Mass Effect: Andromeda
6.1
Mass Effect: Andromeda

Jeu de BioWare Corp et Electronic Arts (2017PlayStation 4)

Vous savez... c'est une chose d'être un reboot inutile réalisé par un studio de second rang faisant semblant d'être une des sommités du domaine afin de tenter d'extraire quelques deniers supplémentaire d'une série ternie par l'un des échecs narratifs majeurs du domaine vidéoludique moderne. C'est – après tout – l'une des logiques prédominantes du marché : le nom est encore vaguement connu ? Blam, on va mettre une nouvelle équipe sur l'affaire eu leur disant de suivre les canons esthétiques de la licence et avec un peu de chance les fans aphones seront ravis de voir leur série favorite tenter un comeback. La mémoire sélective du public international de ces produits de consommation courante est prête à pardonner des tas de choses. Comme – dans l'ordre – un scénario générique où l'on voit son navigateur de père clamser dans les premiers instants d'une tentative de lancer une trilogie avant de vous laisser les clefs d'une entreprise censée assurer la survie de l'humanité. Rien que ça. Ou, au pif, un gameplay étrangement claustrophobe et désuet où l'on prive les habitués de la licence de la majorité des outils de contrôle des unités secondaires dont ils ont l'habitude en faveur d'une approche plus action... mais aussi plus foireuse. J'veux dire, tout ça, c'est compréhensible. L'époque semble favoriser les motivations génériques servies dans leurs sauces de mécanismes qui le sont tout autant. Le public adore ça. La preuve, il suffit de regarder ce qui fonctionne de nos jours dans le domaine du divertissement : des suites, des reboots et même parfois des suites de reboots ou – c'est certes plus rare - des spin-offs de suites de qui constituent en elle-mêmes une forme de soft-reboot. J'veux dire, tout ça, c'est compréhensible. Certains diraient même que c'est la loi du marché. Mais – et c'est la point crucial de l'exercice – sortir un reboot soporifique d'une licence mal gérée... c'est tout autre chose. Cela tient plus de la folie que du courage corporate, enfin, pour peu que cette notion existe.


Pour être certain que l'on se comprenne, je vais vous donner quelques exemples de remakes qui participent de la même logique qu'Androm***da. Imaginez un nouvel épisode dans l'univers des Ghostbusters où l'on aurait – sans trop savoir pourquoi – axé l'intégralité de l'arsenal de blagues faciles façon pipi-caca à un public d'enfants de cinq ans tout en ayant une étrange forme de mépris pour les fans de la licence. Vous savez, ceux et celles qui sont cependant susceptibles de se payer un ticket pour voir votre film. Ça, hein, c'est du suicide d'entreprise. Et pourtant... cela semble plus logique à première vue que le nouveau Maes Effect. Imaginez – je sais pas moi – un retour en force des Silverhawks doté d'un budget de trois-cent millions de dollars où l'équipe de justiciers scintillants et cependant intersidéraux sont devenus entrepreneurs de pompe funèbres quelque part dans le Vermont. Ah, et ce n'est pas une comédie, hein, c'est un drame. Ça, hein, c'est dans le plus pur style Androm***da. Bon, et admettons qu'il faille un troisième exemple afin de bien souligner l'efficacité de cet argumentaire maintenant devenu par la puissance de cette répétition récursive une science au lieu d'être une coïncidence... okay, je sais. Imaginez une suite au film Mask – vous savez celui avec Jim Carrey, le frère de Mariah – mais dépourvu des talents drôlatiques du fameux dramaturge canadien. Ça, hein, c'est bel et bien la pleine puissance du Maes Effect.


Parlons quelques instants du scénario. Vous êtes un personnage générique dans un setting science-fictionnel et votre papa – que vous connaîtrez grosso-modo une demi-heure – est l'un des navigateurs futuristes d'une initiative destinée à sauver l'humanité de l'échec de la première trilogie. Jusqu'ici, la logique règne. Seulement, oh non, lors de sa première mission suite à un sommeil cryogénique de quelques siècles votre fameux géniteur succombe sous les traits d'une race de méchants aliens que l'on sait peu sympathiques par leur faciès osseux et les couleurs verdâtres qui ornent leurs armures de combat. Par une série de quiproquos il décide que la meilleure manière de s'assurer que sa mission soit menée à bien consiste à transmettre ses responsabilités à sa progéniture pour diverses raisons dont une forme futuriste de népotisme et le fait que votre esprit – proche du sien par les pouvoirs de la génétique, semble-t-il – saura aisément accueillir l'I.A. du vaisseau interprétée avec l'aisance léthargique qui le caractérise par Jemaine Clement. Ah, au milieu de tout ceci vous découvrez une série de dispositifs extraterrestres destinés à terraformer l'univers et qui pour une raison étrange – peut-être même scénaristique – ne répondent qu'à vos ordres spécifiques de protagoniste vidéoludique. Dire que tout ceci est cousu de fil blanc serait une insulte à l'industrie du prêt-à-porter. Considérer qu'une trame aussi élimée saurait susciter l'intérêt de nos jours chez un public de consommateurs avisés en serait sans-doute une envers celle de la dentelle.


Remarquez, j'apprécie l'effort consenti par les équipes de BioWare Montréal en un point : ils ont osé annoncer la couleur dès le début. Nommer son titre Androm***da, faut le faire, c'est le symbole d'une forme assez déconcertante de franchise.

MaSQuEdePuSTA
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le 8 juil. 2017

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