Mirror’s Edge Catalyst
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Mirror’s Edge Catalyst

Jeu de DICE et Electronic Arts (2016PlayStation 4)

J'avais bien aimé le premier Mirror's Edge sans forcément lui vouer un culte et du coup sans non plus attendre cette suite avec impatience. Cela étant dit je ne crache pas dessus et j'étais curieux de voir le résultat. Au final le bilan est mitigé, avec des qualités et des défauts. Mais ce n'est pas aussi catastrophique que j'imaginais au vu des premiers retours à la sortie du jeu.


Je suis surtout partagé sur l'intérêt du monde ouvert pour un jeu comme Mirror's Edge. Cet aspect apporte des bons mais surtout des mauvais côtés. Je pense aussi que les développeurs ont tenté d'intégrer les mécanismes de Mirror's Edge dans un open world, plus par automatisme (l'open world étant devenu la norme) que par réelle vision artistique, sans trop savoir quoi faire avec. Car au fond, le monde ouvert n'apporte pas grand chose à la formule Mirror's Edge, ça appauvrit même d'une certaine façon le gameplay. Le but du jeu est passé de "comment optimiser mon parcours" à "comment trouver mon chemin".


Car oui, le plus compliqué dans Catalyst c'est bien de trouver son chemin dans le labyrinthe faussement ouvert des toits de la ville. Ce n'est pas toujours évident. C'est si peu évident qu'un système de tracée rouge a été mis en place pour indiquer le parcours le plus évident, à défaut d'être le plus rapide. Je n'ai pas l'habitude râler contre ces systèmes d'aide, mais là ça rend le jeu vraiment trop facile, limite téléguidé, surtout que ça se rajoute aux indice visuels habituels (éléments du décor colorés, ou marqués). Au bout d'une heure ou deux je n'avais déjà plus l'impression de jouer par moi-même, puisqu'il suffit de suivre la ligne rouge. J'ai aussitôt désactivée cette aide et j'ai alors découvert un nouveau jeu, plus libre, où en effet le cœur de la progression réside dans l'idée de trouver son chemin par soi-même.


Ça me semble être l'idée directrice du jeu mais du coup je ne comprends pas pourquoi les développeurs ont implémenté cette fameuse tracée rouge qui pète tout le truc. A moins que je me trompe complètement - l'idée n'étant pas de déchiffrer l'environnement pour trouver le bon chemin - et alors le jeu est foiré dans les grandes largeurs.


Après, même si l'idée est intéressante - et il y a vraiment des moments de recherche intéressants - ce n'est pas complètement réussi. D'une part car le level design est étrange. En y réfléchissant ça me fait penser à Thief (le reboot), en moins pire toutefois, dans le sens où l'impression de monde ouvert est trompeuse puisque ce sont en réalité des chemins relativement linéaires qui sont interconnectés. Il n'y a souvent qu'un seul parcours pour rejoindre un point donné, même si durant ce parcours de multiples possibilités sont offertes (grimper à un poteau, prendre un escalier, faire un saut en appui sur un mur...). Avec l'habitude on connaît les chemins pour se déplacer plus rapidement mais ce n'est jamais optimal. Il y a toujours des moments d'errance un peu frustrants.


D'autre part ce principe de recherche (je ne parle pas d'exploration car ce n'en est pas vraiment) est contradictoire avec la fluidité, le rythme, qui sont censés rendre Mirror's Edge si unique et grisant. Le premier épisode était basé avant tout sur le skill, le rythme, le timing, et le die & retry dans un style finalement assez proche de l'arcade. Ici le rythme est plus délié, dilué dans l'open world ponctué de points d'intérêt en tout genre, trop répétitifs et au fond pas forcément intéressants, surtout dans une optique de monde ouvert puisque la plupart sont des épreuves chronométrées qui appellent à la linéarité (même si là encore, le but est de trouver le chemin le plus court). Épreuves par ailleurs plombées par des temps de chargements dissuasifs à chaque échec.


Pourtant l'intérêt du premier Mirror's Edge n'a pas complètement disparu. Dès que le jeu prend de la vitesse, dès qu'il impose son rythme - notamment à travers les missions principales, ou quand on sait à peu près où aller et comment y aller - on se surprend à retrouver des sensations que l'on avait oubliées, des sensations assez uniques dans le monde vidéoludique : une immersion totale, grâce à la vue à la première personne, une vitesse grisante, et un enchaînement constant d'acrobaties fluides et faciles à sortir mais qui demandent tout de même un peu de timing et de technique, et surtout une anticipation dans l'analyse du level design pour savoir où et comment sauter, où s'accrocher, quel élément utiliser pour conserver de la vitesse et faire durer le plus longtemps possible ce flow enivrant. Catalyst ajoute même des mouvements intéressants notamment en terme de combat qui rajoutent un peu plus de classe et de fluidité à l'ensemble, et surtout plus logique par rapport aux caractéristiques de runneuse de Faith (la vitesse permet d'éviter les balles et de donner des coups sans s'arrêter).


Par instant on renoue avec ce qui faisait du premier Mirror's Edge un jeu si singulier, et puis on a droit à quelques passages mémorables (notamment vers la fin) et l'univers blue sky fait tellement du bien (dommage que le scénario empile les clichés) ! Mais c'est vrai que le résultat final est bâtard, étrangement équilibré, le cul entre deux chaises, à cause de l'intérêt discutable de l'open world.

benton
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le 14 nov. 2017

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