Propos préalable : j'ai joué à Grim Fandango dans sa version Remastered sur PS Vita. Néanmoins, cette version étant très peu différente de la version originale (j'y reviendrai plus tard), j'ai souhaité publier cette critique à la fois pour le jeu original et la version Remastered. Pour des raisons que je mentionnerai dans mon texte, la note des deux versions ne sera pas identique.


Jouer à Grim Fandango aujourd'hui, c'est faire un saut dans le passé de quelques années. A la fin des années 1990, pour être précis, à l'époque où un genre de jeu était particulièrement prisé sur PC pour avoir presque disparu (dans sa forme de l'époque) aujourd'hui : le jeu d'aventure. Un genre finalement peu éloigné du point'n'click et qui exigeait qu'on résolve un certain nombre d'énigmes pour avancer dans l'histoire.


C'est aussi dans ces cas là qu'on se rend compte que nos attentes et nos perceptions en tant que joueurs ont évoluées avec le temps. Jouer à Grim Fandango, c'est retrouver un rythme et un gameplay, une philosophie de jeu, assez différents de ce qui se fait aujourd'hui.


Dans GF, vous êtes "Manny" Calavera, un travailleur devant purger ce qu'on apparentera à des travaux d'intérêt général dans le pays des morts pour pouvoir accéder au 9ème monde, qui est le lieu d'arrivée finale des défunts. Une espèce de paradis, quoi. Et comme travail, Manuel accompagne les morts et se doit de leur transmettre leur billet pour l'au-delà. Un billet plus ou moins rapide et agréable suivant la bonté du mort concerné. Mais quelquechose ne tourne pas rond au royaume des morts et, au fil de ses pérégrinations, Manny va mettre à nu un complot et une escroquerie autour des billets pour l'au-delà.


Tout un programme, pour une aventure exotique et haute en couleur au pays des morts. Un univers assez finement et artistiquement représenté, inspiré pour l'occasion du folklore mexicain. En fait, l'univers de Grim Fandango est surtout particulièrement loufoque, mélangeant différentes inspirations comme les films policiers des années 1950, mettant en avant le pilier central de l'aventure : l'humour. Celui-ci est omni-présent. Bien entendu, il ne s'agit pas d'un humour de chaque instant à la Hot Shots mais plutôt d'un humour par l'absurde.


Les situations les plus exotiques et les plus improbables vont s'enchaîner pour notre héros qui va mettre nos méninges à rude épreuve pour parvenir au générique de fin de l'aventure. Un peu trop même ... Dans la lignée de nombreux jeux d'aventure de l'époque, les énigmes de Grim Fandango relèvent pour beaucoup de l'improbable, avec une limite particulièrement fine entre les résolutions finalement assez logiques et celles sur lesquelles on tombe un peu par hasard (ou en ce qui me concerne en regardant occasionnellement une soluce sur le Net).


Pour le coup, je me demande vraiment comment certains jeunes joueurs des années 1990 ont pu parvenir à la fin de Grim Fandango sans avoir sous le coude un petit texte pour les aider, tant certaines énigmes se révèlent tordues. En tout cas, leur résolution amènent toujours une situation décalée, contribuant là encore à l'ambiance générale du titre.


Si l'univers, la mythologie et l'humour présents autour du titre font particulièrement mouche, j'ai été par contre un peu déçu par la narration du titre. Pour Grim Fandango, il est un peu difficile de parler de mise en scène. Le jeu a finalement plutôt bien vieilli, dans la mesure où les graphismes sont encore très regardables aujourd'hui, mais la technologie des années 1990 permettait moins de largeurs pour une mise en scène dynamique. Mais là n'est pas vraiment le problème ...


Les lacunes de narration tiennent plus à l'enchaînement de certaines situations, qui ne sont pas toujours bien articulées. Je prendrai (sans trop spoiler) notre relations avec Mercedes Colomar, morte récente qui va déclencher notre découverte du complot autour des billets pour l'au-delà, et dont Manny va rapidement s’encanailler. La première partie de leur relation est particulièrement rapportée. C'est un peu brusque, un peu comme si vous ou moi on tombait amoureux comme ça d'une personne, sans vraiment la connaître ou lui parler, une espèce de coup de foudre mou et opportun ...


Mais finalement, on retient plus de Grim Fandango son déroulement, ses personnages, son univers, son originalité. Bref, un jeu qui dispose d'une personnalité incontestable, d'une aura dont je comprends facilement qu'elle ait marqué toute une génération de joueurs PC. Sur ce volet, je n'a pas pu faire la comparaison entre la VO et la Remastered, mais GFR est servi par une OST bien fichue, très inspirée de thèmes jazzy un peu noirs. Je regrette simplement l’enchaînement des musiques qui sont très liées aux "tableaux" que l'on traverse, et qui, en conséquence, passent de l'une à l'autre sans vraiment de possibilité de laisser les différents thèmes se développer.


Toujours dans le registre du son, une mention très encourageante pour le doublage des personnages, avec une VO sans doute pas exempte de défauts, mais particulièrement inspirée. Un peu à la mode des années 1990, où certains films donnaient carrément mieux en VF qu'en VO grâce au travail d'adaptation des doubleurs (SOS Fantome, Un jour sans fin, Retour vers le Futur, ...).


Tout en reconnaissant les grandes qualités de Grim Fandango, je ne peux m'empêcher de regretter les quelques aspects qui l'affaiblissent un peu, notamment le caractère un peu décousu de sa narration ou encore l'aspect très très peu évident de certaines énigmes.


S'agissant plus spécifiquement de la version Remastered à laquelle j'ai joué, je mentionnerai la paresse occasionnelle de ce portage qui cumule certaines faiblesses : temps de chargement et de sauvegarde particulièrement longs et ridicules, amélioration très peu visible des graphismes (qui finalement n'en avait pas vraiment besoin), mais surtout un certaine instabilité qui a fait planter le jeu 2 fois sur ma Vita (dont un premier bug qui m'a fait perdre 1 heure de jeu). Je donne donc à cette version un point de moins que la version d'origine.


Néanmoins, Grim Fandango Remastered a l'énorme mérite de nous faire redécouvrir un titre important du patrimoine du jeu vidéo. Une aventure unique, et qui le restera surement, malgré ses quelques défauts.

Créée

le 29 août 2015

Critique lue 930 fois

13 j'aime

3 commentaires

Red13

Écrit par

Critique lue 930 fois

13
3

D'autres avis sur Grim Fandango Remastered

Grim Fandango Remastered
Red13
6

Un jeu unique, un portage paresseux

Propos préalable : j'ai joué à Grim Fandango dans sa version Remastered sur PS Vita. Néanmoins, cette version étant très peu différente de la version originale (j'y reviendrai plus tard), j'ai...

le 29 août 2015

13 j'aime

3

Grim Fandango Remastered
SubaruKondo
6

Un coup de pinceau et ça repart

Je ne note pas ici le jeu original, auquel j'avais mis 10, mais sa version remasterisée, je ne vais donc pas revenir sur les innombrables qualités de Grim Fandango, il suffit d'aller sur sa fiche...

le 27 janv. 2015

10 j'aime

7

Grim Fandango Remastered
Ambrrruh
6

Critique de Grim Fandango Remastered par Ambrrruh

Cette version remastérisée n’apporte vraiment aucune amélioration. Aucune, si ce n’est le fait de fonctionner ^^ Graphiquement le remake est vraiment hyper léger, les textures un peu lissées,...

le 27 janv. 2015

9 j'aime

8

Du même critique

Final Fantasy XV
Red13
4

Une question d'ère

Un Final Fantasy pour les fans et les nouveaux venus Ouais ... Ben je me demande ce que vont penser les nouveaux venus ! Parce que cette épisode XV, plus qu'aucun autre, aura selon moi bousculé...

le 29 déc. 2016

59 j'aime

35

Final Fantasy IX
Red13
9

Un Final Fantasy rayonnant, le chant du cygne sur PSOne

Après un Final Fantasy VII révélateur et un Final Fantasy VIII parfois plus proche de la démo technique que de la saga de RPG de Squaresoft, l'opus n° 9 pointa son nez sur notre PlayStation le 16...

le 20 mars 2013

50 j'aime

22

Mario Kart 8
Red13
8

Excellent, jusque dans le terne !

Ecrire la critique de Mario Kart 8, c'est un peu comme faire le corrigé d'une dissertation d'un très bon élève de sa classe lorsqu'on est professeur. La copie est bonne, pertinente, mais finalement...

le 23 juin 2014

41 j'aime

12