Si le nom de Guerrilla Games ne vous évoque pas grand-chose, c'est plutôt normal. En effet, le studio néerlandais n'est pour ainsi dire connu que grâce à un seul et unique jeu: Killzone et ses (relativement) nombreuses suites, tous sortis en exclusivité sur les consoles de Sony entre 2004 et 2013.
Il y a pire comme référence me direz-vous! Et il est vrai qu'en matière de FPS, la saga a fait très bonne impression, en particulier les deux épisodes PS3.
C'est cependant dans une toute autre aventure que ce sont lancés les Amstellodamois avec Horizon: Zero Dawn.


Si on s'abstiendra évidemment de révéler les détails de l'histoire de HZD, disons simplement qu'elle vous emmène à une époque indéterminée où des tribus -guère plus avancées que nos bons vieux gaulois- côtoient des "animaux machines", dans un environnement sauvage où la nature semble avoir repris ses droits.
Dans ce monde pour le moins étrange, nous incarnons Aloy, qu'on découvre d'abord enfant, puis rapidement jeune adulte. Vivant en marge de la société locale, sans qu'elle en comprenne bien la raison, la petite est élevée "à la dure" par Rost, un homme bon qui ne connait malheureusement que trop bien l'hostilité du monde et qui va tout faire pour y préparer sa protégée.


Avant d'aller plus loin, soulignons d'emblée qu'Aloy est un personnage vraiment réussi. Combien de bons jeux ont raté le coche, la faute à des protagonistes sans charisme? HZD ne connaîtra pas ce destin "funeste" puisque son héroïne restera probablement comme une des figures les plus marquantes de l'ère PS4. Cette charmante rouquine de 19 ans est une impitoyable guerrière, néanmoins dotée d'une intelligence aiguë et d'une sensibilité qui font d'elle un personnage nuancé. Vous pourrez du reste "appuyer" sur certains traits de son caractère durant quelques dialogues à réponses multiples (même si l'intérêt semble limité). Les expressions de son visage sont également particulièrement travaillées, ce qui contribue pleinement à rendre Aloy "réelle" et attachante.
On tient typiquement un de ces héros virtuels à qui il est difficile de dire "au revoir" une fois le jeu terminé.
Dommage néanmoins qu'on ne puisse pas en dire autant des autres personnages du jeu, qui à une ou deux exceptions près, sont nettement moins intéressants et travaillés, si bien qu'on a du mal à se soucier de leur sort...


Horizon : Zero Dawn vous invite donc à suivre Aloy dans sa quête de vérité. Vérité sur l'origine des machines avec lesquelles les humains doivent cohabiter, vérité aussi sur son propre passé: et si tout cela était lié?
Mais autant le dire, les réponses ne vont pas "tomber du ciel" et Aloy va devoir batailler et franchir bien des obstacles pour obtenir des réponses.
Et si parcourir le gigantesque open world de HZD est déjà chronophage, il sera néanmoins indispensable de prendre le temps d'assimiler les dialogues et de lire/écouter les différents documents que vous trouverez dans certains lieux clés. Si cette démarche reste optionnelle, négliger cette étape vous fera passer à côté de l'essentiel de l'histoire. Et ce serait dommage puisque si le scénario général du jeu peut paraître un peu banal, la trame de fond s'avère en réalité intéressante et bien ficelée. On pourra simplement regretter que, comme souvent dans ce type de format de jeu, l'histoire finisse par se délayer. En effet, HZD, c'est au bas mot 50 heures de jeu, et encore, seulement si vous limitez les quêtes secondaires et autres missions optionnelles, sinon on s'approche du double. Autant dire que dans ce contexte, si vous ne jouez pas à intervalle très régulier, vous perdrez un peu le fil, d'autant que les protagonistes sont nombreux.


Horizon : Zero Dawn, c'est un monde ouvert certes, mais peuplé d'un bon paquet de machines qui tolèrent bien peu les humains, et vous l'apprendrez vite à vos dépens. Les premiers contacts avec ces dernières sont pour le moins rudes et vous comprendrez rapidement que le mieux reste encore de les éviter. Dans HZD, on meurt souvent au contact de ces bestiaux mécaniques. C'est vrai au début du jeu, mais même par la suite, en étant plus expérimenté, équipé et armé, les combats restent souvent synonymes de mort(s), soulignant le rapport déséquilibré entre l'homme et la machine.
Ceci étant, la stratégie de la fuite ne tiendra qu'un temps, parce que pour améliorer les compétences d'Aloy, il faudra malgré tout passer par des combats. Et puis, avouons-le, dès qu'on goûte aux affrontements de HZD, on a plus trop envie de s'en passer par la suite. Nerveux à souhait, ils ne laissent que peu de place à l'erreur. Le panel d'armes disponibles et "customisables" mais aussi les diverses techniques de combat, vous donneront les atouts nécessaires pour venir à bout des robots, le tout avec la possibilité de varier les stratégies, si bien qu'on ne tombe jamais réellement dans la routine.
Vous pourrez ainsi choisir entre attaque frontale, ou à l'inverse, plus sournoise, en vous planquant dans les hautes herbes afin d'observer les "rondes" des machines et les frapper sans qu'elles n'aient rien vu venir. Même remarque pour vos ennemis humains, nettement plus fragiles mais parfois tout aussi déterminés.
Si par ailleurs, l'intensité de l'action pourrait parfois vous faire perdre le fil, la prise en main reste dans l'ensemble, classique et intuitive, même si certains trouveront peut-être les phases de plate-forme trop assistées (comme dans Uncharted 4 par exemple).


En termes de réalisation, le jeu de Guerrilla Games est une belle réussite également. Techniquement assez costaud, si ce n'est quelques animations ratées (notamment pendant les cinématiques), il faut avouer que les débuts de l'aventure laissent le joueur un brin sur sa faim, notamment en raison de paysages répétitifs. Heureusement, plus vous découvrirez l'immense carte du jeu, plus HZD se montera varié, tout en restant relativement cohérent (même si les changements d'environnements peuvent se montrer un peu...brutaux, tout comme les alternances jour/nuit d'ailleurs).
Si certains reprocheront à la map d'être un peu vide, ce constat doit tout de même être relativisé puisqu'on a ici affaire à un monde sauvage, dans lequel on trouvera en toute logique, la faune, la flore...et quelques villes et villages nichés ça et là, où l'Homme vit en micro-sociétés.
HZD fait partie de ces jeux qu'on prend plaisir à parcourir pour le simple plaisir des yeux, avec en point d'orgue, quelques panoramas à couper le souffle (l'occasion de faire quelques selfies avec l'amusant mode photo du jeu).
Néanmoins, avant de faire du tourisme, il conviendra de vérifier les environs, car les machines ne sont jamais bien loin...
On évoquera enfin la qualité de l'OST du jeu, dont les thèmes sont peu nombreux certes, ni vraiment mis en avant, mais contribuent néanmoins pleinement à l'identité du soft de Guerilla Games.


Horizon : Zero Dawn est un jeu doté d'un scénario assez riche. Si tenté qu'on sache le saisir, il interroge même de manière assez intelligente sur l'avenir de l'humanité, sur son rapport à la technologie et les dangers d'un progrès devenu hors de contrôle. Il évoque également les croyances des humains à travers les âges avec là aussi, les dérives qui les accompagnent bien trop souvent. En cela, Horizon : Zero Dawn semble nous montrer que l'histoire de l'homo sapiens est un éternel recommencement et que notre espèce n'apprend pas beaucoup de ses erreurs.
Néanmoins, le gigantisme de l'aventure aura malheureusement un peu tendance à diluer le message, et plus globalement, la trame scénaristique -assez complexe- est parfois difficile à garder à l'esprit.
Pour ceux qui ne voudraient pas trop se poser de questions, HZD est aussi un excellent soft d'action qui agira sur vous comme une drogue: plus vous dézinguerez de machines, plus vous voudrez en dézinguer d'autres. A condition néanmoins, de prendre le temps de gérer correctement vos ressources et votre armement: une phase un peu rébarbative mais indispensable pour aller au bout du jeu.
Au final, on tient avec Horizon : Zero Dawn une aventure d'une densité remarquable, portée par un des personnages virtuels les plus marquants de ces dernières années.
Un incontournable de la PS4.

billyjoe
8
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le 29 oct. 2019

Critique lue 155 fois

Billy Joe

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