Je n'avais pas du tout aimé le premier Mafia, pourtant encensé. J'avais trouvé les graphismes et le gameplay affreux, ça m'avait foutu un mal de crâne.
Mais j'ai un faible pour les GTA-like, c'est vraiment le type de jeu que je préfère, et je suis prêt à tester à peu près n'importe lequel tant que ça n'a pas l'air trop mauvais. Et finalement, Mafia 2 ne semblait pas si mal, et une meilleure alternative à l'adaptation vidéoludique du Parrain, dans le même genre.


Huit ans séparent le premier Mafia de cette suite, et déjà les graphismes sont tellement mieux. Les décors sont soignés et prennent de l'ampleur, il y a plus de PNJ, et ça rend le jeu bien plus vivant.
La mise en scène s'en retrouve améliorée également, on a droit à des mouvements de caméra plus amples, plus libres durant les cinématiques.
Même lorsqu'on a un objectif précis, on peut traîner aux alentours et le dialogue s'engage dès qu'on s'approche de certains personnages (un mec qui pisse : "Are you here to see Mr Wong... or Mr Wang ?) ; une touche agréable, qui donne envie d’explorer.
Bon il y a quand même un souci de caméra à chaque fois qu’on veut voir le personnage de face alors qu’il est devant un mur, et quelques légers lags, même en baissant ma configuration, et pourtant mon ordi fait tourner des jeux un peu plus récents sans problèmes.


Concernant le gameplay, nette amélioration aussi. La prise en main est simple, la conduite reste un peu rigide mais on s’y fait, et on a enfin des véhicules plus rapides qu’un escargot et qui ne se font pas arrêter pour excès de vitesse au bout de 2 minutes (qu’on ne me dise pas que c’est relatif au changement d’époque, il y avait des véhicules de course aussi dans le premier Mafia, mais on était obligé de rouler à deux à l’heure).
Et putain, quand le héros court, il court vraiment ; même quand il marche, j’ai l’impression qu’il va plus vite que quand le personnage du 1 "courait", c’était tellement frustrant.
Un élément du gameplay que j’ai bien aimé et qui se distingue des autres GTA-like, c’est qu’on peut se planquer derrière des éléments du décor, et quand on est recherché par la police, l’évasion est plus prenante. On n’a pas juste à sortir d’une certaine zone, dans Mafia II ça nécessite qu’on se faufile derrière des objets pour s’enfuir ni vu ni connu.
Autre originalité, les objets à collecter sont ici des numéros de Playboy… La collaboration avec le magazine qui pue le placement produit, et c’est d’autant plus gratuit que c’est anachronique. C’est un peu con aussi de voir le héros dévier de son objectif pendant une fusillade pour récupérer un magazine… Mafia II est assez sexiste à de nombreux moments en plus. Les photos sont quand même bien choisies, c’est peut-être relatif à l’époque mais on constate qu’il y a un aspect artistique qui fait que la nudité n’est pas vulgaire… mais ça fait bizarre de voir des pin-up d’il y a 50 ans, certaines mortes depuis (j’ai aussi vu qu’une d’elles est en prison pour meurtre maintenant).


C’est une référence pour tout le monde, donc il est impossible de ne pas penser au film de Coppola quand on joue à Mafia II. D’autant plus que le héros se nomme Vito (Scaletta) et qu’il vient aussi d’une famille pauvre de Sicile qui a émigré aux USA. Il y a même une intrigue semblable avec sa sœur battue par son mari.
Il y a toutefois des divergences intéressantes, le jeu débute alors que Vito est embrigadé dans l’armée, pour échapper à la prison. C’est durant la guerre qu’il est témoin pour la première fois de la puissance dont peut être doté un chef mafieux, puisqu’un Don en Sicile parvient à faire se rendre des soldats, sur simple demande.
Mais si le héros trempe dans de sales affaires, ce n’est pas au départ par envie de pouvoir ou par goût pour le crime, c’est par nécessité, et il y a là une sorte de fatalité qui me plaît.
Feu son père a trimé toute sa vie pour pas grand chose, et Vito ne veut pas devenir comme lui ; par ailleurs, le défunt a laissé des dettes à sa famille.


On trouve dans Mafia II les missions habituelles de braquage, d’exécution, et de poursuites ; j’en suis toujours friand, mais c’est encore plus agréable quand l’histoire autour tient la route.
Vito connaît un passage par la case prison, chose un peu plus rare dans ce type de jeu, et c’est pas mal d’en avoir profité pour représenter le changement d’époque pendant ce temps, et d’avoir pris la peine d’adapter les costumes, véhicules et décors. (bon pour moi le passage des 40’s aux 50’s, ça signifie surtout de meilleures musiques à la radio)
L’histoire a un caractère humain ; comme chez les Corleone, les personnages sont des Italiens pour qui la famille est primordiale. Mafia II présente alors des moments de vie plutôt agréables, et des dialogues immersifs qui font s’attacher aux personnages. Les discussions avec le pote un peu beauf de Vito, Joe, sont très marrantes (ses pick-up lines sont énormes).
Par contre, des personnages secondaires sont trop peu présents pour que les sous-intrigues sur l’évolution de leurs rapports fonctionnent totalement. La sœur de Vito dit à un moment ne plus le reconnaître, alors que ce constat n’est pas si bien amené.
Malgré ça, pour comparer une dernière fois au jeu d’origine, le scénario de Mafia II me semble bien plus développé. On y aborde certains conflits moraux du protagoniste, et c’est un type de récit qui diffère des GTA, où le crime paye et où l’on connaît une montée en puissance : on a plus de fric, de maisons, de voitures, de costumes, … On prend plaisir à progresser et accumuler les récompenses, alors que dans Mafia II, on nous conte une histoire faite d’ascensions et de chutes, à la façon de Scarface ou L’impasse (normal pour un héros qui s'appelle Scaletta, "échelle" en Italien).
Rien ne sert de récupérer de belles voitures et de customiser son personnage en achetant des habits, car on ne fait que perdre ce qu’on a acquis.
Et ça justifie pour moi le choix de ne pas pouvoir continuer le jeu une fois l’histoire finie, ce que certains reprochent au jeu. Alors qu’au final, Mafia II n’a pas pour but de gratifier le joueur de récompenses virtuelles, mais de raconter ce récit sombre et pessimiste. Et en cela, j’ai trouvé la fin énorme, dans la logique du reste, alors que là aussi j’ai vu que nombreux étaient ceux à qui elle a déplu.

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le 19 août 2016

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Wykydtron IV

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