J'attendais beaucoup de l'Ombre du Mordor et en fait le jeu ne correspond absolument pas à l'image que je m'en faisais. Déjà, avec un univers comme celui du Seigneur des Anneaux on pouvait s'attendre à ce qu'on nous vende du rêve... Peine perdue. Le jeu est d'une tristesse absolue, vide et d'un gris / marron déprimant. Il y a une certaine logique avec le fait d'être cantonné au Mordor mais c'est justement cette idée qui est décevante : l'univers de Tolkien regorge d'endroits propices à l'évasion, au voyage, et là on se retrouve bloqué dans des plaines étriquées et désertes.


Bref, l'Ombre du Mordor est tout simplement un jeu d'action décérébré bête et méchant, au scénario nul et sans intérêt. J'ai failli être encore plus dur avec le jeu car je trouve qu'il n'a pas grand chose pour lui, tout est générique, déjà vu, pompé ailleurs, sorte de mixture impersonnelle et sans identité visuelle. Mais un déclic finit par se produire quand on arrive sur la seconde map et surtout quand on débloque les pouvoirs les plus intéressants : les combats se transforment alors en une orgie de fun.


Pourtant ce n'était pas gagné, les débuts sont très laborieux et les premiers affrontements ne se démarquent pas vraiment de la concurrence. Le jeu a la mauvaise idée de faire de son scénario un immense tutoriel. On a non seulement l'impression que le jeu ne décolle jamais vraiment mais les pouvoirs les plus intéressants se débloquent à la moitié voire aux deux tiers du jeu. Arrivé à ce stade, on a presque affaire à un nouveau jeu.


Ça reste toujours aussi bas du front et décérébré mais on joue pour le plaisir de démembrer de l'orque, sans rechigner, et même avec un petit goût de reviens-y qui nous amène gentiment à boucler quelques quêtes annexes sans intérêt et à finir le jeu tranquillement. Si le jeu ne propose rien d'autre, il faut quand même louer le fait qu'il porte le concept de combats de mêlée à son paroxysme.


Les pouvoirs disponibles sont très bien vus ; en gérant bien on peut créer une jolie boucle d'enchaînements qui permettent d'éliminer les ennemis avec efficacité et classe : parades, étourdissements, exécutions instantanées, tirs au ralenti à l'arc et cerise sur le gâteau, la possibilité d'enrôler les ennemis à la volée... Les combats peuvent être réellement éprouvants car le nombre d'ennemis est parfois hallucinant mais un délicieux sentiment de maîtrise ressort des enchaînements.


La présence de capitaines orques (des ennemis plus puissants, plus ou moins sensibles à certaines attaques) apporte un peu de piment aux joutes. Mais je ne suis pas forcément convaincu par le système de Némésis alors que c'est l'argument massue qui ressort quand on parle de l'Ombre du Mordor. L'idée de Némésis en elle-même (faire monter en grade et en puissance un ennemi qui nous a tué) n'est pas très intéressante (je me suis rarement fait tuer plusieurs fois par le même ennemi). C'est plutôt l'organigramme de l'armée orque qui est original, surtout grâce à la possibilité d'enrôler certains ennemis pour les faire combattre leur chef et ainsi se faciliter la tâche pour certaines quêtes. En fait il ne faudrait pas parler de système Némésis mais plutôt de hiérarchie orque.


C'est dommage car l'Ombre du Mordor a un système de jeu plutôt réussi - même s'il met longtemps à se dessiner - mais il se rate sur ce qui aurait dû être son point fort car toute la matière brute était déjà disponible : l'univers, la direction artistique, le scénario...

benton
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le 26 juin 2019

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