Kratos c'est un peu le croisement improbable de Yul Brynner et de Conan. Un chauve "plus vénère : tu meurs" qui passe son temps à trancher des têtes entre deux séances de tortures.
"Le tiercé, c'est mon dada" nous confesse volontiers Omar Sharif et bien Kratos, son dada à lui, c'est la violence, sous toutes ses formes. Ainsi notre sémillant spartiate se divertit en arrachant des yeux, en tranchant des bras ou des jambes, en déchirant des têtes ou en brûlant vif tout ce qui passe dans son champs de vision : Hommes, femmes, enfants, animaux, monstres, dieux, bipèdes, quadrupèdes, autant-de-pède-que-tu-veux, titans, fantômes, etc... tout y passe sans exceptions et sans discernement.

La série avait déjà sa petite réputation dans le domaine de la violence mais les limites on était une fois de plus repoussées.
Difficile en effet d'occulter l'escalade opérée ici tant tout le titre est construit autour de cet argument.
L'histoire tout d'abord qui est une vengeance dont le but est clair et annoncé sans détour: détruire l'Olympe et massacrer ses habitants.
La réalisation ensuite, le jeu est simplement superbe, entre les peaux au grain impeccable, la quantité de détails affichés, la fluidité de tous les instants et les environnement gigantesque on peut dire que l'oeil est plus flatté. Il n'y a pas que les centaures qui mettent leurs tripes à l'air, il y aussi la PS3 et ça fait plaisir.
Forcément ce soin se retrouve aussi dans les exactions de Kratos où les os, les viscères et autres tendons sont modélisés et bien présents à l'écran.
La mise en scène enfin puisque la moindre action violente est accentuée par des angles des caméra privilégiant les détails les plus sanglants. Les développeurs font preuve d'une débauche d'idée pour offrir des séquences vraiment choquantes.
Impossible de ne pas être interloqué lors de cette scène de crevage d'yeux vu à travers... les yeux de la victime.
Difficile de ne pas réagir lorsque kratos collecte la tête d'Hélios et que l'on voit les cordes vocales se détacher une à une.
Lors d'une mise à mort d'un personnage l'écran se recouvre progressivement et totalement du sang de la victime alors que l'on martèle le bouton sans relâche avant de se rendre compte que la séquence ne s'arrêtera que lorsque le joueur le décide et non en fonction d'un script. On passe ainsi plusieurs secondes à s'acharner sur la victime, sans la voir puisque l'écran est brouillé par le sang, avant de réaliser que ça ne sert plus à rien, on a définitivement basculer dans la folie de Kratos.

Il est cependant dommage que l'imagination ne se soit concentré que sur les différentes façon de tuer quelqu'un, les trésors d'imagination déployés sur cet aspect du jeu ne se reflètent pas à tous les niveaux.
Le gameplay, s'il est toujours aussi immédiat et efficace, semble inchangé par rapport aux opus précédents, on y retrouve le même système de caméra, d'esquive et de combos. Les affrontements son spectaculaires c'est indéniable mais on se rend vite compte que bourriner le même combo en permanence est largement suffisant pour traverser 80% des situations de jeu.
Une sensation de répétitivité accentuée par des armes trop semblables, en dehors des impressionnantes Cestes de Nemée (imaginez la tête de tigre de Félindra de Fort Boyard -sauf que c'est des lions- montée en gant métalliques de 200KG) les autres armes ne sont que des dérivés des Lames de L'Exil mais en moins bien.
Évidemment dans les difficultés plus élevées le jeu oblige à mieux explorer les capacités de Kratos mais il est bien dommage que ceci soit le fait d'une barre de vie en mousse plutôt que mécanismes de jeu fignolés.
On notera au passage que le gameplay lamentable lors des phases à l'envers n'a toujours pas été corrigé et que les QTE sur le bord de l'écran on a vu mieux question lisibilité... surtout quand tu joues sur un grand écran.

Si l'ouverture du titre est grandiose et offre un souffle épique d'une efficacité rarement vue il n'en va pas de même de tous les passages du jeu et certains moments s'enfoncent dans le sordide pur où seul l'étalage de tripes et de sang compte. En effet si la frontière de la représentation de la violence à été franchie celle de la gratuité l'est aussi. Kratos est un psychopathe, il tue innocents comme coupables (le sont ils plus que lui ?) mais le jeu n'offre pas le recul souhaitable sur ce genre de chose et traite avec complaisance tout acte de violence, le plus injustifiable soit il. On est en droit de se demander si parfois ils n'en font pas trop.

Le dernier tiers du jeu est particulièrement poussif et peu inspiré, le jeu s'alourdit inutilement et on recycle les décors ou phase de jeu pour allonger la sauce. Sans tomber dans les travers du second épisode (exemple typique du jeu trop long pour ce qu'il a à offrir vraiment) cette gestion cahotique du rythme nuit grandement à la motivation sur la fin du parcours.
La finesse n'est pas l'adjectif qui vient immédiatement en tête quand on pense à God of War, et l'écriture du titre ne fait pas exception. Plus que des sabots ce sont des chaussures à grelots équipées de semelles de plomb qu'utilisent les scénaristes. Non content de ne pas faire évoluer d'un pouce les enjeux de l'histoire au court du déroulement ils se permettent de passer des plombes à expliquer des points pourtant très simple et se perdent dans des allégories lourdes. Le plus parfait exemple de ceci est le fameux contenu de la boîte de Pandore traité comme le plus gros secret de l'univers God of War alors même que tout le monde sait de quoi il retourne avant de commencer le jeu.
Une lourdeur qui se retrouve lors d'un final avec un ultime rebondissement pour accentuer encore plus le côté tragique de l'histoire mais qui tombe un peu à plat faut d'avoir été préparé. Le plus dramatique c'est que ce choix n'est pas assumé puisqu'une séquence post-générique vient le travestir et le rendre ainsi encore plus facile et dénué de sens.

Heureusement que ce déroulement offre des niveaux bien imaginés (les jardins par exemple) et nous propose certains affrontement vraiment épiques. On se rappellera du duel contre le titan Chronos (affronter un ennemi de la taille d'une montagne ce n'est pas banal) ou de la confrontation avec Hercules, le champion de l'Olympe, qui fera plaisir aux amateurs de Gaspard Noé. Les grecs n'avaient pas encore inventé les extincteurs mais ils avaient Kratos pour compenser. Certains diront qu'il s'agit là de l'essentiel et si l'on ne peut pas leur donner tort il est tout de même regrettable que le titre n'affiche pas d'ambitions plus grande que celle d'en mettre plein la vue.

God of War III rempli son contrat, c'est un jeu à la technique infaillible et qui offre des sensations immédiatement et qui multiplie les idées de mise en scène pour nous faire sentir tout la puissance destructrice de nos actes. C'est indéniablement un jeu à l'efficacité parfaitement rodée.
La petite ombre au tableau est qu'en dehors de sa brutalité ce défouloir offre finalement peu de choses, c'est du grand spectacle, c'est beau et ça pète de partout mais ça ne se renouvelle pas vraiment et le gameplay est a peine exploité faute à un système de jeu trop permissif dans ses affrontements. Affrontements qui finissent par tous se ressembler.
Ce troisième volet du chauve psychopathe est un bon jeu, parfois franchement épique et d'une sauvagerie rare mais le côté puéril de l'ensemble, le scénario sans intérêt et le rythme en dent de scie font que l'expérience n'est pas aussi forte qu'on l'aurait voulu.
Je me suis forcé à le finir et si je ne suis pas mécontent de l'avoir fait c'est une sensation qui ne trompe malheureusement pas.

Créée

le 9 juil. 2010

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