Mass Effect 2
8.1
Mass Effect 2

Jeu de BioWare Corp et Electronic Arts (2010PC)

Suite de Mass Effect premier du nom, ME2 est certainement l'un des jeux les plus polémiques de BioWare, le rachat de la société d'Edmonton par Electronic Arts n'étant pas totalement étranger aux critiques qui ont fusées sur ce deuxième opus.

Si Mass Effect 1 se démarquait à la fois par sa narration complexe et son aspect RPG poussé, Mass Effect 2 déséquilibre la balance en exploitant son scenario au maximum et en réduisant les éléments de roleplay à peau de chagrin. Ce qui frappe de prime abord lorsque l'on démarre une partie de ME2 pour la première fois, c'est la mise en place de l'histoire (attention, la suite de cette critique a de grandes chances de spoiler les personnes n'ayant pas joué au jeu). Le mythique Normandy patrouille paisiblement non-loin d'une planète inconnue mais l'ambiance change très rapidement lorsqu'en moins de 20 secondes, un ennemi surgit de nulle part, détruit le vaisseau du Commandant Shepard tout en tuant les trois-quarts de son équipage. Et en laissant notre héros à la dérive dans l'espace, qui finira par s'enfoncer lentement dans la fournaise extrême du contact avec l'atmosphère de la planète proche sus-citée, nous laissant penser à ce moment précis que le Commandant Shepard n'est plus. Rien que ça. En quelques minutes, le joueur comprend que Mass Effect 2 va mettre l'accent sur l'immersion, approfondissant encore plus l'expérience en la matière - déjà très plaisante - fournie par le premier épisode.

Et c'est en ça que le jeu a fait débat. Si Mass Effect premier du nom a su plaire à autant de monde, c'est parce que la balance entre narration et qualité de jeu était parfaitement équilibrée. La difficulté, une fois réglée à son maximum, offrait un challenge redoutable, et s'accompagnait d'élément de RPG très complets (nombreux équipements, armes, mods, ...). L'univers très riche écrit par Drew Karpyshyn, quant à lui, permettait d'accommoder cette qualité de jeu avec un habillage scénaristique très intéressant qui le distinguait des autres productions du genre. Dans Mass Effect 2, on retrouvera les fans de l'immersion narrative de ME1, mais on commence à perdre les joueurs les plus exigeants au niveau du gameplay. Pour cause, ME2 perd l'essentiel de ses bagages à ce sujet : exit le Mako (l'ersatz proposé en DLC ne suffit hélas pas à compenser la perte des environnements ouverts et explorables qui avaient rencontrés un franc succès), au revoir les nombreuses armures, et adieu le choix des armes ainsi que les mods qui allaient avec l'équipement. A la place, on aura droit à une personnalisation des pièces d'armures (ce qui demeure tout à fait acceptable au vu de la variété visuelles desdites pièces et leurs capacités), seulement 2 (rarement 3) types d'armes par catégorie, et aucun mod. Si on y rajoute la disparition de l'arbre de compétence ultra-complet du premier épisode au profit d'un bref tableau à 4 ou 5 compétences possédant elles-mêmes 4 degrés d'efficacité, on comprend la grogne d'une frange des joueurs.

Toutefois, comme dit plus haut, Mass Effect compense ses pertes par des gains dans d'autres domaines. Sa narration a gagné en présence, l'immersion du joueur est encore plus profonde, et le système de combat s'est vu dynamisé grâce à une maniabilité plus souple du héros et à l'arrivée des cartouches thermiques (une sorte de pirouette de gameplay qui a permis l'introduction d'un système similaire à des cartouches de munitions mais qui rend la chose compatible avec 95% des armes du jeu pour plus de simplicité). Les personnages, également, ont gagné en profondeur et leur écriture est bien plus complexe que dans le premier épisode. Garrus, le flic blasé par l'inaction de sa hiérarchie et que l'on rencontre dans le premier épisode de la saga est certainement l'exemple le plus parlant de cette évolution. Devenu justicier freelance des zones où la loi n'a aucun droit de cité mais qui a perdu toute son escouade suite à une trahison dans ses rangs, ce personnage voit son âme plongée dans le vide insoutenable qui existe entre ses doutes et ses convictions. Le joueur se retrouve ainsi confronté à un ancien ami qui a bien changé, et que l'on peut soit accompagner dans son désir de vengeance destructrice, soit remettre dans le droit chemin au risque de perdre son amitié. L'essentiel de la magie de Mass Effect 2 est là : vous avez une proximité très étroite avec les personnages qui vous accompagnent, et la fin du jeu qui se présente sous la forme d'un mission-suicide qui se déroule à leurs côtés en est l'apothéose. Les compagnons ont leurs propres démons, et vous avez leur destin en main. Allez-vous les aider au risque de délaisser votre objectif principal ? Ou allez-vous rester fidèle à la mission en essayant de ne pas vous laisser distraire par ces affaires peut-être trop personnelles ? La véritable qualité du jeu se situe ici.

On peut parfois regretter que les missions s'enchaînent trop mécaniquement, mais cela n'enlève en rien le charme de ce deuxième opus qui plonge le héros dans un environnement plus sombre, en-dehors des chemins éclairés du premier opus de la saga. Dans Mass Effect 2, vous arpentez un chemin plus sombre, empruntez parfois des sentiers dans lesquels vous êtes le pionnier, ce qui vous donne l'impression de vous immerger dans les recoins les plus sombres de l'univers de Drew Karpyshyn.

Toute cette ambiance narrative fait de Mass Effect 2 un excellent jeu. Cependant, il s'agit d'une excellence qui ne sera accessible qu'aux joueurs adeptes d'une scenario complexe et omniprésent. Les aficionados du gameplay de ME1 seront forcément déçus face à des planètes ne pouvant qu'être scannées et non plus explorées (à part dans un DLC qui vous tient par la main, ce qui reste peu satisfaisant), et où l'aspect RPG est devenu un élément anecdotique face à la voie du basique TPS (Third Person Shooter) que ME2 a emprunté. On ne peut que regretter ce choix de privilégier certains aspects au détriment d'autres alors que tout était si équilibré dans le premier épisode. Etait-il réellement impossible pour BioWare de tout améliorer équitablement au lieu de déséquilibrer ainsi les différents aspects qualitatifs de la licence ? Certains pointeront le rachat de Bioware et de la licence par Electronic Arts comme une cause probable de ce changement de cap, toujours est-il que ME2 a tout de même réussit à imposer son identité de par cette singulière différence de contenu qui l'oppose à son prédécesseur. Pour le meilleur comme pour le pire.
Soren_Asgard
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Créée

le 14 sept. 2014

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Soren_Asgard

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