Metal Gear Solid 2 est d'une audace assez folle-dingue. Même dans les choix les plus étranges (ce boss qui fait du roller en jetant des mines sur un toit au milieu de la mer, Vamp, le mec qui ne meurt jamais sans qu'aucun argument scientifique valable ne soutienne son cas), tout est assumé jusqu'au bout, maintenu par un scénario invraisemblable mais vachement intéressant et une ambiance magistrale.
Alors attention ya des spoilers - mais peut-on vraiment parler de spoiler quand on a déjà eu trois suites et qu'il est sorti ya dix ans...
MGS1 pouvait se targuer d'être LE jeu d'espionnage de la Playstation, Snake le nouveau James Bond vidéoludique; ce jeu était quasiment parfait, il tenait du début à la fin et nous transportait sans problème à travers des séquences épiques mais crédibles (on parle de MGS hein, donc rien n'est jamais vraiment crédible, mais considérons.). Là, MGS2 retourne tout ce qui a fait le succès du premier, fait mijoter un mix de scénario métaphysico-politique à répercussions scientifiques qui s'autodétruit lui-même tellement qu'il est compliqué (ça c'est foutrement bien pensé je trouve), comme si Kojima voulait créer le jeu le plus ambitieux, le plus parfait, mais qu'il savait qu'il n'y arriverait pas. Il nous pond donc Sons of Liberty, son coup de génie, de folie aussi.
MGS2 est un jeu mutilé : Snake est relégué derrière Raiden, un héros ambigu (pour ma part, je n'ai eu aucun problème avec lui, bien qu'il ait moins de classe que le serpent solide) ; le scénario lui-même est mutilé (zones de vide dans l'histoire où on n'avance plus et où on ne sait pas ce qu'il se passe) ; ces IA qui pètent les plombs et qui laissent le joueur pantois devant sa console : tout est faux, je me suis fait manipuler par Kojima, t'es trop fort je t'adore (à l'époque, c'était impensable pour un jeux, donc c'était fort. maintenant, ça ferait un peu déjà-vu, mais je trouverais toujours l'effet renversant pour ma part). MGS2 est un jeu mutilé de partout : on n'a plus de vrai héros, la mise en abime finale nous fait réfléchir sur notre vraie place dans l'histoire d'un jeu, de notre immersion dans l'historie et de nos choix.
Puis en vrac, parce que y en a marre de philosopher quarante plombes quand on est juste là pour le fun :
Le scénario de Kojima, incomparable dans la richesse des thèmes, la fougue avec laquelle il mélange toutes les idées les plus extrêmes dans son propre cocktail vidéoludique.
L'ambiance de la big shell, mystérieuse et angoissante (on est quand même perdu au milieu de l'océan, en train de déjouer un complot d'envergure mondiale, ok, alors bon.).
Le gameplay formidable, et en même temps bancal, mais c'est ainsi.
La séquence de fin qui est renversante.
La classe des animations qui inonde tout partout.
Et cette intro sur le cargo, machiavéliquement bien ficelée.
Et les posters pornos.
Evidemment.