Le prix de la gratuité

Le prix de la gratuité

Dans une volonté de décourager les joueurs d’acheter d’occasion au profit d’une activation du jeu en ligne offrant du contenu « supplémentaire » dès la sortie, Mass Effect 2 s’est vu affublé de quelques DLC bien peu ambitieux offerts généreusement par EA qui entre dans l’une de ses périodes les plus controversées à cause de ce type de politique. Mais il y a peut-être un DLC qui s’y distingue : le prix de la vengeance, promettant un nouveau coéquipier avec une nouvelle mission à la clef, mettons la polémique de côté et voyons ce que ça vaut.

Bon la première impression est loin d’être bonne avec le recrutement de Zaeed qui est très paresseux : on va le voir, on lui parle et il rejoint le Normandy. J'aurais préféré une vraie mission de recrutement, même si l’on serait resté sur Oméga dans une direction artistique majoritairement recyclée, ça aurait toujours été plus ambitieux. Heureusement, la mission de loyauté est d’une qualité tout à fait satisfaisante. Les Soleils Bleus rencontrés et les situations de jeu sont certes sans grande originalité en dehors des flammes projetées sur le sol par les deux réservoirs de carburant qu'on peut faire tomber pour que ça fasse boom, mais c’est efficace et le léger embranchement faisant qu’il faille faire la mission 2 fois pour tout en voir est une bonne idée.

L'environnement aux allures de paradis tropical avec palmiers, cascades et soleil laisse place à une raffinerie infernale pour un contraste qui marche bien dans ce spectacle pyrotechnique généreux en effets visuels. Par contre, les cinématiques offrent très peu de plans travaillés. On a droit pour ainsi dire à un plan qui met en avant de manière posée le coéquipier qu’on a choisi pour la mission et 2 petites scènes d’action dont une recyclant une idée de mise en scène du jeu de base, c’est tout de même un peu léger même si ça fait l’affaire, à l’image de l’extension finalement.

Le lance-flammes à débloquer offre un peu plus de possibilités à l’armement lourd et il n’est pas inintéressant que l’amélioration dépende du choix moral puisqu’elle reste très facultative, mais rien là-dedans ne va bouleverser la progression. Le plus intéressant c’est Zaeed lui-même dans son rôle de coéquipier de classe soldat, assez polyvalent avec ses munitions contre synthétiques et ses grenades contre blindages, mais pas de quoi en faire un indispensable, juste une solution militaire satisfaisante et possiblement très tôt dans le jeu pour compenser une équipe axée sur le biotique et le tech.

La personnalité de brute impitoyable de Zaeed n’est pas très intéressante, en dehors de quelques punchlines du style « Rage is a hell of an anesthetic ». Il y avait pourtant un moyen assez simple d’être original avec peu d’efforts : faire de Zaeed un personnage Alien comme un Butarien, espèce absente de l’équipe jouable. Il n’y aurait vraiment pas eu besoin de faire beaucoup d’arrangements pour le scénario existant, les butariens étant liés à la naissance des Soleils Bleus. Ça aurait pu aussi être l’occasion de mentionner Barak si l’on l’a fait le DLC correspondant dans le premier opus, mais non.

La partie du scénario qui présente le plus d’intérêt c’est la mission loyauté en elle-même qui nous met face à un choix moral, un peu manichéen certes mais au moins existant, permettant à la mission de ne pas forcément se terminer par un succès selon différents paramètres, incluant même le fait d’avoir réalisé la mission suicide ou non. Une fois que c’est passé, Zaeed n’offre quasiment plus de dialogues permettant de faire évoluer son intrigue ou sa personnalité, avec un système de dialogues au sein du Normandy qui n’évolue pas au fil de l’intrigue comme les autres personnages, le relayant de fait au second plan.

Le DLC n'a rien d'indispensable mais étant gratuit il n'y a pas de raison de faire l'impasse dessus avec sa mission inédite d’une qualité très honnête et un coéquipier soldat supplémentaire bien utile. Il est simplement dommage que cette extension soit entachée par cette polémique, justifiée, d’EA, un avant-goût des problèmes à venir qui épargneront tout de même Mass Effect 2.