La Réclamation d'Halo 3

Peu convaincu par la direction prise par 343i sur le multi d'Halo 4 (sans pour autant leur cracher à la gueule: ils avaient le mérite de tenter quelque chose, surtout qu'à contrario, la campagne dépotait), j'attendais avec impatience de voir quels seraient leur choix pour cette suite. Et contrairement à beaucoup de monde, je n'ai été ni déçu par la campagne, ni par le multi. (Bon, l'abandon de l'écran splitté, ça je pardonnerai jamais, mais ce qui est fait est fait)

Le Solo
Ainsi, la campagne a été décriée, entre autre à cause du contraste entre le scénario final et ce que laissaient entrevoir les campagnes marketings. Et à l'instar d'Iron Man 3, les joueurs n'ont probablement pas aimé être bernés. #Huntthetruth, qu'ils disaient. On avait pourtant de nombreux indices, comme par exemple, le tout premier trailer qui reposait sur de nombreux symboles: Master Chief en poncho, qui voulait passer incognito, faisait référence à sa future désertion de l'UNSC pour trouver l'objet de sa quête --> Cortana, représentée par la puce qu'il tient en main, et qu'il tente de ramener des "griffes" du Gardien qui apparaît face à lui.

Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, néanmoins une bonne distillation d'indices n'excuse pas le scénario gold. Les critiques les plus récurrentes concernent la narration, le rôle de Cortana et la mise en retrait de la Blue Team & Chief. Premièrement, il est vrai que cet opus repose encore plus que son aîné sur l'univers étendu: ainsi, difficile de s'attacher au trio de la Blue Team sans avoir lu La Chute de Reach, Operation First Strike & Les Fantômes d'Onyx (tout comme il était difficile de savoir comment Johnson avait survécu au premier Halo, d'où venaient les Spartans III d'Halo Reach et le sens des nombreux messages de Cortana dans Halo 3, mais bon, passons), il en est de même pour la Team Osiris, qui a néanmoins un temps de présence plus conséquent que leurs aînés, donc forcément, le développement passe mieux.

Mais qu'importe, j'ai quand même ressenti la cohésion aussi de l'équipe de Locke: on sentait qu'ils avaient leurs habitudes, et qu'ils étaient beaucoup moins conditionnés que leurs confrères de deuxième génération (tout comme on a ressenti que le Faucon Millenium avait une longue histoire derrière lui dans Star Wars IV. On est pas forcé de voir quelque chose pour le comprendre clairement). C'est forcément un peu moins vrai pour la Blue Team, mais il y avait cette nécessité de devoir les introduire dans le canon des jeux: c'est prometteur pour la suite, et de mon côté, j'ai bien ressenti le caractère de chacun décrits au sein des bouquins. (Linda <3)

Alors certes, au sein d'un Halo non spin-off, c'est vraiment dommage de délaisser le Chief, mais personnellement je me suis beaucoup attaché à la Team Osiris (puis y'a Buck putain !). J'y vois également un autre symbole: 343i nous délivre un John 117 qui commence à se faire rattraper par le temps, il est épuisé et démoralisé, et pourtant il ne sait pas rien faire d'autre que son boulot. Pire: il ne veut rien faire d'autre. Plus que bosser, la Blue Team est là pour lui. L'UNSC, au final, ça ne représente plus grand chose pour eux: c'est avant tout d'être en famille. Alors, qu'on vienne pas me dire que les persos sont intangibles, y'a d'autres manières que les dialogues pour faire passer des messages et sentiments.

Ensuite, comme dit plus haut, le scénario a été fortement décrié : en plus de ramener Cortana, elle devient l'antagoniste principale, plongeant l'univers d'Halo dans une guerre humano-IAs, dont les puristes n'hésitent pas à qualifier de clichés, tout en proclamant qu'ils auraient préféré voir Cortana restée morte tant son changement de caractère presque manichéen semble incohérent. Comme vous l'avez deviné, je ne suis pas d'accord. Alors, certes, le scénario c'est du déjà-vu. Ce n'est pas la première fois qu'on voit une IA se rebeller contre ses créateurs en agissant pour le principe du Greater Good. Néanmoins, on ne parle pas de n'importe quelle IA: on parle de Cortana, l'entité avec laquelle on évolue et dialogue depuis 4 putains de jeux, qui nous guide et nous balance des one-liners.

Combien d'autres univers peuvent se vanter d'avoir développé autant une IA au point d'y être attaché comme n'importe quel autre personnage? Au sein de cette histoire, c'est ce qui rend pour moi cette décision scénaristique absolument géniale. Le jeu grille toutefois toutes ses cartouches: on apprend directement que l'IA bleutée est en fait toujours en vie, et qu'elle veut casser de l'humain, et ça à nouveau, c'est un défaut selon certains. Néanmoins, Halo n'est pas System/Bioshock, Halo n'est pas un jeu à twist. 343i a décidé de développer les enjeux de son personnage plutôt que d'en révéler une simple partie au profit de la surprise, et je ne les blâmerai pas pour ça, car TOUT est cohérent avec le personnage de Cortana.

Basée sur Catherine Halsey, Cortana est une entité prête à tout pour atteindre son but pour le bien de tous, même à piétiner la morale et l'éthique. Il n'est donc absolument pas étonnant, après toutes les connaissances qu'elle a ingéré (à savoir, les missions avec John + le Domaine Forerunner), que la soumission de l'humanité soit la solution évidente: cette même humanité qui après la guerre humano-covenante, entretient des conflits sur les monde aliens afin de garder la pole position, cette même humanité prête à enlever des enfants et à les mutiler pour en faire des fers de lance... Finalement, si son point de vue est effectivement manichéen, on ne peut pas lui reprocher d'être incohérent. Je me suis en tout cas régalé sur cette campagne (en héroïque, le légendaire est une purge à cause des IAs alliés, et des Wardens Eternal complètement pétés ;o;)

Ah ouais, et Exuberant Witness est juste trop cool. <3

Le Multijoueur
Bon, pareil que pour la campagne, la partie multi d'Halo 5 a fait couler de l'encre, mais pas pour les mêmes raisons. Globalement, les critiques sont assez unanimes: la séparation entre l'Arena et le Warzone est bien pensée, le gameplay est aux petits oignons, en se révélant diablement jouissif, fun et compétitif (ce qui manquait cruellement à Halo 4). Qu'est-ce qui fait débat alors? Le système de Réquisition et son impact sur le jeu en lui-même.

L'Arena est une expérience on ne peut classique, on retrouve les modes de jeux qui font l'café: Slayer, CTF, Big Team... Les maps ne sont pas les meilleures de la saga, mais elles restent quand même acceptables (surtout grâce à la forge 4.0, qui permet des possibilités tout à fait grandioses, allant des remakes cultes à des fantaisies déjantées !). Le Warzone quant à lui est un gros défouloir, une course au score avec des mobs un peu partout à zigouiller, ce qui m'a quelque part rappeler le multi de Titanfall. Diablement fun, avec une TONNE de contenu à débloquer (variantes d'armes, de véhicules...), le cœur de ce mode est basé sur le principe des réquisitions: concrètement, ce sont des packs de boosters à acheter (avec de l'argent réel ou des crédits in-game, qu'on gagne tout de même à la pelle) permettant de débloquer le contenu précédemment cité.

Et c'est ça qui est dommage: moi qui suis un gros poissard, ça m'enrage de ne pas pouvoir remplir des conditions spécifiques pour obtenir une skin/une animation d'assassinat/une arme (rayer la mention inutile) qui m'intéresse, et de devoir me reposer sur la chance d'un algorithme, en croisant les doigts pour ne pas tomber sur du stuff qui me laisse de marbre. C'est vraiment dommage, car vu le contenu colossal développé par 343i, j'ai l'impression qu'ils me tendent une carotte bien rousse qu'ils switchent par un radis bien dégueulasse (hop hop, j'vous vois venir. Je précise, j'ai rien contre les radis, c'est très bon avec du Saint Agur)

Conclusion
Ce jeu est pour moi le véritable descendant d'Halo 3 en termes de fun et de compétition. Le skill fait enfin la différence, et les développeurs ont enfin compris comment moderniser le gameplay d'Halo sans dénaturer ce qui faisait sa force: l'équilibrage de deux équipes qui commencent avec les mêmes chances. Pour le reste, je trouve que le scénario, bien que se terminant de manière tout aussi putassière qu'Halo 2, prend un tournant incroyablement intéressant et s'inscrit parfaitement dans la logique voulue par 343i. Quant à l'autre partie du multijoueur, c'est fun, bourrin, on s'éclate. Le contenu s'étoffe de mois en mois, et l'équipe est attentive aux désirs de la communauté.

Du tout bon pour moi, n'en déplaise aux détracteurs qui ne jugent que par la sobriété d'Halo 3 ou par le joyeux fourre-tout d'Halo Reach (qui était fun, cela dit!).