Bon, je vais d'abord commencer ma critique de ce Spider-Man par les quelques points qui m'ont déçus. Il y a d'abord ce qui traduit selon moi un certain manque d'ambition et de créativité, voire même de folie : tout le côté annexe du titre, ici particulièrement générique et presque exclusivement Fedex. Sérieusement, je pensais qu'un certain The Witcher 3 allait niveler la qualité des missions secondaires vers le haut au niveau des Open-World, mais visiblement Insomniac a pas mal bâclé ça. Pourtant il y avait de quoi piocher dans le riche casting de vilains plus ou moins secondaires de l'univers Spidey (genre Kraven le chasseur, Chacal, Caméléon, Scarabé… etc) et qui se prêtaient bien à des quêtes annexes scénarisées de part leur potentiel respectif. Mais non ! Avant d'avoir le jeu je me disais qu'on juge la qualité d'un OW à ses missions annexes, et là forcé de constater que l'araignée loupe le coche. Seul une quête nous offre un bon combat de boss contre un bad-guy propre à la série, c'est un peu du foutage de gueule !
Autre ombre au tableau qui m'a d'ailleurs rendu impatient pendant une bonne partie de l'aventure : les boss sous-exploités et rapidement expédiés dans le dernier tiers. Je trouvais le casting pourtant dense et ultra prometteur sur le papier, et là on se retrouve avec du Electro, du Rhino, du Vautour, du Scorpion relégués au simple rang random de faire valoir dans l'histoire alors que ce sont quand même des super-vilains assez iconiques de l'univers quoi. Alors ok, les deux méchants majeurs de la trame principale sont Mister Negative et Dr Otto mais ça n'empêche pas que je reste sur ma faim pour les autres. Sinon rien à dire sur leur chara-design respectif que je trouve vraiment classe et réussi.
Dernier point qui fâche : l'Intelligence artificielle limitée qui a tendance à te laisser un peu trop dézinguer les ennemis (surtout ceux armés de fusils ou de basooka) et qui est assez aveugle et sourde. On va aussi passer le fait que les ennemis ne jettent jamais un coup d'œil aux plafonds ou sur les toits alors que l'on sait que c'est le terrain de jeu privilégié de l'homme-araignée... Niveau cohérence et immersion c'est moyen même si on a l'habitude.
Bon, au delà de ça il n'empêche que cela faisait longtemps que je ne mettait pas autant éclaté sur un jeu. Les premières heures de découverte et de prise en mains sont un kiff totale ! D'ailleurs pour tout ce qui est maniabilité ce jeu est quasiment inattaquable. Le système de combat arrive mine de rien à bien s'émanciper des Batman Arkham de part son approche et son style plus vertical, vif, dynamique, et plus dans l'esquive. L'araignée est plus dans l'agilité et dans le "m'a tu vu ?", et la chauve-souris, elle, dans le côté brute de décoffrage. Ces mécaniques de combat demandent un certain temps d'adaptation et il s'avère que le jeu sait aussi nous offrir quelques moments de challenge. Et si on ajoute à ça les divers gadgets utilisables, l'interaction avec l'environnement et toutes les compétences déblocables on a vite fait de se rendre que ce système de fight sait même faire appel à l'inventivité du joueur pour varier les combats et venir à bout des malfrats. Concernant les animations là c'est du très haut level et c'est en partie pour ça qu'il est aussi grisant de se balancer dans Manhattan.
Visuellement on va faire concis : c'est un nouveau standart du genre avec une modélisation de la ville (bien vivante en plus) et des jeux de lumières impressionnants. Pas grand chose à reprocher à l'histoire sinon mis à part le fait qu'elle met trop de temps à décoler, elle alterne très bien fulgurances de mise en scène bien senties (la scène de la grue avec la poursuite de l'hélico en jette grave !) et séquences d'émotion bienvenues. Et je crois d'ailleurs que c'est la première fois qu'un jeu Spider-man accorde autant d'importance à sa dramaturgie, et il étonne pas mal là dessus.
Je déplore cela dit encore ce manque de folie, d'inspiration et d'originalité au delà de l'action frénétique qui fait mouche dans la mise en scène. A titre d'exemple j'aurais adoré retrouver une mission comme celle avec Mysterio dans Spiderman 2 GC/PS2, avec toute la séquence dans le manoir inversé, la salle des miroirs, les objets piégés à l'entrée, le désamorçage des bombes autour de la statue de la liberté, je trouve qu'au niveau plan machiavélique et folie cela faisait bien écho à celle du Joker des Batou (mais vu le caractère atypique du vilain cela demandait peut-être un peu trop un "creusage de méninges" pour l'introduire et le développer convenablement…). Là on reste dans un parti-pris plus réaliste, moins Kitch, mais aussi moins charmant malheureusement.
On craignait aussi une surabondance de QTE mais il s'avère qu'ils sont finalement utilisés à bon escient. Enfin pour ce qui est des séquences d'infiltration, même si elles n'ont jamais eues pour vocation d'être du Splinter Cell ou du MGS, on sent quand-même que c'est contrôler d'autres personnages pour contrôler d'autres personnages. En l'état elle restent donc anecdotiques.
Bref, un bon hit exclusif à la PS4 de plus, et qui remplit à mon goût mieux son rôle entertainment qu'un certain GOW. Mais il collectionne trop les mêmes tares et les mêmes qualités du bon AAA de base pour franchement sortir du lot, et notamment aussi parce qu'il lui manque une identité pleinement affirmée. Donc avec un probable Spidey 2 qui rectifie les errements et les manques de celui-ci on pourrait certainement avoir un jeu de super-héro à la hauteur du chef-d'oeuvre Batman Arkham City de Rocksteady.