Souvenirs d'un autre monde

Il m'est très difficile de juger/noter/critiquer un soft aussi inclassable que Journey.
C'est plus un trip audiovisuel, interactif, sensoriel qu'un "vrai" jeu vidéo. Mais l’expérience est globalement à tomber par terre, car après avoir fini mon "voyage", j'ai vraiment eu l'impression de sortir d'un "truc", le sourire aux lèvres. D'avoir passé un moment dans un désert, dans une montagne, autre part. J'en étais éblouis physiquement. Je me sentais bien, ailleurs, ressentant pleinement des "souvenirs d'un autre monde" comme le chanterait Alcest.

Il y a des passages, mais, j'en avais limite les larmes aux yeux tellement c'est BEAU je n'avais jamais vu ça de ma vie. "Une peinture qui prend vie" comme dirait l'autre, le tout avec une bande son sublime qui porte ce qu'il se passe à l'écran de la plus belle manière qui soit. (elle évolue avec le contexte)
Mais Journey c'est aussi un "jeu" très court, très simple, linéaire et bien trop fermé. On va dire que le soft porte bien son nom : c'est un pur voyage.
C'est un peu comme un court métrage artistique, mais en jeu vidéo, car plus que jamais, je ne pourrai pas vraiment classer Journey autre part que dans la catégorie "œuvre d'art". Mais vraiment.
La symbolique de ce voyage est libre d’interprétation, que ce soit le parcours initiatique d'un être vivant, ses difficultés et joies dans la lumière ou les ténèbres, sans compter les pierres ancestrales rencontrées qui incitent le joueur à réfléchir sur ce qui a pu se passer dans l'univers proposé. Et même plus encore.
Rien que pour ça, c'est une expérience à refaire pour mieux cerner ses composantes.

L'entraide en coopération avec un autre joueur est très pauvre niveau gameplay, mais ça en fait une sorte de force quelque part : se balader dans un désert brillant de milles feux et voir au loin, un petit personnage comme nous, le suivre, arpenter les niveaux ensemble sans pouvoir réellement communiquer. Et puis le voir disparaitre sous les dunes.... Pour finalement percevoir l'appel d'une autre entité plus loin dans les montagnes. Le rejoindre et voler, glisser, explorer ensemble.

Au final, même si je salue l’expérience proposée, j'aurais bien vu un gameplay façon ICO dans Journey avec plus d'explorations et d'interactions dans les décors. En faire un vrai jeu d'aventure contemplatif en somme, c'est dommage de passer à coté d'un tel potentiel car l'univers de Journey est fascinant. Peut être à l'avenir, qui sait ?