Metal Gear Solid 2: Substance
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Metal Gear Solid 2: Substance

Jeu de Konami (2002PlayStation 2)

Ouais, je suis comme vous, incarner un jeune éphèbe à la chevelure argentée ne m'a pas enchanté des masses… De l'aveu-même de Kojima, Raiden a cette apparence androgyne dans le seul et unique but d'attirer le public féminin, notamment les japonaises, qui ont des critères de masculinité bien différents des nôtres, les virilo-poilus… Le pire, c'est que ça ne s'est pas vraiment arrangé par la suite, bien au contraire, le gars devenant une espèce de super-héros-ninja tout droit sorti d'un quelconque shônen, capable de prouesses surhumaines, et dont l'activité favorite consiste à tourner, lui et Vamp, dans des films de John Woo… Mais revenons à Metal Gear Solid 2.


Nous sommes en 2007. Enfin non, on est en 2016, mais dans le jeu , au début, on est en 2007. Après s'être fait légèrement manipuler (une fois de plus) par son gentil gouvernement lors des évènements de Shadow Moses, Solid Snake a claqué la porte. Pour de bon cette fois. Avec Otacon, il a fondé une ONG baptisée "Philanthropy" qui, entre autres choses, traque les Metal Gear à travers le monde (depuis que Ocelot a vendu au marché noir les données de REX). Un nouveau modèle américain serait ainsi dissimulé dans un tanker au large des côtes newyorkaises. Alors qu'il s'y infiltre innocemment pour y prendre quelques photos tel un bon vieux touriste japonais, des spetsnaz prennent d'assaut le pétrolier. Après moults péripéties, le bateau coule, le pétrole se déverse, Snake est laissé pour mort et prend pour tout le monde…


Nous sommes maintenant en 2009. Enfin non, on est toujours en 2016, mais dans le jeu, à ce moment-là, on est en 2009. Depuis l'incident du tanker, la "Big Shell", une immense plateforme de décontamination, surplombe la baie newyorkaise. Lors d'une visite présidentielle, celle-ci est attaquée par un groupe terroriste se proclamant les "Sons of Liberty", avec à leur tête un certain Solid Snake, revenu d'entre les morts… Enfin non, on apprendra plus tard que c'est en fait un troisième snake, Solidus (car Gaseous, c'était pas top comme nom), ex-président de son état qui se venge de ne pas avoir pu faire de second mandat… Le FOXHOUND est encore une fois appelé à la rescousse, et c'est donc le charmant Raiden décrit plus haut qui va devoir s'y coller…


La force de Metal Gear Solid 2, c'est pour moi indiscutablement son gameplay. Le jeu décuple les possibilités offertes par MGS, un peu comme MG2 par rapport à Metal Gear. L'ajout d'une vue subjective "active" (dans MGS, elle ne servait qu'à observer les alentours) permet désormais de nombreuses nouvelles approches. On peut maintenant viser un membre précis de l'ennemi (tête, bras, jambe…) suivant qu'on veuille le tuer, l'endormir ou simplement l'interroger. On peut même détruire sa radio pour qu'il ne puisse pas contacter les renforts !! Plus original, on peut utiliser le décor -grandement intéractif- à son avantage, pour détourner son attention, voire plus si affinités (coucou les extincteurs!!).


L'autre grande nouveauté, c'est que les corps ne disparaissent plus, et qu'on peut les déplacer !! On pourra ainsi les laisser dans un coin supposément reculé, les cacher dans des casiers "prévus à cet effet", ou encore mieux, les balancer à la flotte… Quel que soit votre choix, n'oubliez pas de les fouiller avant, ils peuvent receler des items fort utiles (munitions, rations)… Ah oui, j'oubliais, ils peuvent aussi servir en dernier recours de "bouclier improvisé" lorsqu'on se retrouve encerclé, les renforts hésitant alors à faire feu… Attention, il peut arriver qu'ils tirent quand même ou, plus gênant, qu'on bute notre "human gear" par inadvertance (ce sera encore plus délicat dans le futur MGS3…).


Tant qu'on parle des ennemis, leur comportement s'est bien amélioré, même si avec l'habitude il devient assez aisé de piéger leur routine d'IA. Cela se voit principalement sur les nouvelles phases dites "de prudence", qui s'intercalent entre les phases "Évasion" et le retour au calme. On peut y voir les soldats parfaitement se coordonner, se scinder en petits groupes pour couvrir plus de terrain, ouvrir prudemment les casiers pendant que d'autres les couvrent en arrière… Une IA qui vole en éclats sitôt la découverte d'un magazine de charme posé nonchalamment sur le sol… Les hormones sont ce qu'elles sont.


Pour en terminer avec le gameplay, notons les quelques petits détails dont pour certains on ne soupçonnera même pas la présence au début. Je pense par exemple à notre propre ombre, projetée sur le sol, qui peut nous trahir. Ou encore le petit aspect RPG dont certainement beaucoup de joueurs sont passés à côté… Saviez-vous qu'en faisant régulièrement des tractions suspendu à une balustrade, on gagne en endurance ? Dans le même genre, quand vous êtes blessé et que la barre de vie vire au orange, plutôt que d'utiliser tout de suite une ration, planquez-vous plutôt dans un coin tranquille et attendez une vingtaine de secondes : elle se ré-remplira lentement mais sûrement… Vous allez me dire qu'il faut le trouver, le coin pépère, auquel cas je vous répondrais que vous n'aviez qu'à pas vous faire repérer, et qu'en difficulté extrême vous seriez probablement déjà mort…


En termes de graphismes, Metal Gear Solid 2 fait très fort, surtout pour un jeu sorti en 2001. Il n'a d'ailleurs quasiment pas pris une ride, malgré le temps qui passe. Bien sûr, tout n'est pas au même niveau : le tanker balayé par une pluie diluvienne est juste sublime, autant dans son design que dans son architecture ou son interactivité, à l'inverse de la Big Shell, trop propre, trop "carrée" (un peu paradoxal quand on sait qu'elle est composée de deux hexagones chacun encerclés de six autres hexagones…). On peut aussi critiquer l'escouade de boss au design discutable, même si perso je ne vois pas énormément de différences entre un "vampire" qui danse le flamenco et un asthmatique SM qui vole, entre une blondasse qui dévie les balles et un gars qui peut copier le système sanguin de ses victimes, ou encore entre un obèse à rollers et un gros bourrin qui veut me tirer l'oreille…


Scénaristiquement enfin, Metal Gear Solid 2 est un soft qui a divisé et qui divise encore aujourd'hui. Si la génétique était la thématique centrale de MGS, dans cet opus, plusieurs thèmes se chevauchent, entre autres choses la mémétique ou le rapport au virtuel. J'ai personnellement adoré le principe du S3 ou le moment où le GW déconne… Mais même si c'est passionnant à suivre, c'est traité de manière extrêmement lourde, le jeu souffrant d'un gros problème de rythme, à l'instar de sa future suite directe (MGS4)… Les révélations arrivent toutes en même temps, sans temps morts, et on se sent un peu perdu la première fois dans ce flot continu d'informations… Paradoxalement, une fois le jeu terminé, on n'en saura finalement pas beaucoup plus sur cette fameuse Laly Loulélot (j'espère que j'écorche pas trop son nom) qui semble tirer toutes les ficelles…


En marge de l'aventure principale, cette version Substance offre pas mal d'à-côtés plus ou moins dispensables, selon les envies de chacun. Si le scoring vous plait, vous accueillerez avec joie le retour des VR missions, regroupant pas moins de 500 épreuves (en fait 300 VR + 200 dites "alternatives"). Plus intéressant, il y a les "Snake Tales" : de petites missions dans la peau de Snake sur la Big Shell (sauf une sur le Tanker). Snake disposant de moins de moyens (absence de radar par exemple), ces quelques scénettes sont logiquement plus difficiles, idéales pour voir jusqu'à quel point on maîtrise le gameplay. Dommage qu'elles ne soient pas canoniques, même si je conçois volontiers que ce qu'il a vécu sur la Big Shell n'était pas forcément génial à vivre… Enfin, si Fatman fait du roller, Snake et Raiden eux, pourront faire du skate…


Bref, que dire de plus de ce Metal Gear Solid 2 ? Loin d'être parfait (problème de rythme, relation Jack/Rose soporifique, Fatman et Fortune assez fades), il pose cependant les bases définitives de ce que deviendra la série, en tout cas du point de vue du gameplay. Fort d'un scénario riche et d'une OST magnifique, MGS 2 est un opus se parcourant sans déplaisir. Malheureusement, on y incarne Raiden…


PS : Même si ça n'est pas vrai, lorsque le jeu vous demandera si vous avez déjà joué à MGS, répondez "OUI". Ça serait con de ne pas profiter de la meilleure partie de l'aventure…

Wyzargo
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le 8 févr. 2016

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