Razocharovanie, kamarade !
Ma première expérience avec Metro 2033 en 2011 fut assez courte. Malgré un visuel alléchant, je n'étais pas vraiment emballé par son gameplay, ni par son histoire assez quelconque. Mais avec la sortie prochaine de Last Light, la suite de 2033, je voulais donner une seconde chance au jeu, car après tout des FPS à l'ambiance aussi délicieuse, ça ne court pas les rues.
Car oui, Metro 2033, c'est avant tout un jeu d'ambiance. Dès les premières minutes de jeu, on est plongé dans un monde post-apocalyptique glauque et sans espoir. Les décors sont très beaux, chaque recoin grouille de détails, les PNJ vivent leur vie d'un air fatigué chacun de leur côté. L'effort de mise en scène est incroyable.
Du côté de la réalisation, c'est également solide, les textures sont magnifiques et l'éclairage impressionnante. Seule ombre au tableau : des animations un peu rigides et mal enchaînées, mais rien de catastrophique pour autant. Ça fait parti des rares jeux avec un visuel impeccable d'un point de vue à la fois artistique et technique (souvent, c'est soit l'un, soit l'autre).
J'ai aussi bien aimé l'effort fait pour l'immersion. Plutôt que de passer par des menus indigestes, on se sert de nos équipements : la durée du masque à gaz se lit sur notre montre, les objectifs sont écrits sur une feuille qu'on peut éclairer avec un briquet, la sortie est indiquée sur la boussole plutôt qu'un texte dégueulasse qui flotte dans l'air comme dans la plupart des FPS modernes.
Malheureusement, comme je l'ai dit dans l'introduction, Metro 2033 déçoit par son gameplay. Si on lui retire son ambiance, ce n'est qu'un FPS linéaire et scripté franchement pas très original. L'expérience ne se renouvelle pratiquement jamais, on passe notre vie à faire du shoot assez mou dans des couloirs étroits. C'est assez exaspérant à quel point les armes n'ont aucune sensation : on a l'impression d'utiliser des pistolets à clou contre des ennemis qui tombent comme des sacs de patates. Ça n'aurait pas été gênant si seulement ce n'était pas les 90% de notre activité.
Heureusement, certaines séquences sont un peu plus travaillées niveau level design, avec plusieurs étages et couloirs, offrant au joueur différentes possibilités d'approche. On peut essayer de se la jouer infiltration, mais personnellement je trouvais ça un peu mal fichu, notamment à cause d'un couteau inefficace et une IA étrangement perspicace.
Quand on n'est pas seul, on est accompagné d'un ou plusieurs PNJ invincibles (ou presque) qui font tout le boulot à notre place. On doit les regarder faire leur script dans le décor jusqu'à ce qu'on puisse enfin faire quelque chose car la porte vers la zone suivante ne s'ouvre mystérieusement qu'une fois les scripts terminés. Encore si c'était des scripts intéressants, pourquoi pas, mais là ce n'est clairement pas le cas.
On peut noter également quelques niveaux ultra rigides qui essayent désespérément de varier le rythme du jeu, comme "l'Anomalie" ou "les Fantômes". Ça ressemble aux missions d'infiltration scriptée façon Call of Duty, à savoir "suit un PNJ et arrête-toi quand il te dit de le faire, sinon tu te fais tuer quoiqu'il arrive". Intérêt zéro.
Un des éléments qui m'a le plus rebuté la première fois que j'avais joué au jeu, c'est ce FOV absolument ridicule. Il est réglé à 45° et on ne peut pas le modifier dans les options. Quarante-Cinq, non mais franchement !! (Pour info, le champ de vision d'un œil humain est autour de 75°.) Ça me filait vraiment la nausée, j'avais l'impression d'être constamment collé au décor, d'autant plus que le jeu se passe majoritairement dans des couloirs étroits. Heureusement sur PC, on peut bidouiller quelques fichiers dans le répertoire d'installation pour profiter du jeu avec un FOV "normal". Mine de rien, c'est crucial dans un FPS. Un FOV plus élevé m'a permis de mieux profiter du jeu, en prenant mon temps pour admirer les décors et en tirant sur les ennemis avec une visée plus pratique.
Je n'ai pas lu le livre original, mais j'ai trouvé l'histoire du jeu particulièrement inintéressante malgré un univers fort. On passe notre temps à aider des PNJ qui arrivent comme un cheveu dans la soupe et dont on n'arrive pas à s'en attacher tellement ils n'ont aucun charisme. Artyom est un énième personnage principal muet sans personnalité, je n'ai jamais été fan de ce concept. Le pire, c'est qu'il parle durant les chargements pour raconter sa vie, pourquoi ils ne l'ont pas fait parler pendant le jeu quoi, sérieux.
Un bon point pour la sélection de langues cependant. On peut choisir séparément la langue des voix et des sous-titres. Les voix en anglais ont un accent russe et nous mettent direct dans l'ambiance, mais si on est puriste on peut même s'amuser à jouer en russe. La VF quant à elle est moyenne. Non pas que les acteurs jouent mal, mais c'est plutôt qu'on entend très souvent les mêmes voix tout le long du jeu. José Luccioni (le doubleur d'Al Pacino, mais également un des doubleurs de jeux vidéo les plus prolifiques avec Marc Alfos) interprète une vingtaine de personnages différents. On finit rapidement par en avoir marre d'entendre le Pacino français tout le long du jeu, et pourtant j'adore cette voix.
Au final, mon impression sur le jeu est globalement la même que ma première expérience, à part le fait que cette fois j'ai réussi suffisamment à plonger dans l'ambiance pour pouvoir aller jusqu'au bout de l'aventure. Visuellement, Metro 2033 est impeccable et on tombe rapidement amoureux de son ambiance hyper travaillée. Pourtant, la singularité de son visuel fait vraiment contraste avec le reste du jeu, car d'un autre côté, c'est un FPS assez moyen avec du gun fight mou du genou et pas très originale, tout ça pour raconter une histoire peu intéressante avec des personnages sans charisme. C'est vraiment dommage, en espérant que Last Light réussira à mieux s'en sortir.
