LISA
8.1
LISA

Jeu de Dingaling Productions (2014PC)

Avec l’explosion de la scène indépendante ces dernières années, une nouvelle possibilité de financement a commencé à se populariser auprès des développeurs et des joueurs : le financement participatif. Utilisée sur des sites comme Kickstarter ou Indiegogo, cette pratique permet à des joueurs de donner de l’argent afin de soutenir un projet qu’ils apprécient, en échange de certaines récompenses selon le montant apporté. Cela a conduit à la création de grands jeux, comme Hollow Knight, mais a aussi provoqué de gros scandales, notamment celui de Broken Age. Les avis sur cette technique sont donc plutôt mitigés, mais sans elle certaines perles n’auraient peut être jamais vu le jour, comme le jeu dont nous allons parler aujourd’hui, LISA.


AVERTISSEMENT : le jeu se révèle très triste et assez sanglant par moments, je ne le recommande donc pas aux personnes sensibles.


Note : Je parlerai ici du jeu de base (LISA : The Painful) et de son DLC (LISA : The Joyful).


LISA est un RPG avec un défilement horizontal développé et auto-édité par le studio Dingaling. Dans ce jeu sorti le 15 décembre 2014, le joueur contrôle Brad Armstrong, un homme brisé qui veut retrouver sa fille adoptée, kidnappée car elle est la dernière fille d’Olathe, un monde post-apocalyptique ravagé par une drogue nommée Joy. Il sera aidé dans sa quête par des alliés qu’il pourra recruter au fil du jeu et qui l’aideront à combattre ceux qui se dresseront sur leur chemin.


Un univers post-apocalyptique aussi excellent que malsain.


Comme il est possible de s’y attendre, l’univers de LISA n’est pas joyeux du tout. Cependant, il dégage une atmosphère extrêmement singulière, qui le différencie des autres mondes de ce genre. Tout d’abord, le design des personnages est parfait. Ils sont tous réussis et semblent totalement à leur place dans ce monde. Ensuite, pour rester dans les créatures que l’on peut rencontrer, les ennemis (notamment les « Joy mutants ») sont magnifiquement dérangeants. L’un des personnages qui m’a le plus marqué est Wally, de par son esthétique très réussie et intéressante. Mais les créatures ne sont pas les seules choses réussies dans cet univers. En effet, les croisements (au nombre de trois, ils permettent d’accéder aux salles importantes du passage où se trouve le joueur), les villages et les bâtiments sont eux aussi très appropriés, avec par exemple des bars dans les cavernes, des maisons vides ou bien de grandes bâtisses délabrées. Enfin, les décors sont à la fois vides et fournis, avec à chaque fois de nombreux objets et débris (voire même cadavres) qui permettent de plonger un peu plus le joueur dans l’ambiance.


Un scénario original, mature et prenant.


Derrière cet univers cruel et sanglant se cache une histoire excellente. Librement inspiré du roman dystopique de Phyllis Dorothy James intitulé The Children of Men, LISA traite de sujets tristes tels que la maltraitance paternelle, la perte et la séparation. Et, contrairement à la plupart des jeux traitant de ces thématiques, LISA n’est jamais superficiel, et il ne fait jamais de cadeaux au joueur, notamment dans les choix qu’il propose. Car oui, il y aura des choix à faire au cours du jeu, des choix qui changeront le cours de l’aventure et qui impliqueront de nombreux sacrifices. Les dialogues sont quant à eux superbement bien écrits, remplis d’humour noir et toujours profondément humains. Aucun personnage n’est manichéen, et beaucoup d’entre eux se révèlent assez attachants au final (notamment Brad), que ce soit les protagonistes ou les antagonistes. Il y a tout de même un point noir qui réside dans le fait que certaines scènes misent un peu trop sur les émotions en exagérant, ce qui peut presque paraître caricatural.


Du point de vue du DLC, le scénario et l’écriture sont toujours aussi travaillés, et il nous dévoile la psychologie du personnage de Buddy, la fille que Brad tient à retrouver. Les thèmes traités sont toujours là, en y accentuant la thématique de la famille, déjà assez présente dans le jeu original.


Je finirai par dire que les fins des deux opus sont géniales, et arriveront sûrement à faire lâcher une larme même aux plus insensibles.


Une ambiance dérangeante omniprésente et réussie.


Déjà, comme dit précédemment, l’univers contribue énormément à l’ambiance. Mais ce qui fait vraiment rentrer totalement dans l’ambiance du jeu, c’est la bande-son composée par Widdy 2 Diddly (qui a d’ailleurs un personnage dans le jeu). En effet, elle colle totalement à la tonalité du jeu, fournissant ainsi bon nombre de pistes étranges et décalées inspirées par les musiques d’Earthbound. Ma piste préférée est de loin 666 kill chop Deluxe, présente dans LISA : The Joyful, car elle est vraiment atypique et très entraînante. On peut aussi parler des effets sonores, qui peuvent tantôt faire rire (le bruit lorsqu’un protagoniste tombe K.O. m’a personnellement fait sourire) tantôt faire très peur (le rire de Wally). Enfin, les effets visuels, bien qu’assez sommaires dus à l’aspect graphique, remplissent bien leur rôle et peuvent susciter malgré tout des émotions.


Un gameplay assez plaisant et dynamique.


Au premier abord, le gameplay de LISA peut paraître assez sommaire, mais il se révèle au final assez intéressant et peu répétitif, notamment grâce à certaines phases qui rendent le tout plus diversifié. Le joueur pourra par exemple faire de la moto et du bulldozer à certains passage ou bien participer à un championnat où il faudra combattre de nombreux adversaires. En parlant des combats, ils sont la partie la plus réussie de ce gameplay. S’inspirant ici aussi de ceux d’Earthbound, les combats sont dynamiques et demandent pas mal de stratégie, puisqu’il y a beaucoup de compétences utilisables pour chaque personnage de l’équipe et que les ennemis possèdent certaines fois des faiblesses et des résistances. D’ailleurs, le grand nombre de partenaires possibles (une trentaine) permet de construire l’équipe que l’on veut, mais cela requiert de trouver les partenaires en question, disséminés partout dans Olathe. De plus, le personnage principal est accro à la drogue présente dans le jeu, la Joy, et il faudra donc faire attention à ce qu’il ne soit pas en manque (il y a d’autres moyens que lui donner la drogue en question) car il deviendra beaucoup moins utile en combat. Il y aura aussi des évènements aléatoires pour pimenter l’aventure, notamment lorsque le groupe se repose. Cela peut prendre la forme d’un empoisonnement ou même d’un kidnapping d’un des membres de votre équipe. Enfin, comme dit précédemment, les choix moraux pourront eux aussi impacter le gameplay, mais il est préférable de découvrir ça en jeu.


Qualités :


– Un univers irréprochable
– Une bande-son d’une immense qualité
– Des personnages bien écrits et humains
– Une ambiance dérangeante réussie
– Un humour noir bien maîtrisé
– Des combats dynamiques
– Un scénario très intéressant
– Un gameplay sympathique
– Une durée de vie très correcte (10h pour le jeu original, 3h pour le DLC) et beaucoup de contenu
– D’excellentes fins


Défauts :


– Le jeu force parfois un peu trop le trait sur les émotions de certaines scènes


En conclusion, malgré son manque de subtilité à certains moments, LISA est une gigantesque perle trop souvent oubliée lorsqu’on parle d’excellents jeux indépendants. Si les graphismes étranges du jeu ne vous rebutent pas, je vous recommande immensément d’y jouer afin de vivre cette aventure dure et cruelle, mais extrêmement bien menée. Enfin, LISA étant unique en son genre, il m’est impossible de conseiller des jeux qui pourraient lui ressembler, à part évidemment la saga Mother dont fait partie Earthbound.


Cette critique de LISA est tirée de mon blog, si vous voulez y jeter un coup d'oeil (il n'y a pas grand chose qui change, si ce n'est les captures d'écran à la fin de chaque paragraphe pour illustrer mes propos), c'est ici !


LISA, la tragédie humaine.


Merci d'avoir lu! :)

MurkyKwak
9
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Créée

le 11 nov. 2018

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