Gordon Freeman est de retour pour de nouvelles aventures. Après avoir subi quelques désagréments dans le centre de recherche secret de Black Mesa et avoir mis une trempe à de méchants extraterrestres sur la planète Xen, notre héros avait été mis en stase par le G-man, un homme mystérieux portant une mallette. Et qui qu’il soit, il ne semble pas apprécier la tournure des évènements puisqu’il nous réveille. Visiblement, la Terre a été annexée par une nouvelle race d’extraterrestres, le Cartel, qui en a profité pour envahir Xen, au passage. Résultat des courses, les humains sont parqués dans de grandes villes (ici, Citée 17) sous la vigilante attention de la Garde Civile, des transhumains bénéficiant de la technologie du Cartel. C’est le docteur Wallace Breen qui a été désigné représentant de l’humanité et de Cité 17, qu’il dirige d’une main de fer et via des écrans de propagande au discours lénifiant depuis son bureau tout en haut de la Citadelle. Bien sombre ambiance, donc, qui ne s’améliore guère lorsque l’on comprend que l’on part droit dans une prison de haute sécurité, Nova Prospekt où un sort peu enviable nous attend. Heureusement, Barney, le vigile héros de Blue Shift à Black Mesa vient à notre secours, et nous aide à nous échapper. Aux côté Dr Isaac Kleiner, du Dr Eli Vance et de sa fille Alix, il rejoint donc la résistance contre Breed et le Cartel.
Comme dans le premier épisode, toute l’histoire se passe d’une traite ou presque, notre héros traversant (en silence) les différents niveaux, à pied, en aéroglisseur ou en buggy, seul ou accompagné. C'est l'un des points forts de ce Half-Life : chaque niveau est bien différenciable des autres par son ambiance ou son game play. Des rues d’une ville où l’on fuit l’oppresseur à une ville minière fantôme truffée de pièges en passant par une prison de haute sécurité…, soyons honnête, tout cela est très sympa. Bien que la majeure partie du temps, on doive se frayer un chemin à coups de fusil, quelques énigmes viennent parfois corser l’affaire ou nous imposer un détour pour ouvrir la voie vers un ailleurs guère plus prometteur. L’équipement mit à notre disposition ne change guère de nos précédentes aventures, et on retrouve toujours les basiques pied de biche/fusil à pompe/mitrailleuse.
Les seules nouveautés sont cependant à la hauteur : des phéromones permettant d’être accompagné et d’envoyer à l’assaut des fourmillions ; et un pistolet anti-gravité permettant de transformer presque tous les éléments du décor en de redoutables projectiles. Donc, de ce côté-là, rien à redire. On toussera quand même un peu quant à la gestion des échelles dont il est parfois difficile de descendre, et qu’on peut visiblement gravir sans lâcher son arme des mains, ce qui ne fait quand même vraiment pas sérieux, surtout quand on voit les efforts qui ont été fait sur le moteur physique du jeu. Ce n’est qu’un détail, mais il a tendance à être vraiment gênant et permettre des stratégies loufoques du style « bien planqué dans le conduit d’égout qui mène à la surface, je peux tirer sur mes ennemis ». Mouais… Mais ce qui me chagrine le plus dans cet excellent jeu, c’est le mutisme de Gordon Freeman. Pour ainsi dire, Freeman n’est qu’un concept, une créature éthérée : jamais on ne le voit, jamais il ne prononce un mot, il ne semble avoir absolument aucun avis ni sentiment. Tout juste l’entend t’on haleter après un long sprint. Les autres personnages nous parlent, mais cela ressemble plus à des monologues qu’à autre chose. Et on traverse ainsi les niveaux, enchainement d’ennemis et de décors sans parfois trop comprendre le pourquoi du comment : on nous a dit d’y aller, alors… Tout cela est carrément frustrant, surtout quand on voit que les développeurs ont fait un bon boulot sur l’animation des sentiments des personnages sur leur visage : colère, joie, tristesse… sont bien rendus, et l’on continue à incarner un personnage pour ainsi dire carrément transparent.
A part ça, l’ambiance globale du jeu est vraiment très bonne : on ressent très bien ce côté de dictature et d’oppression dans la Cité 17, les monologues de Breen nous accompagnant à chaque coin de rue, et le vent de l’héroïsme nous caresse lorsque, menant une troupe de rebelles à l’assaut de la Citadelle, on combat les monstrueux et imposant striders. Non, vraiment, de ce côté-là, rien à redire, les graphismes sont beau, on voit qu'il y a eu du boulot! On pourra très légèrement regretter le fait que l’ennemi principal , le Cartel, soit trop « humain », tant dans ses personnages que dans son armement : ainsi, je pense qu’il faut vraiment en vouloir pour tomber à court de munitions. D’accord, on n’est pas dans Resident Evil, mais quand même, les confrontations avec des créatures extra-terrestres sont un petit peu trop rares à mon goût (sauf dans l’excellent Ravenholm). Et peu d’ajout de ce côté-là également : des crabes de tête toxiques, des crabes de tête extrêmement rapides, les stiders… Et c’est tout ! Cela dit, on s’amuse quand même bien avec le Cartel, donc, ça passe.
En résumé, un très très bon jeu que j’ai redécouvert avec un PC assez puissant pour le faire tourner sans temps de chargement trop longs entre les niveaux, ce qui avait été un peu la plaie à l’époque où je l’avais acheté. On regrettera le parti prit de la série d’avoir un héros quasi transparent et une intrigue carrément alambiquée qui donne cependant envie d’en savoir plus sur ce mystérieux (je reste poli) G-Man, mais bon, c’est comme ça, et ça ne rend pas le jeu moins attractif pour autant.
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