No Man's Sky
5.7
No Man's Sky

Jeu de Hello Games (2016PC)

Vers l'infini et... C'est tout mais c'est procédural

Je vais ouvrir cette critique sur une affirmation porte ouverte/obvious/vieux con, le monde du jeu vidéo est devenu chiant ces dernières années. Que ce soit chez les gros de droite qui pèsent ou les indés hippies de gauche, j'ai énormément de mal à trouver mon compte (parfois il y a des exceptions cf. Nuclear Throne et sa critique dithyrambique par moi). Heureusement la vie est bien faite et mon Mac a décidé de partir en vrille il y a un an maintenant et j'ai pu tout naturellement revenir du côté lumineux en demandant un PC comme cadeau de fin d'été. J'en ai profité pour laisser de côté mon Mac qui tousse suite à un coup de froid attrapé lors d'une journée pluvieuse suite à une averse de lait et de céréales, ainsi que ma PS3 qui sert désormais de coussin à chat, sans oublier ma 3DS qui est quand même un peu revenue en force cet été, voyage oblige.


Grâce à ma nouvelle bécane rutilante, j'avais coché quelques jeux pour le futur et c'est tout naturellement que No Man's Sky s'est retrouvé dans ma liste, débarquant directement de mon autre liste, celle des souhaits sur PS4 mais comme je n'ai pas de PS4, bawi PC master race kwa en attendant que Square se réveille avec FFXV et KH3 et la sortie du nouveau GoW... Je ne vais pas le cacher, j'ai été pas mal hypé par NMS, la liberté, le procédural, un gameplay arcade (j'attendais ça depuis Freelancer), de l'exploration spatiale, du vaisseau tunable, une patte graphique léchée (dans les trailers), une bande son prometteuse, tout y était. C'est simple, je n'avais pas été aussi hypé depuis Shadow of Mordor et son système Némésis (on googlelise si on sait pas ce que c'est), j'attendais à nouveau un jeu avec un concept qui sur le papier envoyait du pâté et ouvrait des portes intéressantes pour les jeux de plus tard dans le futur. Pour la petite histoire Shadow of Mordor n'était pas mauvais mais évidemment quand on balance un concept dans le jeu vidéo, c'est rarement dingue au premier essai et sachant qu'il y avait quand même des sous derrière ledit Shadow of Mordor, j'aurais du me méfier de NMS et ses moyens bien plus faibles que ceux d'un jeu avec Warner derrière le studio de dev'.


Après tout ce blabla, arrivons au fait, NMS est un jeu qui m'a divisé en mon for intérieur, c'est pourquoi pour m'épauler dans cette critique, je vais donner la parole à deux de mes nombreuses personnalités multiples. La première étant Eugène Nuh, éminent Dailymoteur à la tête de la chaîne EugèneGaming, ancien rédacteur sponsorisé chez Jeublog et Gamesvidéo.com, docteur émérite en poésie bullshitesque à l'université de la Sorbonne de Gueugnon. A ses côté, j'ai confié Jean Rage, journaliste indé pour JV Le Journal, ancienne chronique de GV.com avec son célèbre 3615Rage, pigiste pour Baleine PC, critique émérite des Cahiers du Jeu Vidéo et auteur de l'essai désormais célèbre "Ce jeu, c'est un pétard mouillé".. A eux la parole désormais.


Eugène Nuh : No Man's Sky, c'est ce genre de jeu qui est plus qu'un simple jeu, c'est... une expérience, dans la lignée d'un Journey. Au delà de son gameplay minimaliste, il y a un univers qui se dévoile petit à petit devant nos yeux, une expérience et un feeling différents pour chacun et dont on est libre d'explorer les moindres recoins. La liberté est totale, les possibilités limitées à nos propres limites. Ai-je envie d'aller au centre de la galaxie comme le propose le jeu en tant que fil rouge ? Suis-je plutôt tenté de suivre la mystérieuse voie de l'Atlas ? Voire même pourrais-je ignorer tout ça et me lancer dans l'infinie du cosmos à corps perdu ? Tout ça est possible dans No Man's Sky, l'univers s'offre à nous, à nous de le découvrir avec cerise sur un gâteau sans fin la possibilité de nommer quasiment tout ce que nous rencontrons, laissant ainsi notre trace dans cet univers, trace sur laquelle d'autres joueurs pourraient tomber au hasard de leurs propres pérégrinations. C'est ça No Man's Sky, un gigantesque terrain de jeu où chacun trace son chemin de la manière dont il lui plait.


Je confesse ne pas encore avoir découvert ce qui se cache au centre de la galaxie, je ne le découvrirai peut-être même jamais tant je me suis laissé happé par ce cosmos sans fin, voyageant de système en système, découvrant toujours plus de planètes, de lunes, de stations spatiales, d'espèces extra-terrestres, de faune et de flore, le tout servit avec une bande son qui sied parfaitement au côté contemplatif de l'oeuvre d'Hello Games.


C'est simple, ces derniers jours, dès que j'avais envie de m'évader, je lançais NMS, je montais dans mon vaisseau et je partais me balader dans l'infini sans me soucier d'où et vers où j'allais, sans me demander pourquoi, une déconnexion totale vers un état de plénitude seul avec moi-même. Libre de laisser libre (combo) cours à mes pulsions meurtrières en tuant et pillant ou au contraire d'atteindre un état de contemplation vis à vis du gouffre sans fin ouvert devant moi vivant et interagissant avec lui-même devant mes yeux notamment dans des batailles spatiales titanesques. Encore une fois, le jeu nous offre une liberté totale de choisir un camp ou bien d'attaquer les deux ou de passer son chemin le plus simplement du monde. Ce genre d'événement m'ayant conduit dans une phase de jeu haletante ou après une bataille spatiale, riche en ressources durement gagnées, des pirates sont apparus à proximité, brouillant mon hype-propulseur et m'obligeant à piquer vers la planète la plus proche pour réparer mon vaisseau endommagé qui une fois réparé les anéantit alors qu'ils m'attendaient en orbite.


Avis aux aventuriers en quête d'immensité, posez-vous sur No Man's Sky et décollez vers l'espace..


Jean Rage : On va pas tortiller du jeu pour chier droit, ce jeu est une daube, un ratage complet d'un studio qui s'est cru trop beau. C'est simple, pour vous faire une idée, regardez les trailers dont nous avons été abreuvés ces dernières années et les vidéos de gameplay qui doivent foisonner sur Youtube et c'est bien triste ma pauvre dame. Ce jeu, c'était une promesse faite aux joueurs qu'ils allaient pouvoir s'éclater sur un terrain de jeu quasiment sans limite avec ses 18 446 744 073 709 551 616 planètes selon les chiffres officiels des organisateurs de cette trop vaste fumisterie.


En 2016, nous sommes désormais habitués à downgrade et au bullshit des développeurs/éditeurs, souvenez-nous de Watch Dogs et de la poussière de rêve balancée allègrement dans nos petits yeux écarquillés de joueurs en attente de renouveau dans un jeu vidéo qui a de plus en plus de mal à casser ses codes pour produire quelque chose de nouveau. La faute à des triple A qui coûtent toujours plus aux éditeurs, ne laissant quasiment plus qu'aux indés la possibilité d'essayer des choses, de faire souffler un air frais dans un petit monde qui est à son Call of 27 et à son Fifa 2045. Manque de bol pour nous, les petits gars de Hello Games ont tenté de se la jouer Ubictision Arts en nous prenant clairement pour au mieux des aveugles, au pire des imbéciles.


On va rentrer dans le lard par le visuel donc, NMS est laid, très laid, on est à des années-lumières (clin d'oeil subtil au jeu) du rendu des trailers avec une mention spéciale pour la faune qui est juste un concours foireux de créatures issues de SPORE (souvenez-vous le jeu révolutionnaire du créateur des Sims). C'est simple, le jeu a une base de données avec des museaux, des pattes, des corps, des têtes, etc qu'il génère procéduralement (on aime ce mot dans No Man's Sky) et qui donnent des résultats bien loin des fières créatures aperçues lors des différents salons où le jeu a été montré. Bon après, on aurait du le voir venir, les premiers aperçus du jeu étaient maussades, le jeu était bugué, la version PS4 était catastrophique, la sonnette d'alarme était tirée mais j'ai voulu y croire même après sa sortie sur console. Pendant 3 jours, je me suis auto-persuadé que la version PC éclaterait comme d'habitude la version console et je pourrais aller étaler ma supériorité sur les forums dédiés devant des consoleux en larmes suite à leurs 60 balles investies dans une bouillie de pixels. Las, un dieu mesquin s'est ri de moi et a balancé une version PC à la hauteur de sa sœurette sur console à ceci près que j'ai été un des rares privilégiés à avoir une version jouable avec pour seul bug le fait de devoir lancer le jeu deux fois puisque le premier lancement ne lançait pas le jeu (...).


Une fois remis du choc visuel, il faut reconnaître que la bande son est très bonne et qu'on prend facilement en main le perso et le vaisseau malgré l'absence totale de tuto et l'obligation pour moi de jouer à la manette due à ces P**** de menus d'inventaire qu'on nous sert partout depuis trop d'années. On se contentera d'infos en bas de l'écran pour vaguement nous guider, infos qui sont évidemment buguées pour certaines comme celle demandant de recharger le canon à neutrons de son vaisseau alors qu'il a une énergie infinie et qu'il n'y a aucune possibilité logiquement de le recharger. Après avoir rafistolé son vaisseau après une séance de farm sur la planète de départ refilée par le jeu, on décolle et on file vers l'espace sans temps de chargement ou de baisse de framerate, ce qui est plutôt sympa sauf que j'ai oublié de le préciser le jeu met de longues minutes à se lancer, faut bien générer procéduralement l'univers dans lequel on va jouer, et met de toutes aussi longues minutes à faire les sauts de système en système, toujours pour procéduralement créer le nouveau bled où on va se retrouver. Pour un jeu qui se targuait de me filer un univers ouvert dans lequel je pourrais gambader non-stop, ça la fout mal.


Soit, une fois dans l'espace, on se ballade, on visite, on récolte, on se bat un peu (genre, il m'a fallu presque 10 heures pour tirer sur autre chose que des astéroïdes) et ON S'ENNUIE COMME DES RATS MORTS ET FOSSILISÉS. Sérieusement les mecs, vous voulez qu'on pérégrine vers votre centre d'univers avec pour seul fil conducteur qu'il y a un truc là-bas alors que je suis à trouzemille années-lumière de là et que je dois en plus farmer comme un bot des ressources pour ravitailler mon vaisseau laid comme un cul ??? Pardon, j'exagère, il y a la voie de l'Atlas aussi QUI EST EXACTEMENT PAREILLE !!! On suit un pseudo fil conducteur alors qu'on ne sait strictement rien du comment du pourquoi si ce n'est des infos plus floues que ma vision après de trop nombreuses pintes au Délirium (excellent bar de Bruxelles, je conseille).


C'est ça No Man's Sky, un jeu laid, répétitif au possible où on incarne un clampin sans passé, sans personnalité, sans apparence même dont le seul but est d'allé voir un truc dont il ignore tout. Je veux bien qu'on me pousse à faire marcher mon imagination mais bordel là mon imagination, elle me dit d'arrêter de me foutre de sa gueule ! Jeu qui nous a en plus été vendu comme une oeuvre qui allait nous faire rêver en faisant miroiter un concept de folie. Je suis aigreur en plus de me sentir clairement floué, chose assez rare étant donné que globalement, je choisis assez bien mes jeux et je sais quand je vais être déçu. Ici, ce n'était pas le cas, je voulais y croire et ils m'ont volé mes espérances, mes rêves, ma vie ...


Ahem, je vais stopper ici la critique de Jean qu'on vient d'évacuer pour dépression post-traumatique et je vais clôturer cette critique un tantinet schizophrène. Comme je pense ça transpire d'un peu partout, il y avait des attentes autour de NMS malgré la petitesse du studio, les avertissements de quelques vieux sages à qui on apprend pas à faire la grimace et les premiers retours des testeurs mais malgré tout j'ai voulu y croire, sans me voiler totalement la face notamment sur les graphismes que j'attendais bien en deçà de ce qui était montré dans les trailers. Le problème de No Man's Sky à mes yeux, c'est son vide, j'étais conscient que le fil conducteur était ténu mais j'étais quand même des à-cotés pour meubler mon voyage comme une faune et une flore un peu moins inutiles et un peu plus crédibles, des rencontres dans l'espace plus nerveuses avec de vrais enjeux et surtout une répétitivité qui apparaîtrait moins vite. Malgré ça et comme caricaturalement dit plus haut, j'apprécie le jeu pour son univers immense lors de mes sessions de jeu courtes qui s'arrêtent systématiquement quand je m'ennuie et que l'exploration ne suffit plus à combler le vide du gameplay et de l'univers.


Vers l'infini et... C'est tout mais c'est procédural et donc potentiellement on pourrait avoir dans le futur des jeux spatiaux riches si les frileux éditeurs se décident à mettre des billes dans des concepts trop grands pour un petit studio qui en est à son premier essai en la matière et dont l'avenir s'annonce à mon avis sombre. Sur ce, je retourne me perdre dans l'espace mais pas plus d'une heure ou deux.

Créée

le 23 août 2016

Critique lue 430 fois

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Morthys

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