(Ce test a été publié pour la première fois à la sortie du jeu en 2007 sur Tom's Games.fr ; cette version est remaniée et corrigée)

God of War s'était infiltré presque en catimini sur PS2, alors qu'il était développé par un studio interne de Sony America. Deux ans après le succès foudroyant de l'original, l'équipe de Santa Monica remet le couvert avec une suite particulièrement attendue. Kratos se montrera-t-il à la hauteur cette fois encore ?

A Kratos, Kratos et demi ?

Nous retrouvons Kratos, le fantôme de Sparte, fraîchement installé sur son trône de dieu de la guerre. Notre héros a d'ailleurs vite compris le job : qu'il y ait des batailles, du sang et des morts. Ses fidèles se battent en son nom, quoi qu'il en coûte. Mais Athéna, celle qui l'a aidé auparavant, ne voit pas cela d'un très bon œil. Le guerrier passe outre ses avertissements et n'hésite pas à descendre sur terre pour détruire des bâtiments entiers. C'est là que l'aventure commence, avec un Kratos auquel on a retiré ses pouvoirs et devant faire face à un colosse imposant, pour l'une des meilleures séquences d'ouverture jamais créées. Zeus nous vient en aide en nous prêtant son épée divine, en échange du peu de pouvoir qu'il reste au spartiate. Mais tout cela était uniquement une ruse pour affaiblir notre héros et le tuer plus facilement. Kratos ne devra son salut qu'aux Titans et à Gaïa en particulier, qui le ressuscite en échange de son aide pour se débarrasser du dieu des dieux. Commence alors une quête pour trouver les sœurs du destin, remonter le temps et aller faire sa fête à Zeus. Oui, le scénario n'est clairement pas le point fort de God of War, mais il reste efficace, surtout qu'il sert plus de prétexte pour charcler du monstre qu'autre chose. Reste que le background de la mythologie grecque est exploité encore une fois à merveille, pour notre plus grand plaisir, n'en déplaise aux puristes qui crieront au scandale.

Si le joueur peut avoir l'impression que God of War 2 est une banale suite « plus de tout », ce sentiment s'efface bien vite devant l'efficacité du titre. Reprenant le concept de l'immense donjon faisant à lui tout seul la plus grande partie du jeu, ce n'est pourtant pas qu'un simple God of War 1.5 auquel on a droit ici. Ce nouvel opus gomme pratiquement tous les défauts que l'on pouvait reprocher à l'original. La durée de vie est en hausse, surtout si vous choisissez de le faire dans le mode de difficulté Titan, assez relevé. Comptez entre 10 et 15 heures voire plus selon le mode choisi. Un autre regret du premier épisode était le faible nombre de boss présents. Réjouissez-vous, cette suite en propose à foison, réussissant l'exploit de les rendre tous intéressants et prenants à combattre. Ajoutez à cela une pléiade de nouveaux mouvements comme se suspendre au plafond, utiliser votre arme comme grappin, ainsi que de nouveaux combos dévastateurs. Vous aurez également le plaisir de manier différentes armes secondaires comme un marteau ou une lance, particulièrement efficaces. Les pouvoirs magiques ne sont pas en reste. Hormis la tête de Médusa toujours présente, les nouveaux sorts permettent d'immobiliser vos ennemis, de renvoyer leurs attaques ou d'utiliser un arc, certainement l'ajout le plus utile dans votre arsenal pour gonfler vos combos. Vient enfin la possibilité de voler grâce aux ailes d'Icare, ainsi que celle de figer le temps pour une courte période, feature directement empruntée à Prince of Persia. God of War ne s'est jamais caché de reprendre les éléments de ses concurrents directs, mais l'intégration étant parfaite, on ne s'en plaindra pas outre mesure.

Kratos, machine de guerre

Tous ces changements sont bienvenus, mais il ne faut pas oublier pourquoi on est là : découper, de toutes les manières possibles et imaginables, les méchants. De ce point de vue là, on n'est pas déçus. Les ennemis sont plus nombreux et variés que dans le premier opus, les mises à mort sont particulièrement inventives et jouissives. Le sentiment de puissance est assez incroyable, surtout lorsqu'on enchaîne des mouvements spectaculaires avec une facilité déconcertante. Le mode furie renforce encore cette impression, rendant Kratos plus puissant et quasi invulnérable pendant un temps limité, débloquant au passage des mouvements inédits. Quant aux boss, ils sont donc plus nombreux, variés et intéressants à combattre. Du colosse de Rhodes à la Gorgone en passant par des ennemis humains comme Thésée ou Persée, le rythme ne baisse pas tout au long de l'aventure.

Aventure qui d'ailleurs ne se résume pas à briser des nuques ou trancher des membres. Comme ses modèles, God of War mélange les genres avec plus ou moins de bonheur. Si le combat se taille la part du lion, on devra également faire face à des phases de plate-forme pure, mais qui restent assez simples, ainsi que des énigmes à résoudre pour progresser, plus nombreuses que dans l'original, mais également bien plus tordues et inventives. Les phases à dos de Pégase rajoutent encore un peu de diversité. Le jeu mange un peu à tous les râteliers, mais globalement le mélange est plutôt efficace. Le level design n'est d'ailleurs pas étranger à cette réussite, il est encore une fois exceptionnel. Encore heureux que les points de sauvegarde soient idéalement placés, évitant ainsi la frustration de devoir se retaper des séquences entières. Seules certaines séquences de QTE se révèlent passablement énervantes lorsqu'elles conduisent au game over.

Certaines choses sont éternelles

Si le level design reste au niveau (admirez ce magnifique jeu de mots, c'est cadeau), cette suite n'est techniquement pas en reste. Disons-le clairement : God of War II est certainement le plus beau jeu de la PS2. Les décors sont somptueux, les effets de lumière magnifiques, la modélisation des décors exemplaire. Certaines séquences redéfinissent le sens du mot grandiose. Alternant intérieurs, naturels ou bâtiments, avec des extérieurs à la grandeur démesurée, appuyés par des mouvements de caméra qui feraient pâlir un péplum, tout est fait pour s'en prendre plein les yeux. La variété est de mise : vous visiterez des grottes, une montagne enneigée, des temples, un marais, une jungle luxuriante... On n'a jamais l'impression d'explorer deux fois le même endroit. Seuls un peu d'aliasing et quelques problèmes de synchro verticale viennent entacher ce magnifique tableau. Mais vu à quel point le soft repousse la PS2 dans ses derniers retranchements, ils sont facilement pardonnés.

Les animations sont également l'un des points forts du titre, particulièrement pour les ennemis humains et les boss. Il faut voir Thésée enchaîner les coups, c'est assez bluffant. Pour ce qui est des boss, le meilleur exemple est sans doute la Gorgonne, dont la queue et les mouvements en général sont incroyables. Le frame-rate est d'ailleurs rarement pris en défaut. Tout juste regrettera-t-on l'absence, encore une fois, d'un vrai mode 60 Hz et aussi du mode 480p dans la version PAL. Néanmoins, God of War 2 est solide au niveau de l'animation et c'est tant mieux vu l'intensité des combats.

Intenses, les musiques le sont également. La bande originale du premier était excellente, sa suite l'est tout autant. Que ce soient les thèmes épiques et violents durant les combats ou les musiques d'ambiance durant l'exploration et la résolution d'énigmes, la bande-son colle parfaitement avec ce qui se passe à l'écran. Les bruitages eux n'ont pas vraiment évolué, mais ils restent efficaces. Quant aux voix, elles restent excellentes en version originale et tout à fait correctes en français, malgré leur côté parfois caricatural.

On l'attendait de pied ferme et on ne le regrette pas. God of War 2 tient toutes ses promesses. Incroyablement beau pour de la PS2, améliorant de bien belle manière tout ce qui pouvait l'être, plus long et plus riche que son grand frère, ce nouvel opus s'impose comme un indispensable sur le monolithe de Sony.
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le 21 mars 2011

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