Ah Metal Gear Solid 3...le moins qu'on puisse dire, c'est que peu de jeux-vidéo font autant l'unanimité que ce titre. Il suffit de voir la note moyenne du soft ici-même sur SensCritique. Il caracole également à la seconde place des meilleurs jeux de la PS2, uniquement dépassé par...Metal Gear Solid 2!
Bref, ça va être d'autant plus difficile d'en dire du mal...ou disons d'être moins dithyrambique que la moyenne...


L'histoire de ce MGS nous fait faire un grand bon en arrière. Nous voici en 1964. Une date qui ne doit pas grand chose au hasard. Certes, elle a un fondement scénaristique, puisque ce sera l'occasion de contextualiser des personnages bien connus de la série, comme The Big Boss ou Revolver Ocelot, dans leur jeunesse. Mais c'est également une bonne excuse pour Hideo Kojima de se faire plaisir en rendant hommage à une époque dont il est nostalgique (il est né en 1963), en multipliant les clins d’œil, notamment au cinéma des décennies 50 et 60...


Le début du jeu est dans la grande tradition des MGS, avec une intro en grande pompe durant laquelle Snake est largué en plein territoire ennemi (chez les russes quoi). Il devra y récupérer un scientifique qui sait bien trop de choses pour qu'on le laisse tranquillement faire joujou avec ses tubes à essai et ses microscopes.
On en dira pas plus. Sans surprise, le scénario de Snake Eater est très travaillé et comporte son lot de surprises et autres rebondissements. Si bien que notre pauvre Snake aura bien l'occasion de se poser des questions sur le bien fondé de sa mission, pendant la trentaine d'heures que dure cet opus.
On notera à ce sujet que cet épisode 3 se montre plus équilibré que son prédécesseur en termes de narration. Là où Sons of Liberty s'engluait parfois dans d'interminables cinématiques, Snake Eater parvient à se montrer plus concis et efficace (enfin, à relativiser quand même hein) sans pour autant perdre en consistance.
Certes, on pensera ce que l'on veut du scénario, mêlant contexte historique réel à des événements fictifs et autres complots abracadabrantesques, mais nul doute que c'est totalement assumé par Kojima, le premier degré n'étant pas forcément le ton de la série...


Ceci étant dit, MGS3 étant avant tout un jeu, et non un film, il convient de voir si le compte y est en termes d'amusement. Et c'est précisément là où le bât blesse...histoire d'être explicite, disons qu'on peut difficilement faire moins intuitif, en terme de maniabilité, que Snake Eater. Les premières heures sont un vrai calvaire tant on passe son temps à s’emmêler les crayons. Ainsi, les moments de solitude s'enchaînent. Il ne sera pas rare de vous faire tirer dessus sans trouver autre chose à faire que répliquer en rampant bêtement par terre, dégainer votre micro ou tout simplement tirer dans la mauvaise direction. A des commandes capricieuses s'ajoute une caméra pénible qui montre généralement tout sauf ce qui nous intéresse vraiment.
Là où les plus tolérants -ou les plus passionnés- y verront simplement un gameplay exigeant, beaucoup risquent surtout de perdre patience très vite.
Bien sûr, les Metal Gear ont toujours cherché à offrir un grand éventail de possibilités aux joueurs, ce qui implique une maniabilité pointue, voire complexe. Sauf que là, l'ensemble est tellement peu "naturel" que bien des moments du jeu seront gâchés par des commandes qui ne laissent jamais le sentiment au joueur de maîtriser vraiment les choses.
Ainsi, l'approche même du jeu en pâtit. Si Metal Gear est supposé être un jeu d'infiltration, on ne compte plus les fois où les choses vont virer au carnage à cause d'une fausse manip' qui vous grillera directement auprès de vos adversaires. Inutile de dire aussi que toutes les super techniques théoriquement possibles pour prendre ces derniers à revers, et bien on ne les utilise quasiment jamais, et quand on essaye, ça foire très souvent.
Et tout cela, c'est sans parler de l'exaspérante inertie de Snake lorsqu'il commence à encaisser des dommages.
La régression par rapport aux anciens épisodes est aussi indéniable qu'inexplicable...


Si la prise en main du jeu est le défaut majeur de Metal Gear Solid 3, on pourra également relever d'autres problèmes, moins graves, mais tout de même regrettables.
Quand on connait le souci du détail d'Hideo Kojima, pourquoi n'a t-il pas imposé que les personnages russes du jeu parlent...russes! Difficile de se croire en plein milieu de la Russie quand tout le monde parle la langue de Shakespeare. On ignorait également qu'il y avait des crocodiles dans les forêts de l'Union Soviétique...
Difficile également parfois, de se taper d'interminables dialogues sur le cinéma avec Para-Medic alors qu'on voulait juste sauvegarder la partie et qu'on a toute une base en alerte rouge aux trousses. Même chose avec les boss du jeu qui en font des caisses et des caisses avant de daigner vous foutre sur la gueule. Autant dire que quand Ocelot jongle avec ses flingues pendant 3h, on a juste envie de reproduire la fameuse scène du duel avec l'homme au sabre dans Indiana Jones.
On pourra également s'interroger sur l'intérêt réel de devoir nourrir son personnage, de le soigner avec tel ou tel médicament, etc. Le réalisme? Le jeu ne l'est pas, alors à quoi bon?
Enfin, le level-design est globalement assez pauvre et les paysages souvent ternes. On pouvait clairement en attendre davantage d'un tel jeu.


Metal Gear Solid 3 : Snake Eater laisse un sentiment général mitigé.
La franchise, de par ses personnages, son ambiance, ses "codes", sa mythologie mais aussi son humour, reste unique dans le paysage vidéoludique et il n'est guère étonnant qu'elle ait autant d'adeptes. Impossible de faire l'impasse sur les moments de grâce qu'est capable d'offrir la série et sur son originalité. Snake Eater, sur ces points, ne déroge pas à la règle: le combat final est particulièrement inspiré et marquant. De même, on sent que Kojima a vraiment cherché à mettre le joueur dans des situations qui l'obligent à réfléchir autrement et à user de stratagèmes rarement vus dans un jeu-vidéo. Tout cela doit être souligné.
Malheureusement, pour ce qui concerne cet épisode en tout cas, les lourdeurs, tant dans le contenu qu'en termes de gameplay, viennent ternir l'expérience et font de ce MGS3, un jeu finalement pas très fun.

billyjoe
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le 5 janv. 2019

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Billy Joe

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