Course murale et coup de latte dans la face : petite poésie de printemps
Qui n'a jamais rêvé de se prendre pour un Yamakasi en virevoltant par-delà les toits de la ville ? Sans doute pas mal de monde, étant donné que c'est très risqué et qu'on peut se faire très bobo. En plus c'est quasiment que des arabes dans le film. Mais laissons de côté les longs discours et les blagues racistes et penchons-nous un peu plus sur le sujet, c'est-à-dire Mirror's Edge.
Vous êtes Faith donc, une "messagère" chargée de délivrer des messages (oui) à travers la ville, ville corrompue et bridée par le pouvoir dont tous les habitants sont sous surveillance, à la manière de 1984. Vous voilà bientôt embrigadé dans un complot visant à rayer de la surface du globe les messagers, et blablabla... Passons sur le scénario, qui est pour moi totalement anecdotique tant il est banal et convenu.
Non. Le gros point fort de Mirror's Edge, c'est son gameplay, qui se base tout d'abord sur une très bonne idée : adopter une vue FPS, mais cette fois, pas pour défragmenter des méchants russes, mais pour se permettre des acrobaties folles au cœur de la ville tel un Damien Walters survolté. Et au féminin. Et asiatique aussi. Mais un concept si novateur ne serait rien sans un bon level-design pour le mettre à contribution. Ca tombe bien, les petits gars de chez Digital Illusions ont réussi le pari. Grâce à une jouabilité à la manette parfaitement calibrée, on prend un plaisir dingue à glisser sous un tuyau, à entamer une course contre le mur pour rebondir sur le bâtiment d'en face, ou même à sauter d'une grue à l'autre à 50 mètres de haut.
Et, bien que vous devriez dans les faits relier un point A à un point B sans véritable détour, grâce aux différents mouvements et éléments du level-design disponible, il y a au final pas mal de façons d'aborder un niveau. Dans le cas (rare) où vous ne sauriez pas où allez, un filtre colorant les éléments importants en rouge sera là pour vous sauvez la mise. Soyons clair : désactivez ce machin, au même titre que le curseur placé au milieu de l'écran : l'immersion et a fortiori le plaisir de jeu n'en sera que plus grand.
Mais dans toute cette histoire, on fait des cabrioles et des triples backflip in the air (yeah), c'est très bien, d'accord, mais il est où le challenge ? Eh bien, disons simplement que Mirror's Edge est une course-poursuite géante : Vous serez quasiment tout le temps en train de vous faire canarder par des flics un peu trop hargneux qui veulent votre peau à tout prix. Vous pouvez alors les contourner, ce qui reste la meilleure solution puisque la moins risquée, où bien tenter de les maraver comme il se doit, parce que bon, c'est pas parce qu'on est une meuf taillée comme une mante religieuse qu'on a pas le droit de se défendre. Et il faut reconnaître qu'elle sait se défendre la petite vietnamienne (CHINOISE !) : coup de latte dans la face, coup de pied retourné dans les yocks, vous pouvez même chiper leurs armes aux ennemis, mais on se rend compte bien vite que n'est pas Doom-like qui veut : les armes n'ont foutrement aucune pêche. Donc comme je disais, la fuite est "ce que vous faites de mieux" (c'est Faith elle-même qui le dit, la preuve que je raconte pas n'importe quoi). Privilégiez donc cette dernière, même si rien ne vous empêche bien sûr de distribuer quelques pains bien sentis au passage.
Côté graphismes, c'est blanc. Mais vraiment tout blanc. A part quelques éléments osant quelques couleurs et le filtre rouge énoncé précédemment, la ville est immaculée de blanc. Déroutant au premier abord, ce choix esthétique assumé se marie au final plutôt bien avec l'ambiance du jeu et contribue à la visibilité générale de l'ensemble. Par contre, j'ai pas trop aimé les cinématiques, style... Style je-sais-pas-quoi en fait, ça ressemble pas à grand chose et ça jure avec le reste du jeu. Mais peut-être que ma sensibilité artistique n'est pas suffisamment grande pour apprécier, allez savoir...
Les musiques sont très agréables à entendre, avec un thème principal magnifique (n'ayons pas peur des mots). Bon, le doublage français est un peu à chier, je vous l'accorde volontiers, mais on peut franchement le lui pardonner.
L'aventure se boucle plutôt rapidement, surtout que M'sE est un jeu qui se consomme vite tant on est happé par l'action frénétique qui règne. Mais il reste tout de même des trials contre-la-montre à réaliser et des valises disséminées partout dans les niveaux à trouver. C'est pas Byzance, mais on s'en contentera.
Avec un concept aussi casse-gueule, on pouvait s'attendre au pire mais force est de reconnaître que M'sE est un jeu bien fichu malgré quelques lacunes évidentes, comme une durée de vie un peu chiche, des armes mal foutues et un scénario inexistant. Mais bon, quand un jeu octroie des sensations vraiment nouvelles et un plaisir de jeu aussi présent, on peut bien lui concéder cela. Mais pas trop.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.