Il suffit parfois d'une idée pour lancer une révolution.
J'ai entendu sur une chaîne dédiée aux jeux vidéo, il y a peu, un journaliste définissant les schmups (oui, oui,...tous !) de la façon suivante :
"De toute façon, un schmup, y'a rien de plus con...c'est juste défoncer tout ce qui bouge et éviter tout ce qu'on t'envoie à la tronche".
Je ne parlerai même pas de la grossièreté ou de la pauvreté du vocabulaire de cette personne et me pencherai seulement sur le fond de son affirmation.
Je dois avouer que j'ai longtemps pensé que ce qui me plaisait dans les schmups, c'était la simplicité de leurs concepts. Par conséquent, je ne me situe pas très loin de la position de cette chère personne (même si ma façon de le dire est quand même 'achement mieux !). D'ailleurs, les tutoriels de ces jeux sont très simples et se limitent en général à vous expliquer où sont le bouton de tir et celui de la bombe. Ce qui a le mérite d'être clair sur la simplicité des mécanisme de cette catégorie de jeux.
Puis, est arrivé Ikaruga.
Oh, non... Ikaruga n'est pas un jeu compliqué, labyrinthique ou obscure. Il propose simplement une nouvelle expérience de shooting. Et une sacrée expérience même !
L'idée très maline de ce jeu est de vous fournir l'arme maximale (non, elle ne peut être ni évoluée ni modifiée) et ce, dès le début du jeu. En revanche, votre vaisseau dispose d'une polarité blanc/noir. Et l'idée a été exploitée à son maximum:
Vous causez le double de dommages aux vaisseaux de la couleur opposée à la votre et vous êtes insensible aux tirs des vaisseaux de votre couleur.
A partir de ce constat, les programmeurs se sont lâchés. Le level-design est hallucinant (spéciale dédicace au niveau 3 qui et purement jouissif). La réussite n'est plus (que) dans la rapidité ou la précision mais aussi dans le placement et le choix judicieux de votre couleur. En effet, certains passages s'avèrent délicats dans une couleur (je pense notamment au début du niveau 2) mais se transforment en carrément impossibles dans l'autre.
De plus, là où le concept devient purement génial, c'est que les tirs des ennemis de votre couleur (ceux auxquels vous êtes insensible) alimentent une barre d'énergie. Celle de la "bombe" (vous savez, celle qui nettoie l'écran quand vous êtes en galère!). Plus vous en prenez, plus vous avez de chance de faire de dégâts avec votre bombe. On arrive alors au postulat fourbe qu'il faut se jeter sur les tirs des ennemis de votre couleur....bon, je sais pas si c'est très clair mais croyez moi... c'est génial !
Pour continuer la description de ce petit bijou, notons les musiques ma-gni-fi-ques aussi épiques que celle d'un Soulcalibur (le début du niveau 3 et le dernier niveau notamment) et les graphismes très travaillés (tous les niveaux notamment).
Pour les plus fous d'entre vous (ou pour les plus Coréens), Ikaruga se place en haut du classement des jeux "Course au High-Score" avec son système de chaining: il faut tuer les ennemis en fonction de leur couleur par groupe de trois sans jamais briser la chaîne afin de faire péter son score. Cela va de "difficile à appliquer" dans le corps des niveaux à "impossible à conserver à moins que vous ne soyez un Chinois" pour les Boss (big up aux 2 boss du niveau 4 d'ailleurs qui m'ont légèrement, mais alors très légèrement pété les burnes).
Comment vous dire que ce jeu est une pure merveille, le résultat d'un travail précis, minutieux et réfléchis qui plaira (forcément) à tous les shooters-addicts mais aussi aux casuals (dont je pense faire parti). Mais Ikaruga, c'est aussi, et surtout, un véritable doigt d'honneur à une catégorie de joueurs qui pensaient que les mécanismes du shoot'em up ne pouvaient se réinventer, que le shoot était le symbole vidéo ludique has been d'une période dépassée et que ce genre était condamné à remplir les pages de l'histoire révolue du jeu vidéo.
Pour ceux là, Ikaruga vous emmerde bien bien bien, mais alors, bien profond.
Et pour les derniers réticents qui pensent que ce jeu est dénué d'une certaine magie, d'onirisme et qu'il ne se dispose pas d'une patte artistique, je me permettrai de conclure cette critique en citant le premier commentaire de la vidéo d'un superplay d'Ikaruga que j'ai trouvé sur Youtube:
"Cela fait un bon moment que je dis qu'Ikaruga est le jeu qui se rapproche le plus d'un ballet de danse. Cette vidéo en est la preuve."
...bien bien bien profond.