Il y a deux sortes de point&click, ceux qui offrent suffisamment de latitude pour être considérés comme de vrais jeux et les autres, des "histoires interactives" dans lesquels on ne joue que peu au final. J'étais persuadé d'acheter un P&C de la première catégorie, pas de bol j'en ai eu un de la deuxième.

L'aspect jeu est donc relativement pauvre, les énigmes sont faciles pour qui a déjà fini un jeu d'aventure, le nombre d'interactions par tableaux et relativement réduit et on est guidé en permanence par quelques remarques pertinentes ou objets à-propos. Il faut attendre le dernier chapitre de l'histoire pour avoir une énigme digne de ce nom à se mettre sous la dent ! En plus, on est tout le temps assisté par le code couleur de la carte. Bordel ! C'est mon droit le plus fondamental de tourner en rond pendant des heures dans un P&C, c'est même une prérogative.

Je peux comprendre qu'un développeur choisisse de linéariser et faciliter la progression pour éviter de trop hacher le scénario mais là tout de même, c'est exagéré. C'est marqué en gros sur l'autocollant apposé au blister: "Scénarisé par Jane Jensen, auteur des légendaires Gabriel Knight". Mec, celui qui connaît Gabriel Knight - et à plus forte raison Jane Jensen - il doit sûrement savoir comment jouer à un P&C, alors ça aurait été cool de lui filer un vrai jeu.

Déception donc, mais déception de courte durée car, fort heureusement, cette aventure est diablement accrocheuse. Ambiance, ambiance, servie par un emballage sonore de haute volée, de supers doublages et des traductions fidèles quoique un peu craignos par endroit, il faut le dire (surtout celle des rébus, bien moisie).

Le travail sur les personnages et un peu inégal, Sam et David ont infiniment plus de caractère que les autres gus, dont certains semblent évadés du teen movie le plus générique. Mais le tandem fournit sa dose de répliques piquantes et de vannes bien sentie, David surtout.

Passé le cinquième chapitre, le scénario semble s'embarquer dans un improbable twist final dont on perçoit l'astuce à des kilomètres, mais étonnamment cela fonctionne tout de même très bien. Comme par magie, ça tombe bien.

Gray Matter repose sur son histoire, simple et complexe, surréaliste et pleine de sens, dramatique mais porteuse d'espoir. Une belle histoire en définitive.
Tanaziof
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le 23 mars 2011

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Tanaziof

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