Du haut d’un toit, j’observe ma cible. A une centaine de mètres se tient un réservoir d’eau déjà bien recouvert de pains de C4. Je n’ai plus qu’à presser un bouton pour semer le chaos. Bien évidemment, cela a des conséquences. Oh non, je ne parle pas des civils. Cela n’intéresse plus personne depuis bien longtemps. Y a-t-il une raison derrière tout ça ? Je n’en suis même plus sûr. Mais cela n’a pas d’importance. Il n’y a que la fuite qui compte. Inconsciemment, je souris. Clic.
Cette introduction vous fait peut-être penser qu’il y a un côté méta incroyable à la trame de ce Just Cause 2. Une histoire de fuite en avant où le héros ne peut empêcher le destin de s’accomplir. Bon, en fait non pas du tout, absolument pas, loin s’en fout (nouvelle expression que je trouve complètement adaptée ici). Le prétexte de ce monde ouvert est (volontairement) digne d’une série Z et ne représente véritablement aucun intérêt. Je ne pourrai même pas dire que Just Cause 2 est un nanar drôle. Cet enrobage reste d’un ennui mortel. Mais ce n’est pas l’important. En vérité, uniquement deux choses comptent : les explosions, le grappin et le parachute. Oui, je sais mais comptez les deux derniers comme un lot.
Just Cause 2 est avant tout un jeu d’arcade dans lequel le monde ouvert ne fait qu’augmenter le côté grisant de la fuite ou d’une situation entièrement hors de contrôle. Pour arriver à ces montées d’adrénaline, il faut à la fois les outils permettant de créer le chaos et un gameplay qui suit. Concernant le premier point, Just Cause 2 fournit pléthore d’armes plutôt classiques, de véhicules terrestres, maritimes et aériens. Mention spéciale aux avions qui sont les meilleurs générateurs de situations improbables où chaque assaut originellement prévu pour être distant se termine par un saut en parachute au milieu de la base pendant que l’engin s’écrase plus loin. Oups, mauvaise manœuvre.
Les sensations en jeu sont vraiment agréables. Tout paraît extrêmement simple à réaliser et immédiat à prendre en main sans que l’on se sente réellement limité. Les joutes à l’arme à feu sont peut-être les moins réussies mais cela encourage à tenter des stratégies ridicules à base de morceaux de statue accrochés derrière le véhicule pour faucher tous les gardes. Le but n’est pas de se planquer tranquille derrière son couvert et de tirer, non. Tout est fait pour forcer à la mobilité et ça tombe bien car Just Cause 2 excelle sur ce point.
Les variations de l’environnement dans lequel vous évoluez, sublime au demeurant, sont, en revanche, assez faibles. Les mêmes éléments d’une ville sont copiés-collés à l’infini, tout comme la jungle ou les étendues d’eau. Mais cela est peut-être l’un des rares cas de monde ouvert où cette répétition et l’immensité du monde ne sont pas problématiques. Le plaisir de tomber au hasard sur une ville, d’y mettre le dawa et de se casser à travers la forêt en combinant son grappin et son parachute font l’essence même de ce Just Cause 2.
Bien évidemment, au bout d’un certain temps, on se sent un peu lassé de faire des captures d’écran du héros avec en arrière plan une explosion de pipeline. Certes, après cinquante ennemis tractés derrière une jeep au milieu de la jungle, on rigole un peu moins. Oh, bien sûr, les activités pullulent, comme dans tous les mondes ouverts : courses de * choisissez votre moyen de transport favori * ou encore prises de forteresse, assassinats de colonels et autres trucs à collectionner à la con. Mais tout cela va presque à l’encontre de la nature « bac à sable » de ce jeu. Alors, on relance Just Cause 2 une fois de temps en temps, pour aller détruire un énième village. Y a-t-il une raison derrière tout ça ? Oh que oui, une sorte de plaisir rapide qui n’engage à rien. Vingt minutes, deux cent morts et autant d’explosions plus tard, je ferme le jeu. Le sourire est toujours là.