Life is Strange c’est l’histoire d’un jeu qui n’avait pas l’air d’avoir grand-chose pour me plaire, mais qui a su faire opérer son charme grâce à son excellente écriture. Puis tout ça est parti à la poubelle à cause du dernier épisode, mal écrit et illogique, qui réussira l’exploit de défaire en deux heures tout ce qu’avaient construit les quatre premiers épisodes.


En effet, au premier abord, le côté « fiction pour adolescents » ne me vendait pas du rêve. La lecture du journal intime en début de partie était rasoir, les premières scénettes étaient une accumulation absolument hallucinante de clichés vus et revus sur les écoles américaines, mais bon j’allais pas baisser les bras si tôt (même si le FOV a bien tenté de m’achever) ! Mais rapidement les premiers éléments de nature à titiller la curiosité surviennent, et c’est suffisamment bien écrit pour me donner envie de progresser.


Le gameplay lent m’ennuie bien un peu et me donne pas vraiment envie d'explorer (d’autant plus que j’aime bien jouer RP et qu’il n’y avait aucune justification scénaristique à fouiner partout), du coup je me laisse guider par les rails du scénario, et je finis par bien apprécier le premier épisode, qui se termine intelligemment sur une note très intrigante.


Puis je progresse d’épisode en épisode, de plus en plus happé par l’histoire et séduit par la qualité d’écriture du jeu. Le format épisodique me gave un peu avec son découpage un peu artificiel, il y a un peu trop de chansonnettes mièvres à mon goût, mais je m’attache à Max et à Chloé et je suis totalement happé par l’histoire. Il y a un côté franchement épique à cette aventure hors norme, et je me prends à espérer un final dantesque pour venir brillamment couronner tout ça.


La révélation finale du quatrième épisode m’ayant mis l’eau à la bouche, je commence le cinquième épisode avec la furieuse d’en découdre !


Mais l’histoire se met à faire le yo-yo entre les temporalités alternatives de la manière la plus maladroite qui soit, en faisant progresser l’histoire puis en la détricotant brutalement, ce qui commence à me détacher de l’histoire en m’empêchant de croire ce que je vois ; et en envoyant le dangereux message que quoi qu’il advienne à l’écran, il ne faut pas y accorder trop d’importance car le scénariste peut décider brutalement de tout mettre à la poubelle. On raconte un truc, puis on twiste dans un sens, puis on dé-twiste, puis on raconte autre chose… Stop à la fin, y’a plus aucune immersion possible là !


Et pour faire suite à ce gloubi-boulga narratif, alors que l’héroïne a l’air d’avoir rejoint un point tangible de l’histoire, et qu’on espère pouvoir s’ancrer à quelque chose, on est propulsé dans une séquence onirique sans queue ni tête, pénible à jouer et bourrée d’auto flagellation caricaturale. Et là on est tellement perdu que le jeu perd tout intérêt. Cette séquence longue et laborieuse me passe en mode « vite vite la fin, j’en ai marre », et lorsqu’elle se termine le jeu décide de me cracher à la gueule le dernier choix du jeu.


Un choix caricatural et bidon, mal amené, mal justifié, qui est la conclusion ultime de la logique « Peste ou Choléra ? » qu’on sentait un peu dans certains choix précédents proposés par le jeu. Alors certes, les scénaristes ont choisi de prouver que le choix est justifié par l’épilogue à posteriori, mais, au moment de faire ce choix, absolument rien ne prouve que laisser mourir Chloé va améliorer quoi que ce soit… Pourquoi cela aiderait-il à faire arrêter Jefferson (d’ailleurs n’aurait-il pas du fuir à la seconde où il apprend que Nathan a été arrêté ?) ? Pourquoi souhaiter un si triste avenir à Nathan (il est clairement malade et a besoin d’aide médicale, pas de finir en prison) ? Et surtout, pourquoi prendre le risque de tuer Chloé alors qu’on n’a aucune certitude que cela stoppera la tempête ? Certes on se rend bien compte que c’est le choix que les scénaristes attendent de nous, mais si on joue RP on n’a aucune preuve de cela…


Une histoire prenante qui fait passer le gameplay moyen au second plan, mais qui a le mauvais goût de se prendre royalement les pieds dans le tapis lorsque vient pour elle le moment de se conclure.


13/20

Jopopoe
7
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le 26 août 2018

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