Hellblade : Senua's Sacrifice est un jeu ou il n'y pas grand chose à raconter : C'est un push forward tout simple jonché de quelques combats au gameplay agréable mais simpliste (comprenez par là 3 boutons principaux : taper, esquiver, parer, avec quand même une petite notion de Focus pour donner des coups d'épées stylés en ralentissant le temps) agrémenté d'énigmes à la con à base de "trouve la forme dans le décor".
D'ailleurs commençons par le rayon des mauvais points : Les énigmes n'ont aucun intérêt et viennent même briser le rythme de la narration tant celles ci s'avèrent enfantines mais longues car il y a besoin de faire 50 aller retour dans le décor ou y a bien souvent qu'un seul passage pour accéder à telle ou telle partie.
Un défaut récurrent dans les œuvres narratives arty qui cherchent à tout prix à insérer un gameplay puzzle maladroit alors que le but de leur jeu c'est de raconter une histoire. J'attends toujours le messie qui assume le coté narratif à 100% sans devoir pousser des putains de caisses ou aligner des symboles à la con.
Au début ça m'énervait et maintenant je suis juste blasé.
Heureusement, le deuxième défaut des œuvres indé arty, c'est que, bien souvent, pour que leur statut de jeu intellecto-branlette soit complet, il faut une narration too-deep qui ne raconte pas grand chose en surface, multiplier les messages sans vraiment les lier et faire une fin totalement ouverte, comme si le créateur avait eu un peu la flemme d'expliquer comment tout cela est un sens.
Autant Hellblade : Senua's Sacrifice ne se loupe pas sur cette définition de la fin un peu décoléré de tout ce qu'on avait cru comprendre, laissant le joueur en état de WTF partiel, autant, enfin, on a une narration claire et des thèmes très forts qui sont affichés sans non plus enfoncer des portes ouvertes.
Mieux, le jeu brille totalement dans sa façon de présenter la folie, que ce soit au niveau des graph, du son ou de l'histoire.
Dans sa douloureuse traversée des étapes du deuil, Senua parcourt des environnements tous aussi somptueux les uns que les autres, aussi bien graphique que sonore. Les voix dans la tête de Senua sont plus vraies que nature, et deviennent presque dérangeantes au fil de l'aventure. Ninja Theory avait vraiment l'envie de nous mettre dans la peau d'une folle, c'est réussi.
Certains passages du jeu et notamment certains combats valent le détour, ne serait-ce que par l'ambiance, la beauté scénique de certains combats, avec une mention spéciale pour la scène du combat final, d'une beauté rarement égalé.
Hellblade est un beau jeu, Hellblade a un propos intéressant, Hellblade a un gameplay simple mais efficace, Hellblade est fatalement un bon jeu.
Reste des énigmes inutiles et des combats en arène intérieur sur la fin qui mettent la caméra en merde, ainsi que certains emplacements de pierre de savoir pas judicieux, par exemple le mettre dans un endroit random tout au début du niveau auquel on ne peut plus accéder si on a fait 5m de l'autre coté et de voir le chemin se fermer définitivement sans crier garde. Con.
A moins de 30€ il serait dommage de passer à côté d'un jeu qui, même s'il ne dure que 5 ou 6h, aborde un thème rare et avec une réalisation jamais vue.
Si vous voulez vous en prendre plein la gueule, et vivre une quête aussi troublante qu'incroyable, Hellblade sera le parfait divertissement pour vos soirées d'hiver pluvieuses.
Par contre si vous cherchez un jeu vidéo où vous êtes plus acteur que spectateur, il sera plus rentable de mettre votre argent dans un bon jeu de carte, qui aura un intérêt ludique surement supérieur à ce jeu qui ne sort jamais de ses rails ni de son couloir.