Wasteland of opportunity

Une combinaison de Mad Max et des GTA-like, deux choses pour lesquelles j'ai une grande affection, pour moi c'était le rêve.
J'ai bavé devant chaque trailer au fur et à mesure de leur apparition, et j'ai fini en vitesse Hotline Miami 2 pour pouvoir filer dans le wasteland dès que possible, à partir de la sortie du jeu Mad Max.

Le héros ne ressemble ni à Tom Hardy, ni à Mel Gibson, mais ce jeu est principalement basé sur Fury road (ce qui me convient très bien, forcément). On retrouve les Warboys, Pétroville, et, parmi les détails, le bracelet en paracorde autour du poignet du héros, comme celui qu'il arbore dans le dernier film.
Mais le jeu élargit un univers déjà vaste, en enrichissant le vocabulaire, l'environnement, la galerie de personnages, parfaitement dans la lignée de ce qui a été établi dans la saga au ciné.
Les développeurs ont respecté la démarche de Miller, qui pour sa part, faisait en sorte que n'importe quel personnage, décor ou objet ait sa propre histoire.
Il y a des types d’ennemis beaucoup plus nombreux, qui correspondent à différents rangs dans la hiérarchie de chaque faction.
Les environnements vont de l’ancien fond marin, désormais transformé en désert, au dépotoir gigantesque où chaque sommet est un empilement d’ordures.
Ce qui fait que même sans la backstory qui a été rédigée pour chaque élément, on sentirait qu’il y a une histoire derrière.
Se retrouver dans un énorme désert parsemé de vestiges de l’ancienne civilisation n’empêche pas une grande variété des décors : il y a des gares enfouies sous le sable, un aéroport transformé en repaire, des épaves d’avions ou de bateaux recyclés en refuges…
J’aimerais que, comme pour Fury road, sorte un bouquin "The art of…", parce que sur le jeu aussi il y a un travail extraordinaire, ce territoire dévasté est un véritable monde de merveilles. J’ai été ébloui par les jeux de lumières, les textures, et, bien sûr, les costumes (le jeu m’a donné quelques idées…). Par ailleurs je trouve que le jeu inclut la seule chose qui manquait dans les films concernant le look des personnages : les modifications corporelles. Ici, on a un type qui s’est glissé des pointes sous la peau du visage.

Max a toujours été un guerrier solitaire, mais les développeurs ont pris la décision, probablement peu aisée, de lui attribuer un sidekick, Chumbucket. Un bossu étrange et barjo, qui emploi des expressions qui lui sont propres. Un personnage plutôt amusant et attachant. Evidemment Max s’en passerait bien, mais sa présence est requise en raison de ses compétences de Pouce Noir (mécano ; terme introduit dans Fury road), qui justifient les améliorations du véhicule, et les réparations des dégâts reçus. Le personnage permet également d’utiliser des armes pendant la conduite.
C’est une idée bien trouvée, qui sert les intérêts d’un jeu vidéo mais en restant cohérent avec l’univers existant.
De la même façon, on retrouve les bâtons de feu de Fury road, qui servent d’arme (en planter un sur le torse d’un adversaire, c’est sympatoche), et les tempêtes, qui surviennent aléatoirement, et qu’on peut choisir d’éviter ou d’affronter pour récupérer des caisses d’objets.

Il y a bien une carte pour parcourir ce territoire, mais on peut rouler comme on veut sans suivre de route. On a donc un bon sentiment de liberté, surtout à bord d’un véhicule qui, miraculeusement, ne se renverse jamais.
C’est une chose que je regrette avec ces jeux où tu disposes d’un GPS : ne pas pouvoir simplement indiquer un point sur la carte et rouler dans cette direction, en trouvant le chemin toi-même. De plus dans Mad Max, on se laisse aller à dévier du parcours pour aller attaquer un camp, ou interagir avec des personnages rencontrés aléatoirement, à la Red dead redemption. On peut croiser un convoi de Warboys et décider de le prendre d’assaut…
…Même si, une fois qu’on a le harpon de feu, la tâche devient trop aisée. On fait sauter les véhicules en un coup, ce qui retire tout challenge.
C’est un des principaux défauts du jeu d’ailleurs ; je ne sais pas si je me serais fait la réflexion si je n’avais pas enchaîné les deux Hotline Miami avant Mad Max, mais ça manque de difficulté.
Les combats, bien que d’une violence agréable, se résument en un enchaînement de clics, il faut juste le faire à peu près au bon moment. C’est comme dans la série des Arkham, mais en plus simple encore. Je regrette aussi que les munitions se fassent si rares, ce jeu manque de fusillades.
Mais le manque de difficulté est surtout flagrant lors des courses. Je déteste les courses dans les GTA, parce que je suis nul, mais là je dois admettre qu’il n’y a aucun challenge. Tu sèmes les adversaires en 5 secondes, et ensuite tu n’as aucun obstacle, tu peux prendre des raccourcis comme tu veux.
Sûrement ce qu’il y a de plus raté dans le jeu.
Pour rentrer un peu plus dans les détails, il y a deux éléments qui m’ont gêné dans le gameplay : premièrement, à chaque interaction, que le personnage remplisse sa gourde, mange, ou parle à quelqu’un, il y a un court fondu au noir qui fait passer à une cinématique, et qui brise la fluidité. Ensuite, il y a cette option pour conduire en vue à la première personne, c’est une idée sympa, mais on y voit rien, il y a trop de choses qui obstruent le champ de vision ; dommage.

Pour ce qui est de l’intrigue, elle est très simple et classique : Max veut simplement se rendre vers les "Plaines du silence", un lieu qu’il aurait inventé de toutes pièces, mais pour cela il a besoin d’un véhicule. Or, après avoir été dépouillé, il doit collaborer avec tel personnage pour avoir une voiture, puis l’améliorer avec diverses pièces, mais pour les obtenir il doit rendre service à quelqu’un, et pour cela aider quelqu’un d’autre, etc.
Donc comme dans Red dead, tu te retrouves à devoir accomplir de nombreuses tâches pour atteindre un objectif plutôt simple, et affiché dès le début.
Une grande partie du temps, il faut affaiblir l’emprise de Lord Scrotus sur le territoire, de diverses façons, mais qui en reviennent toujours à de la destruction ou du massacre.
C’est le même schéma que dans Just cause, où tout nous ramenait à l’affaiblissement du gouvernement d’une île, mais c’est un peu plus varié dans Mad Max, et il y a cet univers post-apo sublime qui empêche de se lasser trop vite. Mais quand même, peu importe les objectifs qui servent de justification, on se retrouve à faire toujours un peu la même chose.
Enfin, j’ai quand même passé 37h dessus, donc c’est qu’on ne s’ennuie pas trop.
J’ai rempli beaucoup d’objectifs secondaires, me souciant pas tant que ça de l’intrigue principale, mais une fois qu’elle est finie, c’est certain, elle est vraiment trop courte pour la quantité de missions secondaires.
Et j'ai aussi été déçu par le final, et le sort réservé aux personnages.

J’ai hésité à mettre 6 ou 7 à Mad Max, j’aurais voulu mettre un 6,5. Le jeu est prenant, et je vais continuer d’y jouer pour continuer de remplir certains objectifs secondaires, mais c’est en partie grâce à cet univers post-apocalyptique qui m’est cher (et je n’entends pas par là uniquement le design, mais tout ce que ça englobe et que j’ai évoqué). Peut-être aurais-je été lassé plus facilement, sinon.
Une suite pourrait régler ces défauts, mais je doute que ça se fasse.