Il y a déjà cinq années sortait GTA IV, premier-né de Rockstar sur la 7ème génération. Cinq longues années qui ont permis aux joueurs de désosser les lacunes de cet opus et d'entrevoir d'autres jeux open-world.
Un lustre plus tard, les PS3 et 360 délivrent leurs derniers instants avec quelques gros titres couronnant cette génération. La toute-puissance de Rockstar est de la partie avec son opus ultime, les quelques erreurs du passé devaient être corrigées. Les chiffres commerciaux monstrueux déjà sortis, il faut maintenant s'intéresser en détail au jeu en lui-même.


La grande innovation mise en avant n'est rien d'autre que la possibilité de jouer avec trois personnages tout au long du jeu. Sans toutefois tripler le contenu de la trame principale, cet ajout inédit permet de livrer une multitude d'intrigues qui se ficelleront autour du scénario global, chaque personnage ayant ses propres ennuis et comptes à rendre. Je n'ai pas forcément été subjugué face au relatif classicisme de l'histoire qui nous est contée tout au long du jeu, malgré quelques rebondissements par-ci par-là ; je peux par contre aisément rendre compte du talent, une fois de plus, démontré par les gars de chez Rockstar, pour tout ce qui touche à la mise en scène et aux dialogues. Les cinématiques ne forment plus qu'un bloc uni avec les phases jouables, et l'écriture se hisse au top-niveau de ce qui se fait dans le jeu vidéo. Une forte audace des développeurs leur a autorisé à bien plus verser dans le parodique et le loufoque que dans GTA IV le Terne. Et ça se vérifie au travers des missions, magnifiquement variées à en faire rougir ce qu'on connaissait de la série. Les situations rocambolesques en missions ne peuvent pas se compter sur les doigts de seulement deux mains, et croyez-moi, maintes fois vous allez rire devant votre écran. Pour ce qui est des trois personnages, point d'erreur à commettre en les jugeant de façon hâtive : la caricature les teintera un peu tout au long du jeu mais chacun a réellement ses propres traits et comportements. On switche entre Michael, Franklin et Trevor, trois chemins, distincts au niveau des motivations, mais liés par rapport aux événements se déroulant dans le territoire de San Andreas.


San Andreas, venons-en. Là aussi, l'attente de la map était extrême. Je ne vais pas m'éterniser sur la variété de la carte : oui, elle l'est, et à la superficie tout à fait honorable. Le come-back aux paysages de campagne et de montagne s'apprécie quand je repense à ce qu'on avait sur 128 bits avec GTA SA. Impossible de faire retour en arrière quand on a goûté au San Andreas du 5ème opus. Certains critiquent le manque de richesse de la carte et le fait qu'il n'y ait qu'une ville. Qu'ils retournent respirer l'air urbain de Liberty City. Los Santos est suffisamment grande et il est honnêtement difficile de s'ennuyer avec toute la moitié Nord de cette map.
Là où je voulais surtout en venir, c'était sur l'open-world, terriblement bien foutu. Rarement un environnement de cette taille n'a été aussi crédible et cohérent. Outre la quantité phénoménale de choses annexes à faire (et parmi les nouveautés, du yoga, des braquages à réaliser, du business à gérer ou encore des course de jet-ski), le plus remarquable revient à l'harmonie du tout ; le travail consacré à l'environnement est phénoménal et nombreuses seront les fois où l'on se met dans des situations inattendues alors qu'on se rendait initialement à un lieu précis pour une mission. C'est cet aspect-là qui a été bien sculpté par les développeurs, et le jeu me ferait presque (-presque-) penser à un Shenmue en ce qui concerne cette cohérence de l'univers.
Le gameplay reprend les fondations de GTA IV mais les bouge un peu. La conduite arbore un côté un peu moins réaliste, sans toutefois rappeler l'aspect très arcade des opus 128 bits. Elle est parfaitement calibrée à mes yeux. Les gunfights n'ont rien de spécial, les compétences spéciales de nos 3 cow-boys sont assez futiles, je passe vite là-dessus pour parler de l'ingéniosité de la palette d'actions rendues possibles avec les touches. On veut changer de personnages ? Flèche du bas maintenue, et un switch. On veut choisir sa radio en une seconde ? Flèche de droite, et on sélectionne (avec en prime la possibilité de voir le titre du morceau joué sur chaque radio). Pareil pour le choix des armes, qui arbore cet aspect de sélection en roue. L'ergonomie a bien profité des quelques petites imperfections qu'il fallait corriger dans GTA 4.


Qui dit GTA dit contenu. Rien à signaler de ce côté, le jeu occupe un moment. Un peu plus de 35 heures pour avoir fini la trame principale et une palanquée de trucs annexes réalisés. Il m'en reste énormément à découvrir. Ne serait-ce les missions et personnages secondaires ; ou tout simplement le plaisir de se balader et de tomber sur un easter-egg made in Rockstar. Les balades et les situations aléatoires de ce jeu, oh que oui j'aime ça. Surtout quand je peux jouer dans de bonnes conditions, et là je fais allusion à l'optimisation. J'ai eu droit à un seul freeze durant ma partie, et les ralentissements répondent présents à des occasions rares, lors d'un défilement d'écran rapide ou quand il y a beaucoup d'explosions. Chapeau aux développeurs pour avoir non seulement rendu le tout plus fluide que GTA IV, mais en plus avec une réalisation technique un bon cran supérieure, proche à du Read Dead Redemption. Tout ce qui est rendu lumineux, distance d'affichage, visages, modélisation des environnements et surtout moteur physique, tout a été grandement amélioré, si bien que les cinq années d'écart avec le IV se sentent. Le hardware des PS360 est à bout de souffle et puise dans ces dernières forces. Je n'omettrai pas la restitution sonore, là aussi un niveau au-dessus. Les effets de son en arrière-plan sont plutôt saisissants et j'ai remarqué qu'il y avait souvent des musiques d'ambiance lors de missions ou de course-poursuites. Et comment pourrais-je oublier les fameuses radios, valets des GTA ? L'avis est totalement subjectif ici, mais malgré la quasi-vingtaine de fréquences disponibles, je n'ai pas trouvé énormément de radios me plaisant. Vous me direz aussi, et c'est vrai, je n'ai pas encore pu écouter toutes les radios en intégralité, mais j'ai l'impression qu'il y a moins de pistes disponibles par radio.


GTA V est le résultat d'un travail façonné par des perfectionnistes. A titre personnel, plus que l'histoire assez générique, plus que les trois personnages jouables, c'est le mélange savoureux entre le monde-ouvert et une allure jouissive et déjantée à la GTA SA qui m'a bien plu. Même si le jeu n'a pas la puissance émotionnelle qui fera passer quelques œuvres au-dessus de lui, y a pas à dire : cet opus déchire. Marquera-t-il les esprits ? C'est peut-être moins probable.

Les fins de génération sont souvent des témoins clignotants de jeux maîtrisés. GTA V est parmi ceux-là, et en coupant à l'envahissante médiatisation qui donne une image déviée du jeu, il démontre une fois de plus le talent de Rockstar.

EDIT : GTA Online par contre, c'est un peu foiré ...
Hanouk
8
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le 22 sept. 2013

Critique lue 973 fois

10 j'aime

Hanouk

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