Mon problème avec RockstarGames, c'est que leurs jeux sont indéniablement excellemment réalisés mais qu'ils souffrent par ailleurs de défauts qui gâchent la fête.
Comme d'habitude, les développeurs n'y vont pas de main morte pour cracher sur la plupart des aspects, sinon de la société américaine, de la société occidentale en général.
Depuis les réseaux sociaux jusqu'à la torture (et croyez-moi, entre les deux y a un gouffre), tout y passe.
Ce discours volontairement outrancier et provocateur à souhait est devenu leur marque de fabrique, désormais nécessaire puisque devenu l'essence même d'un GTA.
Sur le papier, le produit est excellent, je l'ai déjà dit.
Excellente photographie, excellent scénario, excellent moteur physique, excellente bande son, excellente mise en scène, excellent travail sur les divers protagonistes, excellent univers, bref, passons. Ça devient habituel donc inutile à répéter.
RockstarGames a malheureusement encore et toujours ses propres clichés. Au risque de faire hurler les plus tradis d'entre vous, il faut le dire, cette boite a du mal avec l'image de la femme, et par suite avec la conception des quelques personnages féminins qui agrémentent ses jeux.
Je ne parlerai ici que de GTAV (bien que ce constat s'applique au moins à la série) : difficile (si ce n'est impossible) de trouver un personnage féminin qui n'est pas une caricature, un stéréotype, bref, un instrument à stigmatiser puis tabasser un comportement chez une femme.
Non pas que les personnages masculins échappent à cette vindicte de la part de RG mais la nuance essentielle qui existe entre les personnages masculins et féminins réside dans ce que les personnages masculins sont dotés du charisme dont ils ont besoin pour devenir attractifs ou utiles au scénario. Aucun personnage féminin n'est doté de charisme, AUCUN ; ils sont tous chiants, horriblement cons, de mauvaise foi et ne montrent que des aspects critiquables de leurs vies et de leurs personnalités.
Je sais l'art et la manière de RG de ne rien laisser au hasard. Sans me risquer à qualifier cette stratégie de misogyne, j'ai bien peur qu'on en approche et j'ose encore me demander si c'est volontaire.
Trois personnages jouables, trois hommes (dont un afro américain), pas une femme, donc. Je déplore ce retard (volontaire ou pas, alors?) de RG sur cet aspect de leurs jeux qui devient problématique, en tout cas en ce qui me concerne en tant que joueuSE. J'ai en effet bien du mal à ne pas me sentir exclue d'un univers dans lequel on n'a réussi qu'à faire des caricatures bien sévères des diverses femmes qu'on y croise et où je dois encore et toujours jouer des personnages masculins. Croyez-le ou non, messieurs, quand on ne fait pas partie du coeur de cible, on le ressent nettement.
Sans renier la qualité indéniable de ce produit, je préfère un SaintsRow (certes moins soigné dans la finition) dans lequel, avec ma petite nénette, on va botter le cul des gangs rivaux à grands coups de pompes.
Qu'attend donc RG pour donner un vrai rôle à un personnage féminin? Leur retard sur la question est aussi indéniable que la qualité de leur série. Dommage.
La réponse (fort convaincante) de RG sur la question : http://www.gameblog.fr/news/38241-gta-5-rockstar-justifie-le-manque-de-heros-feminins
Par ailleurs, la licence arbore souvent des discours parfois limites concernant les questions de racisme, de violence, etc. parce que trop extrêmes. Aussi, si ces discours doivent servir l'aspect très critique du jeu sur tous les aspects d'une société, quitte parfois à être borderline, l'inverse ne saurait être acceptable, à savoir que l'aspect critique du jeu serve d'excuse pour approcher de trop près une limite à ne pas franchir. Car plus on approche de la limite, moins le message est compris par le joueur, qui se noie derrière son aspect profondément excessif, censé le véhiculer.
Je ne m'étends pas plus sur la question, c'est à chacun d'apprécier la chose.
Enfin, le fait de jouer trois personnages différents est un vrai plus. D'abord parce qu'il en ressort un gameplay plus intéressant et plus étoffé. Ensuite parce que s'il existe une trame commune, chacun d'eux a ses plans et ses emmerdes, et c'est l'occasion, associé aux quêtes secondaires, de faire preuve d'un humour délirant (les inconnus et détraqués, l'affection de Trevor pour la quinquagénaire, etc.).
Pari réussi haut la main, une fois de plus, en dépit de quelques lacunes persistantes que je ne laisserai pas passer la prochaine fois.