talent, de sa collecte sans fin, de sa gestion d’équipement, de ses phases de grimpette, de son open world, nous propose… Que nous propose-t-il déjà ? Eh bien… Je ne sais plus… Voilà qui est problématique, mais intéressant parce que je sais que je ne sais plus mais heureusement pour nous je sais pourquoi je ne sais plus, et voilà en réalité le sujet de cette critique !


Vous avez déjà pu le remarquer, God of War fait tout, vraiment tout, insérez le Blu-ray dans une machine à expresso et vous pourrez même avoir du café ! Toutefois soyez prudents ! Bien qu’ayant une belle couleur, un arome brute et puissant, l’arrière-goût est amer, voir même écœurant au bout d’un moment, au point de ne pas pouvoir finir de boire le contenu de votre tasse. Forcément, au bout d’un énième troll, d’un énième lancer de hache pour résoudre une énigme et une énième phase de grimpette, le vertige du début s’effrite et laisse place à un désenchantement rendant les ficelles visibles. Les ficelles ? Que dis-je ? Les énormes cordes plutôt ! Nous nous y attendions, mais il est bon de le relever, God of War a la subtilité de votre oncle qui vous demande de lui tirer le petit doigt à table. God of War essaye, mais vraiment très fort, de cacher ses codes au joueur, mais ceux-ci sont si grossièrement incrustés qu’à force de répétition, ils sautent infailliblement aux yeux du joueur, ne laissant place qu’à un produit à l’artificialité saillante, trop gros pour son propre bien.


Et au final, tout ce qu’il reste lorsque le générique a fini de dérouler, c’est un joueur pantois, amusé peut-être, mais déconcerté, se demandant bien ce que le jeu a voulu lui proposer. En mettant tous les outils du jeu vidéo contemporain à disposition du joueur, on finit par ne plus rien proposer du tout, si ce n’est une tentative de plus de vouloir plaire à tout le monde. Malgré leurs évidentes qualités, il me semble aujourd’hui nécessaire de porter un œil critique plus dur vis-à-vis de ces blockbusters monstrueux qui en cherchant à tout faire, ne font finalement les choses qu’à moitié. Nous devons réclamer plus, et par là, j’entends moins. Nous devons réclamer moins de contenu grandiloquent pour avoir une proposition plus cohérente. Je veux être étonné devant un jeu vidéo, bousculé dans mes habitudes trop bien ancrées ! Nous devons réclamer des jeux qui ont une volonté de s’exprimer, car tout ce que God of War nous propose, au final, c’est de nous parler de la pluie et du beau temps…

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le 11 janv. 2020

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