Gravitation
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Gravitation

Jeu de Jason Rohrer (2008PC)

Leçon d'expression de son propos par le game design, part 2.

Jason Rohrer est un développeur indépendant fameux. Je vous en avait déjà parlé avec son troisième jeu, Passage, qui s'était fait connaitre en créant beaucoup de réactions dans le petit monde du jeu vidéo, et qui est revenu sur le devant de la scène avec son introduction dans la collection permanente du MOMA. Ayant adoré Passage, ainsi que l'épisode sur Rohrer dans l'extended edition d'Indie Game The Movie (Très bon film, allez le voir), je me suis penché sur les autres productions du bonhomme. Afin de ne pas vous spoiler, le lien pour jouer au jeu sera placé en début de texte. Et jouez y avant de lire, de préférence. Gravitation, c'est trois bouts de pixel, et un jeu qui dure 8 minutes. Mais 8 minutes qui méritent une attention.

Si vous ne voulez pas être spoilé, jouez a Gravitation. Tout de suite. Ou alors, ce n'est pas la peine de lire.

Gravitation est indéniablement un jeu de Rohrer, on le remarque au premier coup d'oeil. Ce style graphique ultra pixelisé, fait sous Paint (True Story), est désormais assez affilié a la production de ce charmant monsieur. Vous contrôlez un petit personnage, et votre champ de vision, dont les limites sont symbolisées par des bandes noires, est assez restreint. Très vite, vous remarquez deux éléments dans votre décors. Une petite fille (ou garçon, probablement la seconde option d'ailleurs, Rohrer n'ayant que des fils) avec un ballon, et une cheminée. Ce garçon vous envoie la balle. En vous mettant dessous, vous lui renvoyez. Et un coeur apparait, votre champ de vision grandit. Parfois, votre tête s'enflammera. Très vite, vous remarquez une ouverture dans le plafond, dans laquelle vous pouvez sauter. Et un labyrinthe, qui s'étend vers le ciel. Dans ce labyrinthe, vous trouverez des étoiles bleues, alors, naturellement, vous tenterez d'en récupérer le maximum. Jusqu'a ne plus pouvoir sauter, et être forcé de redescendre. A votre retour sur terre, vous trouvez des blocs de glace, que vous pouvez pousser. Ceux ci, une fois dans la cheminée, rapportent des points. Et puis, vous continuez, pour aller chercher plus en plus d'étoiles, pousser de plus en plus de blocs de glace, jusqu'a une overdose de ceux ci, si vous avez été boulimique. Blocs de glace qu'il est d'autant plus difficile de pousser, en fonction de leur nombre. Et puis, la petite fille disparait. Votre champ de vision rétrécit. Vous ne pouvez plus sauter pendant un long moment. Puis vous repreniez espoir, vous continuez, et la partie se termine. Fin. Retour a l'écran titre.

Vous l'aurez compris, Gravitation est un jeu extrêmement symbolique. Passage traitait de la vie, la mort, le couple et ses conséquences. Gravitation parle de créativité, de mélancolie, d'importance de l'autre. Le labyrinthe, c'est votre créativité. Les étoiles sont des idées, les blocs de glace leur matérialisation en projet, et la cheminée la réalisation de ces projets. La realtion a votre fils vous fait ouvrir les yeux, vous permet de rentrer dans un mode "on fire", comme le dit Rohrer, vous galvanise. Mais lors de son absence, il long moment passe sans n plus pouvoir faire de choses, comme si votre énergie s'était envolée avec son départ. Sa mort, ou le fait qu'il ai grandit, tout simplement. Les idées, si on les prend toutes d'un coup, son difficiles a pousser. Et il faut parfois se mesurer, et réaliser les étapes une par une, pour ne pas s'embourber dans sa création. Le propos est simple, voir simpliste. Mais il n'en est pas moins efficace.

Gravitation, comme tous les jeux de Rohrer, transmettent une vision intéressante, celle de ne raconter des histoires et de ne faire passer un message que par des mécaniques de jeux, et des règles. Passage, tout comme Gravitation, n'empreinte quasi jamais aux autres arts pour s'exprimer, utilisant de manière simpliste et minimaliste la musique et les graphismes, s'affranchissant de tout texte. A la différence d'un Limbo, Botanicula, Assassin's Creed ou je ne sais quoi qui font passer leur propos par d'autres formes d'art réadaptés, c'est a dire le graphisme et l'écriture. Et finalement, le jeu vidéo comme objet artistique est peux être celui qui se rapproche le plus de ce type d'expérience, c'est a dire un objet qui raconte par ses mécaniques et ce qui lui est propre.

Enfin bref. Jouez a Gravitation. Une expérience enrichissante. Une ligne directrice. Ou non. A vous de voir.
Victor_Rosso
9
Écrit par

Créée

le 31 oct. 2013

Critique lue 187 fois

Victor Rosso

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