Killer is Dead est une déception.
Si l'on pouvait pardonner à Shadows of the Damned son gameplay bancal et le manque de profondeur de Lollipop Chainsaw, il est cette fois difficile de prendre la défense de Killer is Dead tant il a l'air de se complaire dans un manque de finition et d'ambition évident.

Pour la première fois, j'ai l'impression que Suda51 et son équipe de cinglés ont appliqué leur style sans savoir le doser, et sombrent de ce fait dans une auto-caricature involontaire.

On ne peut nier le travail remarquable abattu pour rendre l'esthétique attirante. Killer is Dead est très coloré, flashy, varié dans ses décors et profite d'un style assez proche des comics (à la manière de Killer 7). Sauf que la sauce ne prend pas, ou pas complètement. C'est bien beau de faire pleins de décors variés et barrés, mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment de la cohésion. Tout le long de l'histoire, on est ballotté d'un coin à un autre sans trop savoir pourquoi, ni comment. Il est impossible de suivre avec attention le scénario tant il est décousu.

De toute manière, le scénario est aussi peu captivant que dans No More Heroes. Sauf que cette fois, il n'y a même pas un personnage charismatique et/ou attachant pour rattraper le coup. Et ne comptez pas sur la présence de dialogues énigmatiques (Killer 7) ou jouissifs (Shadows of the Damned) pour rester éveillé, ils ont été écris avec les pieds.

Et c'est là un des gros problèmes du fonds de Killer is Dead. Un jeu qui se prend bien trop au sérieux, bien trop bavard pour le peu qu'il a à raconter. On passe plus de temps à mater des cinématiques sans intérêt qu'à jouer.

Dans tous les jeux Grasshopper, le fond prime souvent sur la forme (généralement pour des raisons budgétaires), cette fois, les deux ont été bâclés. Le gameplay, bien que dynamique n'est même pas capable de satisfaire les férus de beat'em all (alors que Lollipop Chainsaw faisait un effort de ce côté) car trop classique, voire minimaliste (peu de combos (on matraque le bouton carré), personnage vissé au sol, répétitivité extrêmes des combats, mise en scène sans surprise, level design minable et incohérent).

Pour terminer le cahier des charges, parlons du mode Gigolo. Ces petites séquences pleines de promesses sur papier sont dans la pratiques complètement nulles. Que ce soit sur le plan ludique, esthétique, humoristique, voire même érotique, rien n'est bon. Elles ont l'air d'avoir été bâclées à la dernière minute et ne servent que de transitions balourdes entre deux missions.

Heureusement, Killer is Dead arrive à se rattraper en terme de contenu. Si la durée de vie de l'aventure principale est ridicule, l'intérêt peut être relancé par la présence de missions secondaires, pas forcément très fun, mais apportant un peu de variété. Il y a aussi les défis de Scarlett qui sont franchement corsés, ce qui devrait intéresser les fans de beat'em all. Enfin, il est possible de débloquer et d'acheter divers objets, costumes et d'upgrader Mondo. Quelques séquences sont également intéressantes, comme les boss, et certains passages sortant de l'ordinaire.

Sans oublier l’inénarrable bande son, à la fois électro, rock et classique qui prouve une fois de plus le talent inimitable de Akira Yamaoka.

Finalement, Killer is Dead n'est pas si mauvais, mais il échoue partiellement à nous proposer une expérience solide fun et captivante. Killer is Dead est typiquement le résultat d'un développeur créatif et doué, mais trop sûr de lui. Grasshopper mise à fond sur le fan service (univers barré, WTF permanent, personnage classe, dialogues chelous, scénario capilotracté, ect...) et va même jusqu'à placer des références directes à leur productions antérieures (on entend une musique de Shadows of the Damned, la partie d'échec rapelle Killer 7, etc...). Seulement, tout ça sonne faux. Killer is Dead est une coquille vide, un jeu mal terminé qui a cru que faire n'importe quoi c'était artistique. Même dans le n'importe quoi, il y a de la cohérence, et ça Grasshopper l'a oublié.

Il serait temps pour Grasshopper de se réveiller et de remettre la machine à créativité en marche afin de ne plus réaliser des jeux sans âme comme Killer is Dead, destinés à caresser dans le sens du poil les fans du genre et qui oublient que l'essentiel n'est pas de répondre bêtement aux attentes des joueurs mais de les surprendre.
TheOctagon
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le 11 oct. 2013

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