Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty
8.1
Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty

Jeu de Hideo Kojima et Konami (2001PlayStation 2)

Après le final de MGS2 et une petite nuit de sommeil, rien de mieux qu’un bon café et une critique pour se mettre les idées au clair lors de cette pluvieuse matinée de travail.

MGS2 est un excellent jeu, c’est indéniable. En fait, si, c’est complètement dé-niable. MGS2 est une putain d’expérience marquante, ça c’est indéniable en revanche. Voilà, je tiens le bon bout. Cette critique spoilera forcément un tout petit peu, mais si vous n’avez pas fait le jeu je pense que vous ne comprendrez rien aux parties qui spoilent.

Au cours de mon aventure MGS2, je suis passé par différents états, de la déception à l'émerveillement, en passant par la routine.
La routine tout d’abord, sensation horripilante s’il m’en est. Durant 80% du jeu, tout est convenu dans ce MGS2. Je viens de découvrir la série avec le premier opus, et l’ai donc bien en tête : jamais je ne fus surpris. Ouaw, sans déconner Big Shell abrite des Metal Gear ?? Ouaw, sans déconner le président coopère ?? Encore un ninja ? Encore le héros pommé par les évènements ?

Bon, ça ne sert à rien de s’éterniser sur le sujet, puisque c’est totalement voulu et expliqué dans les 20 derniers %. Et là, je suis plus que mitigé : un beau copier/coller okay c’est sympa, mais bordel ça reste un c/c. Idem, un c/c justifié n’en reste pas moins un c/c !
Recréer Shadow Moses ok, mais à quel prix ? Jusqu’où aller sacrifier le jeu en lui-même ? La Dead Cell est bien moins charismatique que la Fox Hound, ses personnages bien moins intéressants. La base de Shadow Moses était des fois excellente et des fois peu inspirée, là Big Shell n’est jamais inspirée tout court. A part le Shell 2 Core sous l’eau, et l’architecture globale intéressante, le level design est morne et ne demande (quasiment) jamais d’exploiter les capacités de Raiden ! Dès qu’on a le M9, on peut se balader et traverser toutes les pièces sans difficulté aucune. Cela a un côté jouissif certes, mais cela installe surtout une routine dont on ne sort (quasiment) que pour rejouer des scènes issues de MGS1…

L’autre problème majeur de MGS2, en lien avec celui-ci, est très simple : on ne joue pas assez, mais vraiment. J’adore les jeux narratifs, et je suis en transe lorsqu’un jeu allie gameplay et histoire intelligente et poussée. Mais là, c’est des fois vraiment trop. Le pire moment à ce niveau reste l’arrivée sur la Big Shell. C’est quoi ce tuto putain ?? Je joue depuis trois heures, TROIS HEURES tu piges Kojima ?? Je pense avoir compris comment viser avec mon gun et comment me cacher derrière une caisse, NE CROIS TU PAS ? S’ensuit donc entre une et deux heures où on ne fait plus rien, et où l’histoire ne progresse même pas, blasant…

Globalement, c’est surtout que le rythme est mal géré. Les 50 minutes de cinématiques non stop à la fin (sans pouvoir faire pause bien sûr) en sont un bon exemple : on nous assène toutes les révélations d’un coup, bim dans ta gueule. Perso, j’ai grave kiffé. Mais pourquoi enchaîner les révélations de Solidus, et bim juste après sans transition celles d’ocelot, qui le contredisent ? Pourquoi ne pas avoir bien échelonné cela au cours du jeu, ou même simplement étendre un peu plus le final ? Car, très clairement, le scénario – bien que correct – m’a vraiment déçu jusqu’à l’arrivée au sein du MG géant.

Heureusement, une fois passé ce point, ce fut transe sur transe. Le fait de bosser dans l’informatique a peut-être aidé, mais j’ai vraiment surkiffé toute cette partie, à un point pas permis. Jizz jizz jizz. Les patriotes, leur contrôle absolu sur des êtres humains dénués de volonté propre (rejoignant ainsi certaines thématiques d’Ayn Rand), le point culminant de (l’excellentissime) relation entre Raiden et Rose, mais aussi et surtout la double mise en abîme philosophique sur les personnages-pions, avec l’implication du joueur dans les décisions et la destinée. Tout ça, c’est vraiment énorme, du génie. Je suis FAN bordel. Mais avoir (presque) tout condensé dans la dernière demi-heure de jeu (i.e. les 3 dernières heures en vrai, dont 2h30 non jouables), c’est trop bête. Le coup de massue est puissant, certes, mais Bioshock Infinite a montré qu’on pouvait très bien préparer son coup de massue en laissant des indices avant de l’asséner avec une puissance d’autant plus magistrale. Ici, la préparation est bancale, et le coup peut donc partir de travers pour certains joueurs.

Autre fait, j’ai quand même vraiment eu du mal avec le design de Raiden. Trop lisse et inexpressif, il m’a fait penser à Christensen dans l’Attaque des Clones, et c’est pas glorieux comme comparaison… A côté de Snake et de sa classe interstellaire, il fait vraiment grosse purge. Heureusement, comme le scénar’, il gagne grandement en consistance à la fin.

Au final, MGS2 est une œuvre profonde et intelligente, qui me marquera assurément, mais à l’équilibre précaire et au dosage bien moins réussi que dans le premier opus. J’ai quand même carrément hâte de continuer la série, malgré une toute fin que j’ai trouvé très moyenne (combat contre Solidus injustifié, images photographiques dont je suis pas fan, gros WTF avec Rose qui selon moi détruit tout ce qui a été consciencieusement construit durant le jeu, le tout pour faire une morale bon enfant MGS1-like s’inscrivant mal dans ce jeu-ci).

Reste un twist final post-générique qui, malgré une puissance moindre que celle de MGS1, fait son petit effet. Espérons juste qu’il ne sera pas ruiné dans MGS3 comme celui de MGS1 a été balayé d’un revers de main dans MGS2…
VGM

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