In Sound Mind
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In Sound Mind

Jeu de WeCreateStuff et Modus Games (2021PlayStation 5)

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog.


Le jeu d’horreur est souvent un terrain prisé des studios indépendants. Si Yuoni proposait une partie de cache-cache au milieu de créatures hostiles, In Sound Mind s’oriente vers l’investigation psychologique. We Create Stuff signe là son premier projet le plus ambitieux puisque le studio israélien, jusqu’à présent, n’était connu que pour Nightmare House 2, un mod prenant pour base Half-Life 2.


Jeu d’horreur rime bien souvent avec frissons et chaque nouvel opus du genre vient poser la sempiternelle interrogation : le jeu va-t-il terroriser les joueurs qui s’y frotteront ? Personnellement, je trouve que cette question ne doit pas être le principal argument d’achat d’un jeu d’horreur. Chaque joueur a sa propre sensibilité selon les thématiques abordées et la mise en scène utilisée. Sans compter, qu’à mes yeux, un jeu d’horreur peut être excellent sans verser dans les travers du genre comme le torture porn ou les jumpscares à outrance. Personnellement, j’ai une préférence pour l’horreur psychologique qui va distiller le malaise par les thèmes traités et la mise en scène qui va jouer sur les sous-entendus, sans jamais placer l’horreur, dans toute sa crudité, sous les projecteurs.



Docteur, j’ai un problème… ou suis-je le problème ?



In Sound Mind s’oriente vers cette tendance en nous amenant à incarner Desmond Wales, un thérapeute dont les patients sont décédés tragiquement. Qui plus est le bâtiment où est établi son cabinet est plongé dans une étrange réalité alternative, ayant vidé l’endroit de toute présence. Prisonnier de ce lieu incongru, Desmond décide d’enquêter sur ses patients afin de comprendre les raisons qui les ont emmenés à mourir si abruptement et, qui sait, élucider sa propre situation.


Afin de mener à bien sa mission, Desmond va relire les enregistrements de ses séances afin de pouvoir s’introduire dans la psyché de ses patients. Chacun de ces voyages intérieures amène Desmond dans des décors propres à chaque protagoniste que ce soit dans leur composition visuelle mais aussi les mécaniques de jeu introduites. Ainsi Virginia Ruhl, la première patiente, nous amène au sein d’un centre commercial désaffecté plongé dans une lueur violacée. Si cloisonné soit-il, ce niveau se révèle être un labyrinthe dont le joueur devra ouvrir les portes pour l’explorer en profondeur et comprendre pourquoi Virginia a trouvé la mort en ce supermarché.


Sans entrer dans les détails des autres niveaux pour vous conserver la surprise, sachez seulement que chaque niveau présente un environnement différent qui rend chaque exploration unique. D’autant plus que chacun d’entre eux amène de nouveaux objets qui vous permettront d’élucider les énigmes qui viennent ponctuer votre avancée. Un morceau de miroir peut ainsi aussi bien trancher rubans et planches pour accéder à de nouveaux chemins que révéler, via son reflet, des messages secrets dissimulés dans le décor. Un pistolet lançant des fusées éclairantes chasse l’obscurité qui se tapit dans les recoins et empêche Desmond d’avancer. Le thérapeute peut aussi compter sur des éléments plus prosaïques comme une lampe-torche qui sera fort utile pour éclairer l’environnement, mais aussi un pistolet pour se défendre ou exploser des barils emplis d’un liquide étrange et toxique, ou encore un masque à gaz.


Desmond possède des statistiques que le joueur peut améliorer par le biais de comprimés à dénicher dans les différents niveaux. En ingérant les médicaments adéquats, Desmond voit son endurance, sa vitalité ou encore sa vitesse augmenter. Des attributs qui s’avèrent utiles lors des quelques sessions de combats que propose In Sound Mind. Non seulement Desmond va se confronter à ses patients lors d’une ultime séance plus « musclée » mais aussi faire face à des créatures à la fois ombres et tâches d’encre (références au fameux test de Rorschach). Durant ces confrontations, le joueur peut user aussi bien des objets à sa disposition (miroir, pistolet, radio) que du décor (tirer sur un baril à proximité d’un ennemi peut s’avérer salutaire).



S’échapper du labyrinthe tortueux de l’esprit



C’est surtout dans ses énigmes et son exploration proche du walking-simulator que In Sound Mind montre les compétences de We Create Stuff. J’y ai retrouvé cette volonté d’amener le joueur à réfléchir comment passer un obstacle en observant le décor. Se dépouillant de toute indication sur l’écran, In Sound Mind laisse le joueur deviner, à partir des éléments collectés, la prochaine étape de son avancée. Parfois je me suis retrouvée à tourner en rond jusqu’à comprendre qu’il fallait utiliser un objet précis… ou simplement prendre un autre chemin. Ce parti pris pourra frustrer bien des joueurs mais, au final, on finit par rire de soi-même en découvrant que la solution était toute simple. Observez bien votre environnement et lisez les documents disséminés dans le décor : ils contiennent plus d’un indice aussi bien pour votre avancée que pour comprendre toute l’histoire de In Sound Mind.


D’ailleurs, je vous conseille aussi, après avoir terminé un niveau, de retourner dans l’appartement de votre patient. Vous aurez alors la possibilité d’accéder à une pièce secrète renfermant de nouveaux documents et un vinyle. Lisez-le dans votre bureau pour profiter d’une chanson entonnée par le personnage et résumant fort bien ses tourments. Chaque composition a son propre rythme et genre musical qui fait écho à la musique du niveau en question. Ainsi le troisième patient, Max Nygaard, va marquer plus d’un joueur avec sa musique thème orientée métal et se couplant fort bien à la colère sans réserve du protagoniste. L’OST de In Sound Mind est menée par The Living Tombstone connu pour ses compositions sur la licence Five Night’s at Freddy’s. Les musiques de In Sound Mind s’accordent parfaitement à l’ambiance et ne prennent pas le dessus sur le sound-design qui vient jouer un rôle crucial. Quoi de plus angoissant que le crissement d’un miroir brisé sous la semelle, le grondement sourd d’une menace au loin ou le craquement des planches dans une maison vétuste ?


Même s’il sort sur les consoles dernière génération, In Sound Mind ne présente aucunement des graphismes rivalisant de taille avec les grands titres sortis dernièrement. On peut même noter, à plusieurs reprises, des textures baveuses. Néanmoins le studio a veillé à concevoir chaque niveau comme un univers à part entière avec sa propre patte graphique. Aucun lieu ne se ressemble, renouvelant ainsi l’intérêt de la progression. Au centre de tout ceci, le bâtiment où est logé Desmond évolue aussi. Des évènements viennent secouer les lieux pour mieux révéler de nouveaux secrets comme un fusil coincé dans un conduit d’aération. Sans oublier ce mystérieux individu en trench-coat qui vous harcèle au téléphone pour se moquer de vous. Cet être ira jusqu’à surgir subrepticement pour aussi bien surprendre le joueur par son intervention soudaine que venir accroître la tension en enfermant Desmond dans une chambre froide, ou encore couper les cordes qui le maintenaient en sécurité dans les hauteurs.



Les consultations sont gratuites !



Que les chasseurs de trophées et achèvements se réjouissent : aucune de ces récompenses virtuelles ne peut être manquée. Même après avoir conclu le récit, vous retournez au sein du cabinet de Desmond et pouvez relancer chaque chapitre par le biais des cassettes. L’occasion parfaite d’écumer chaque niveau pour réaliser les actions contextuelles qui vous auront échappé ainsi que ramasser l’ensemble des pilules. Ces items sont disséminés un peu partout et vont vous demander de fouiller chaque niveau intégralement. Dans votre inventaire, vous pouvez avoir un suivi de votre collecte pour savoir combien de ces médicaments ont échappé à votre vigilance.


Chaque exploration de niveau est aussi l’occasion d’accomplir des activités contextuelles. Ainsi, dans le centre commercial, vous devrez pousser un caddie dans l’eau (parce que pourquoi pas ?), effrayer la Surveillante des lieux à l’aide d’un miroir ou encore donner un sourire au mannequin. Je vous avoue que ce dernier m’a échappé mais je suspecte qu’une fouille approfondie m’offrira le trophée convoité. Chaque boss, à l’image de la Surveillante, a un trophée qui lui est dédié reposant sur une action précise à accomplir comme frapper l’Ombre avec une arme, accomplir un rodéo avec le Taureau et pirater l’Eclair à l’aide de la radio.


Vous l’aurez compris : la quête du platine consiste à fouiller l’ensemble du jeu pour aussi découvrir ses secrets comme un laboratoire secret ou écouter les confessions d’un patient. Ces dernières seront à trouver via la radio, objet justement acquis dans ce niveau et qui se révèle fort précieuse pour votre progression. Rien d’insurmontable en soit, et qui est même en accord avec l’esprit d’In Sound Mind : errer dans l’esprit des patients pour mieux en dénicher les tourments.



Ah et n’oubliez pas de caresser le chat !



Entrer plus en détails au sujet de In Sound Mind ne ferait que lever le voile sur les mystères qui recèlent. Hors, comme tout jeu du genre, il se doit d’être pleinement découvert pour mieux profiter des effets de surprise et se laisser prendre au jeu de cette quête de la vérité. Il y aura forcément un patient qui vous plaira plus qu’un autre de par ses tourments mais aussi sa nouvelle identité en tant que boss. Le jeu est intégralement traduit en français que ce soit pour les phases de dialogues ou la lecture de documents. Si vous craignez de ne pas être de taille face aux créatures, In Sound Mind propose plusieurs modes de difficulté dont un Facile pour permettre aux joueurs de se concentrer sur l’aspect narratif du titre. Je conseille pleinement l’expérience pour ceux et celles appréciant justement ces vagabondages dans la psyché humaine et qui ne sont pas réfractaires aux errances perclus d’énigmes. Comptez entre dix et quinze heures de jeu selon votre propension à l’exploration et vos affinités avec les énigmes.

So-chan
8
Écrit par

Créée

le 28 sept. 2021

Critique lue 223 fois

So-chan

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