J’avais oublié (ou bien peut-être n’ai-je jamais réellement su) qui était Peter Parker. Derrière Spider-Man, ce personnage costumé haut en couleurs décliné à foison en films, séries animées, jouets, bande-dessinées, etc… le jeu d’Insomniac Games a su me rappeler qu’il se dissimule en réalité un jeune homme intelligent, plein de vie, profondément affecté par la disparation de son oncle et avec un désir sincère d’œuvrer pour l’intérêt commun. Je n’attendais absolument rien de ce jeu, si ce n’est un énième produit dérivé à ajouter sur cette pile gigantesque des objets à l’effigie du héros de Marvel. Si bien que je n’avais aucune raison de m’attarder dessus, très fort étant mon désintérêt pour ce bonhomme aujourd’hui. J’avais grandement tort…
C’est tout à fait par hasard que ma rencontre avec cette version de l’homme araignée a eu lieu, à l’occasion d’un essai du jeu durant quelques minutes. L’agilité du personnage et le vertige ressenti lors de ses balancements caractéristiques d’immeubles en immeubles, mixés avec une vaste ville pleine de vie, ont immédiatement fait effet ! Si bien que je me suis rapidement procuré mon exemplaire afin de profiter de ce plaisir de jeu, fantasmé depuis mon premier visionnage du film de Sam Raimi. Car c’est réellement plaisant à jouer ! On prend le coup très vite, l’avatar répond au doigt et à l’œil tellement les commandes sont bien fichues. Spider-Man pète le feu, virevolte de toit en toit, s’élance dans les airs à la poursuite des petites frappes du coin tout en balançant des punchlines aussi drôles que ridicules. Les animations sont variées, tout autant que les possibilités de mouvements en combat. Le savoir-faire de Rocksteady a visiblement fait son chemin, les talents acrobatiques du personnage étant très proches de ceux de leur Batman.
La ville de New York offre un monde ouvert plus que correct, qu’il a été très agréable de découvrir durant l’aventure grâce au système de photographies. Le jeu est graphiquement très chouette, de jour comme de nuit. La ville déborde de vie. Les passants vaquent à leurs occupations, font des remarques à notre passage. Les voitures vont et viennent, klaxonnent dans les bouchons. Les crimes se déclenchent spontanément, ce qui donne encore plus de crédibilité au monde du jeu. Le tout étant régulièrement récupéré par ce fameux James Jonah Jameson, qui commente les moindres faits et gestes du héros dans le but de le décrédibiliser aux yeux de l’opinion public à coups d’arguments bidons et d’une mauvaise foi exceptionnelle !
Au-delà de ces éléments ludiques d’une indéniable qualité, cette expérience n’aurait pas été aussi plaisante sans l’histoire contée par le studio, qui a su s’approprier l’univers du personnage et nous offrir des protagonistes fantastiques ! Tante May est un modèle de force et de bienveillance, Mary Jane met la misère au cliché du personnage féminin superficiel. Le choix d’un récit prenant place en cours de route, avec un héros plus âgé que d’habitude et qui possède un passif avec ses ennemis et ses alliés, a nettement participé à mon appréciation du jeu. Du haut de ses 23 ans, Peter est physiquement et psychologiquement plus développé, ce qui m’a permis de m’attacher immédiatement à lui car étant dans sa tranche d’âge. Tout comme son caractère, oscillant entre jeune adulte volontaire et gamin blagueur, avec un doubleur français qui fait des merveilles ! La relation qu’il entretient avec Mary Jane est particulièrement touchante, car toute en subtilité entre les deux ex-amoureux.
En fin de compte, l’intrigue développée au cours du jeu est assez sombre. La violence m’a beaucoup surpris, notamment avec ces attaques terroristes qui font de réelles victimes. Dans mon souvenir, l’univers de Spider-Man, bien que marqué par des drames, était plutôt bon enfant. Soit, les enjeux n’en sont que plus convaincants ! Le jeu prend le temps de poser les choses, de faire évoluer son histoire, de développer ses personnages. Ce qui m’a permis d’alterner entre l’histoire principale et les objectifs secondaires avec un plaisir sans cesse renouvelé. Malgré le fait que, comme d’autres avant lui, il déborde de contenu. Triste tendance du monde ouvert… Mais j’ai su apprécier les éléments qui m’intéressaient, tels que la recherche des sacs à dos égarés à travers la ville permettant de (re)découvrir des éléments de l’histoire personnelle du personnage.
Ainsi, après plusieurs dizaines d’heures passées aux côtés de ce nouveau Peter Parker, à partager ses joies, ses doutes, ses combats et ses ennemis, je suis devenu plus attaché que jamais à son univers. D’autant qu’Insomniac teste des choses sur ses personnages avec une audace surprenante, à l’image de cette séquence de fin bouleversante mettant notre pauvre Peter face au choix le plus éprouvant de sa jeune existence. Une scène intense, qui m’a laissé comme un idiot sur mon canapé, la larme à l’œil.
En plus d’avoir réalisé un excellent jeu vidéo, les développeurs d’Insomniac Games ont le mérite d’avoir remis en avant un personnage fort, modèle de courage, de moralité et de persévérance. Et je les en remercie !