Le meilleur open-world du tisseur
Vétéran des jeux Spider-Man depuis l'époque Gamecube/PS2/XBox, j'étais impatient de découvrir cet épisode tant plébiscité aussi bien côté critiques que celui des joueurs. Avant cet opus, mon jeu favori restait le Spider-Man 2 paru en 2004, qui était justement le premier à présenter le tisseur dans un contexte de monde ouvert. A l'époque, c'était un renouveau incroyable pour une franchise qui connaissait déjà de très bons jeux (y compris le premier Spider-Man adapté du film de Raimi, bien que dirigiste). Depuis, la licence a connu des hauts (le sympathique Shattered Dimensions) et des bas (l'infâme Web of Shadow) mais n'a selon moi jamais retrouvé l'ampleur qu'avait un Spider-Man 2 à sa sortie. Aujourd'hui, le Marvel's Spider-Man d'Insomniac a su ramener Peter Parker au firmament de son propre genre.
Commençons par le principal point négatif afin de nous en débarrasser : Marvel's Spider-Man propose ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui de l'"Ubisoftage" en règle. A la manière de Far Cry, AC et bien d'autres mondes ouverts des années 2010, l'araignée offre une quantité absolument astronomique de points d’intérêt (= activités annexes) sur la carte de l'open-world. Tours à débloquer pour dévoiler la carte, collectibles à chaque coin de rue, défis dans tous les sens, la densité de ces à-côtés est foisonnante à l’écœurement. La répétitivité de ces tâches à effectuer pour le 100% ne m'a clairement pas attiré et ce certainement à cause de leur omniprésence autour de soi. Là-dessus, les développeurs ont joué la carte de la facilité en reproduisant allègrement ce qui se faisait partout ailleurs : c'est bien dommage, il aurait été intéressant de donner davantage de personnalité à cet épisode au gameplay exceptionnel.
Concernant ce dernier, force est de constater qu'Insomniac s'est largement inspiré de ce qui faisait de mieux dans les jeux Batman Arkham tout en se réappropriant la formule avec bien plus de dynamisme. Les combats demandent une certaine stratégie d'adaptation face aux différents ennemis rencontrés simultanément, les combos sont nombreux et les esquives doivent être constantes pour échapper au Game Over. Il en résulte une sensation de fluidité et de puissance lorsque l'on commence à bien maîtriser les mécaniques. Les affrontements de boss sont de très bonne facture (même s'ils manquent globalement de challenge) et les chorégraphies de combat du tisseur sont à couper le souffle. Les déplacements en ville offrent un gamefeel inégalé dans le domaine : on se régale à aller simplement du point A au point B en se jetant dans le vide, se rattrapant à la dernière seconde avant de se catapulter plus en hauteur et d'enchaîner les acrobaties au dessus des toits. Les sensations de vitesse et de style qui s'en dégagent sont incontestablement les meilleures de la franchise dans son intégralité. Il m'est arrivé à de nombreuses reprises de ne pas utiliser le voyage rapide exprès pour apprécier ces moments grisants et jouissifs au possible. Seule ombre au tableau du gameplay : les séquences avec MJ cassent un peu le rythme et n'apportent rien de très divertissant.
Le jeu est réellement sublime : qu'il s'agisse de l'animation des personnages aux décors de New-York et aux jeux de lumière, la production d'Insomniac est irréprochable.
Scénaristiquement, on retrouve un Peter Parker dans la vingtaine, comme d'habitude ballotté entre son quotidien de scientifique collaborant avec un certain Otto Octavius, son histoire "compliquée" avec la jeune Watson et ses prouesses super-héroïques. Les personnages secondaires sont réussis pour la plupart et on retrouve des têtes connues de la licence comme la tante May et Miles Morales. L'histoire se suit avec un certain plaisir pour peu que l'on apprécie le genre, et sans être incroyable elle permet tout de même une réécriture intéressante sur certains aspects du fameux mythe de l'araignée.
Enfin, un mot sur les DLC : pour les avoir fait à la suite j'ai trouvé leur qualité globalement bonne, même si certaines missions ne sont là que pour introduire de nouveaux collectibles/défis à accomplir (comme s'il n'y en avait pas déjà assez) et la fin de cette nouvelle histoire reste plutôt convenue.
A l'heure où j'écris ces lignes, la suite a été annoncée avec un certain Miles Morales dans le rôle principal. Vivement que la haute voltige se poursuive !
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