En toute sincérité, et en toute objectivité, ce Metal Gear Solid : Portable Ops est un jeu très moyen. La faute à un gameplay très bancal auquel il est très difficile de se faire.

La première mauvaise idée de ce soft PSP est d'avoir voulu copier son grand frère, MGS3 : Subsistance. En effet, ils ont repris de celui-ci la caméra libre qui avait été (à raison) applaudie. Mais ce qui marche pour une console ne marche pas sur une autre... ici, comment ne pas s'indigner de l'idée parfaitement stupide d'avoir mis une caméra libre sur une console... avec UN SEUL joystick ?! C'est parfaitement aberrant ! Nous devons donc nous déplacer avec les flèches directionnelle (à gauche de la PSP) et bouger la caméra avec le joystick... gauche. Autrement dit, impossible de faire les deux en même temps. Il faut donc s'arrêter de bouger pour déplacer la caméra, ce qui est une insulte au principe même de la caméra libre qui est de pouvoir bouger la caméra en se déplaçant.
A la rigueur, j'aurais pu tolérer cette idée (car à mon avis ce n'est pas le seul jeu PSP à en souffrir) si la saga n'avait pas brillé par le passé par une caméra fixe placée avec talent et soin. Pourquoi diable n'avoir pas opéré un "retour aux sources" sur cette console, ce qui semblait le plus adapté ?!

Cette idée va pourrir le jeu, car pendant qu'on ne voit pas devant nous à cause d'un virage, on ne va pas pouvoir observer où se trouve les soldats autour de nous et donc se faire repérer pour rien... Ce qui est infiniment gavant. Oui oui bien sûr il y a la carte qui indique les soldats aux alentours dans le menu pause, très bonne idée au passage, mais qui brise également le rythme de l'aventure puisqu'elle nécessite de mettre l'action en pause.

A cela nous pouvons rajouter un level design assez faiblard. Les endroits où on ne peut pas aller sont bloqués par de grosses caisses, les chemins sont très délimités et ne permettent pas différentes approches, ou alors c'est très maigre et cela revient à un petit tunnel dans lequel on peut ramper. Les premiers niveaux sont quasiment des couloirs que l'on peut parcourir en deux minutes.
Car en effet, pour la première fois dans un épisode canonique le jeu est découpé en missions, représentées par différentes petites zones que l'on peut parcourir. Les objectifs seront ainsi très simples : partir du point A et atteindre le point B. Sommaire à souhait, et si on le souhaite on peut même tout à fait passer à l'arrache en déclenchant des alertes et atteindre le point B avec trente soldats aux trousses, vous gagnerez quand même. On aurait pu espérer un système à la Driver (comparaison étrange j'en conviens), c'est-à-dire devoir atteindre la zone en n'étant pas recherché. Mais non. Crédibilité zéro.
Heureusement, les niveaux seront de plus en plus longs, et donc de plus en plus complexes et intéressants à parcourir, même si ça ne reste pas à la hauteur de ce que la série avait l'habitude de nous proposer.

Artistiquement, ça ne rattrape pas le coup. Tout est gris, à part quelques zones, tout est insipide. C'est un peu les décors de MGS1 (des bâtiments en somme) sans aucune patte artistique et en complètement bâclé.

Mais alors pourquoi une note aussi élevée ?
Tout d'abord car on ressent une vraie volonté d'être différent des épisodes phares et de proposer différents systèmes innovants. Dans ce jeu, Big Boss commence à prendre malgré lui le rôle de leader, et non plus de simple soldat. Ce concept est très intéressant et colle d'ailleurs tout à fait à ce que le personnage s'apprête à devenir plus tard. A nous donc de gérer le recrutement de notre équipe et de donner à chacun des membres une fonction à effectuer. C'est très simple, assez ergonomique, et ça s'avère assez utile. En effet, l'unité médicale augmente votre barre de vie et vous recharge entre les missions, l'équipe technique vous construit des gadgets, les espions vous informent sur les armes que vous pouvez trouver dans différentes zones (nécessaire si l'on veut être armé d'autres choses que le MK22)...

Le seul gros point faible de ce système s'avère être le recrutement... En effet pour recruter vous devez... euh... chopper un soldat par derrière... et le traîner dans votre camion... Ca fait un peu violeur, mais à ce petit jeu le plus fun ça reste encore de recruter des infirmières ! Bienvenue dans KIDNAPPING SEQUESTRATION SIMULATOR 2007 !! Avec un soupçon de "Stockholm Syndrom Simulator" car sinon c'est pas marrant (mon projet S3 à moi).
Plus sérieusement, le vrai problème c'est que c'est absolument pas fun d'aller chercher des recrues... J'en ai captu... recruté une dizaine au début du jeu et je me suis contenté de ça pour le reste de l'aventure.

Mais le gros point fort de ce jeu ça reste le scénario. La marque de fabrique de la série, je m'attendais ici à être déçu d'autant que celui-ci n'est pas signé par Kojima, mais il s'est avéré absolument excellent de bout en bout. Big Boss se voit confronté ici malgré lui a une réplique de l'incident des missiles de Cuba, mais cette fois-ci basée en Colombie. Les russes ont créé cette base secrète afin de pouvoir lancer une tête nucléaire sur les états-unis si jamais cela s'avère nécessaire... Cependant cette base est tombée sous le contrôle de Gene, un ancien membre de FOX qui souhaite lancer cette attaque nucléaire sur la Russie. Gene a tout d'un dictateur, ses discours persuadent tous les soldats de le rejoindre dans sa quête.

On va toucher ici à tout un tas de thème passionnant, comme celui-ci de la dictature évidemment, mais aussi du véritable but du soldat... doit-il suivre sa patrie ou ses choix personnels ?
On retrouvera également le thème de la génétique, notamment avec la présence d'un "soldat parfait", Null, créé dans le simple but d'accomplir ses missions sans en garder le moindre souvenir (aucun spoil, le personnage arrive tôt dans l'aventure). Ce personnage, tout comme les autres, est véritablement passionnant et profond. L'équipe des bad guy (à l'exception de Cunningham assez classique) déborde d'un charisme phénoménal, ils brilleront dans chaque cinématiques. Celles-ci sont d'ailleurs dessinés dans un style comics. La patte d'Ashley Wood qui avait déjà fait ses preuves colle parfaitement à l'univers, et la plupart de ces cinématiques seront très intenses, aidées par une mise en scène exemplaire. Le tout est de plus transcendé par un casting voix sans fausse note.
Les musiques sont excellentes durant les cinématiques... dommage qu'elles soient souvent quelconques in game.

En complément de ce casting de méchant très réussi, les boss eux aussi auront vraiment de la gueule. Sans être spécialement originaux, ils sont suffisamment réussis dans leur mise en scène pour offrir de très bons affrontements, assez ardus.

Une autre critique sur ce site disait que le scénario n'apportait rien à l'univers MGS. Pour moi c'est complètement faux. Il me parait essentiel pour comprendre l'évolution psychologique de Big Boss. Cette aventure le changera assurément.De plus, le scénario enrichit le background de certains personnages phares de la série que j'ai eu grand plaisir à retrouver ici. Certes, ce n'est peut-être pas aussi essentiel que MGS4, mais je pense qu'il est dommage de passer à côté de ce scénario, loin d'être anecdotique.
Malheureusement, il y a parfois des clichés un peu niais, mais bon... ça passe !

Au final MGS Portable Ops est un jeu qui a les ambitions d'un titre de fin de PS2, mais qui souffre de la technique d'une PSP faiblarde, capable d'être jolie à regarder à condition de restreindre le contenu. Il tente d'apporter de nouveaux éléments de gameplay à la série, ce qui ne fonctionne qu'à moitié à cause des tares citées plus haut. Heureusement, on appréciera de plus en plus le soft au fil des heures passées, mais l'impression de jouer à un sous-MGS ne nous quittera pas.
Pour son gameplay, il ne vaut guère plus de 5. Moyen, sans plus, mais pas non plus dramatique. Heureusement, les nouvelles mécaniques de gestions d'équipe et d'équipement mais surtout le travail formidable sur le scénario, la narration et le character design me font hausser la note d'un point. Un jeu que je ne regrette assurément pas d'avoir fait, ni d'avoir acheté, et auquel je repenserai avec plaisir... en oubliant le gameplay.

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