Le tissage du destin

J'ai voulu faire une critique de ce jeu car une envie soudaine et irrépressible m'est venue de le refaire totalement de A à Z. Aussi, je me souvenais lui avoir mis une note très élevée sur Senscritique, mais ne savais plus laquelle. Je regarde. 8/10. Ce jeu les vaut-il vraiment après un deuxième aperçu ? Et bien, oui, il me semble, je l'ai d'ailleurs augmentée d'un point, nous donnant ainsi un joli 9/10. Je vais expliquer en détail mon choix, sachant que l'on s'éloigne assez loin des notes des autres personnes.
Tout d'abord, admettons certaines choses. Reckoning est un RPG extrêmement classique avec des classes (certes peu variées) et des arbres de compétences limités à la façon dont chacun préfère jouer : l'adresse, la force ou la magie. On retrouve ce type d'expérience de gameplay dans un bon tas de jeux de rôles comme dans les grands noms de cette catégorie (Fable, la saga des Elder Scrolls, pour ne citer qu'eux). Les graphismes du jeu ne piquent pas pas trop les yeux mais cela reste très moyen dans l'ensemble. Tout comme la direction artistique que l'on peut tout de même saluer pour certains jolis décors et environnements tandis que d'autres sont complètements repompés à la manière de la ''maison type'' ou le ''donjon type''... Le doublage est... Français, donc aucune surprise quand au jeu d'acteur et à la pauvreté du nombre de voix (pour vous donner un exemple, toutes les vendeuses ont la voix VF d'Eva Longoria dans Desperate Housewifes. Véridique). De plus, je pourrai ajouter que, malheureusement, comme beaucoup de jeux du même style, on se retrouve souvent dans des villes de quatre maisons pour loger vingt PNJ, on se croirait en Chine pour peu. Dans tous les cas, cela contribue à rendre l'univers peu vivant et réaliste.
Alors voilà, le constat est fait. Maintenant, après tout ça, pourquoi mettre 9, me direz-vous ? C'est très simple, j'adore ce jeu. Les combats sont dynamiques et on nous laisse la possibilité de jouer d'un bon nombre de façon, même si lors des combats, la caméra est un peu foireuse. Déjà il y a cela. Ca peut ne pas paraitre important mais cela change tout un point de vue sur un jeu du même style quand 50 % de l'expérience est basée sur le combat. Les 50 autres % concernent, eux, le scénario. Parlons enfin de ce dernier afin d'aborder le pourquoi véritable de ce 9. L'écriture de Reckoning est inégale. Nous avons une histoire principale décevante et par trop cliché à la sauce "vous êtes l'élu qui changera le destin du monde en tuant le grand méchant bidule et blablabla et blablabla...'' Très peu pour moi (alors que cela fonctionne à merveille dans certaines autres oeuvres, pour le coup, mieux manoeuvrées, comme Oblivion par exemple).
Et là, je vous sens sceptique. Le mec déraille. Il nous sert une critique plutôt amère du jeu et pourtant il met 9/10... Comment peut-il remonter cette pente glissante ? Un mot : FAE. Et derrière ce mot étrange se cache un peuple véritablement original et une somme de quêtes passionnantes. Les Fae sont un peuple d'immortels (comme peuvent l'être les Elfes) composés d'êtres de grande stature aux faciès allongés et aux cheveux multicolores. Leur allure est très sylvaine tout comme leur expression hautaine et supérieure envers nous autres, pauvres mortels, qu'ils nomment ''enfants de poussière''. Tout est intéressant chez ce peuple et c'est rare de trouver pareille perle dans un univers similaire (que le contraste soit aussi évident je veux dire). Et ce qui me fascine le plus chez eux c'est la façon qu'ils ont de traiter leurs légendes et leurs héros. nous, en tant qu'humains mortels, nos héros le deviennent le plus souvent après leurs morts, on idéalise alors leurs faits que l'on relate avec plus ou moins d'agréments et de justesse. Les Fae ne font pas que que raconter leur histoire, ils l'a répètent. Les légendes Fae sont appelées des ''ballades'', apparaissant sous forme de chants de troubadours narrant la légende de sire un tel, qui tua machin et sauva truc... Jusqu'ici, rien de bien extraordinaire. Les Fae, comme je l'ai dit, répètent. Et de part leur immortalité, chaque héros fait survivre sa ballade et son histoire en recommençant le chant par cycle. Ainsi, chaque héros est en quelque sorte condamné à suivre le même chemin, chaque ennemi à mordre la poussière devant lui... On est face à de véritables représentations de théâtre que l'on rejoue sans cesse sauf qu'ici les choses sont censées être réelles. En quelque sorte, c'est un véritable drame que de se retrouver bloqué dans sa propre histoire, seulement, eux en sont très fiers. C'est une façon de ne jamais oublier... Et rien que pour cela, je trouve que ce jeu vaut vraiment le coup. De plus, les quêtes des Fae prennent un tournant très intéressant lorsqu'un ''esprit malin'' tente de changer les ballades afin de briser le cycle. Cela pourrait faire penser à des héros de roman qui tenteraient de se venger de l'écrivain qui les tourmente. C'est grandiose...