Kholat
5.6
Kholat

Jeu de IMGN.PRO (2015PlayStation 4)

Avant de se lancer plein pied dans l’aventure, il convient de prendre connaissance du contexte même de l’œuvre, dont les inspirations directement issues de faits réels constituent la première démarche originale. « L’Affaire du col Dyatlov » prit place en 1959 dans le nord de l’Oural, une imposante chaîne de montagnes située dans ce qui était encore l’Union soviétique. Ici seront retrouvés six randonneurs décédés dans des circonstances inexplicables. Ces derniers, après avoir déchiré leur tente de l’intérieur, ne se seraient enfuis que partiellement habillés avant de rendre l’âme. Trois des corps présentaient des blessures mortelles qu’un être humain aurait manifestement été incapable de prodiguer ainsi que de hautes doses de radioactivité. L’enquête se solda par la conclusion qu’une « une force irrésistible inconnue » aurait eu raison d’eux. Bien évidemment, les spéculations et autres rumeurs paranormales iront bon train, notamment celles de randonneurs affirmant la présence d’étranges sphères orange dans le ciel cette nuit là. Et c’est justement dans ce témoignage que le jeu dont nous traitons aujourd’hui prend sa source. L’expérience proposée sera de vous faire mener l’enquête au cœur des lieux et de la manière la plus réaliste possible, afin que le possible de ces évènements inquiétants accentue le sentiment de malaise du joueur.Cela d’autant plus que les doublage (uniquement anglophones) sont de grande qualité, de même que la bande son discrète mais constituant une indéniable réussite par le sentiment d’oppression qu’elle génère.


Le réalisme et ses contraintes


La manière qu’ont les développeurs d’aborder la crédibilité peut sembler logique de prime abord : un monde ouvert – l’Oural – où se mélangent exploration et survival-horror. Uniquement muni d’une torche, d’une boussole et d’une carte trouvée au sol sur laquelle sont griffonnées quelques coordonnées, vous voilà parti, fermement décidé à tirer le fin mot de l’histoire sous les traits d’un détective dont on ne connait que peu de choses. Mais dans ces vastes espaces enneigés, nul ennemi ou autre personne vous avisant de quelques conseils. Vous êtes seul, livré à vous même sans savoir quoi faire ni où aller. La seule option envisageable est de se rendre aux endroits indiqués. Mais ici, guère de curseur ou d’information de quelque nature que ce soit : il faudra compter sur vos aptitudes à utiliser correctement votre matériel et votre intuition, comme l’exigerait la réalité. Bien évidemment, tout est fait pour que vous vous perdiez souvent et longtemps, sans possibilité de sauvegarde, aucune en dehors des camps que vous découvrirez ça et là. Il est également impensable d’espérer courir ou sauter avec de telles conditions climatiques, ce qui rendra évidemment votre parcours laborieux le plus souvent.


La question du sens


Si l’idée semblera enthousiasmante pour les joueurs en quête d’originalité, l’ensemble laissera néanmoins dubitatif passé quelques heures. Tout d’abord, parce que les développeurs se contredisent eux-mêmes vis à vis de leurs intentions. Quitte à jouer la carte du réalisme, comment envisager que le personnage principal ne s’aventure dans cet enfer uniquement muni d’une lampe-torche ? A moins qu’il ne soit le détective-alpiniste le plus inconscient du monde, l’idée paraît difficilement justifiable. Mais admettons. Le plus dérangeant reste probablement l’absence de but. En effet, vous serez amené à errer longtemps et sans objectif aucun. Certes, certains évoquerons le plaisir de la découverte qui devrait vraisemblablement être le moteur offrant au joueur une raison de se perdre et de parcourir ces environnements. Malheureusement, la thématique de la montagne ne laisse que peu de possibilité à la chose. Pire, elle devient rapidement redondante. L’inévitable question finit alors par se poser : pourquoi persister dans un périple qui ne propose rien d’autre que de vagabonder sans but ?


Tomber sans se relever


La facette horrifique censée faire évoluer le scénario, ne s’imposera malheureusement pas comme une réponse suffisante. Outre le fait que jouer sur la peur dans un monde ouvert n’a que peu de sens, ces entités vous tueront la plupart du temps sans que vous ne compreniez pourquoi. Vous aurez bon recommencer dix, quinze fois, l’incompréhension sera la seule véritable entité à vous hanter. Recommencer, toujours et encore, soumis aux temps de chargement trainant en longueur entrainera une frustration énorme dont l’abandon risque fort d’être la conséquence. Bien entendu, la trame possède ses propres interprétations et demeure loin d’être inintéressante, mais le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?


Bien sûr, Kholat possède un potentiel certain et il est susceptible de plaire aux amateurs d’aventure hors du commun et de concepts originaux. Cela, malheureusement au prix de trop nombreuses frustrations qu’il faudra se résoudre à accepter. Une aventure pleine de bonnes intentions mais maladroite, à essayer avant d’acheter.

-Wave-
6
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Créée

le 27 mars 2016

Critique lue 399 fois

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