Ōkami
8.2
Ōkami

Jeu de Hideki Kamiya, Clover Studio et Capcom (2006PlayStation 2)

Issun, l’artiste errant, vous présente son interprétation de la grande déesse du soleil Amaterasu !

NARRATION
Histoire : ★★★☆☆
100 ans après la victoire du guerrier Izanagi sur le dragon Orochi, un mystérieux individu s’empare de la légendaire épée Tsukuyomi, causant par la même occasion la résurrection du monstre et une malédiction dévastatrice sur les îles du Nippon. Invoquée par l’esprit de la nature Sakuya et l’artiste errant Issun, la déesse du soleil Amaterasu se voit alors réincarnée sous la forme d’une louve afin de défaire à nouveau le dragon à huit têtes, tout en restaurant la beauté de l’archipel…


En s’inspirant des mythes et des légendes japonaises, l’histoire d’Ōkami se présente plus comme une mosaïque de récits que comme un scénario pensé en un seul bloc. Cela ne l’empêche pas de tisser un fil rouge cohérent, ni de se laisser suivre avec plaisir d’ailleurs, mais ce n’est clairement pas pour sa narration que l’on retiendra Ōkami en priorité. Après tout, ce n’est pas comme si le jeu n’avait pas d’autres qualités…


Personnages : ★★★☆☆
Bien qu’Amaterasu soit une louve muette au caractère animal, Ōkami propose aussi une galerie de personnages humains qui nous arrachera quelques sourires. On retiendra par exemple Susano, le pseudo-guerrier paresseux et imbu de lui-même, Ushiwaka, le mystérieux poète-samuraï, et bien sûr Issun, notre fidèle compagnon à la langue bien pendue… Un défaut est à relever toutefois, peut-être le plus gros du jeu (c’est dire s’il en a peu) : les doublages sont ici remplacés par des bruitages en « yaourt » qui peuvent parfois devenir insupportables... Heureusement, il est tout à fait possible d’accélérer la plupart des dialogues (pas tous), au demeurant plutôt bien écrits et parsemés d’humour.


Univers : ★★★★★
A partir de là, je n’aurai que des éloges à faire sur Ōkami, à commencer par son univers grandiose. Véritable hommage au pays du Soleil Levant, le lore du jeu déborde de clins d’œil culturels à découvrir lors de nos courses endiablées dans les contrées du Nippon. Que ce soit au détour d’une discussion ou via les annales encyclopédiques du jeu, les références au Japon tiennent tout aussi bien de la mythologie shintoïste (les kami, yokai, oni, kitsune…) que de ses contes traditionnels (la princesse Kaguya, les 8 chiens du clan Satomi…), ses lieux emblématiques (la capitale impériale Kyoto, les rochers mariés de Meoto Iwa, le torii de Shirahige sur le lac Biwa…), mais aussi de ses personnages historiques (le guerrier Benkei et sa quête aux 1000 katanas, l’archer légendaire Nasu no Yoichi, l’inventeur Hiraga Gennai…). Dans le même temps, on en apprendra plus sur la gastronomie, les arts et les traditions du pays, dont les diverses représentations in game, à l’image de sa faune locale (grues, tigres, tanuki, etc…), ont été particulièrement soignées.


JEU
Game Design : ★★★★★
Dans les grandes lignes, Ōkami se présente sous la forme d’un zelda-like généreux et bien maîtrisé : exploration, plateformes, combats, énigmes, PNJ, quêtes annexes, compétences, mini-jeux de pêche et de forage ; l’expérience sait varier ses plaisirs sur la trentaine d’heures qu’elle propose ! Mais loin de n’être qu’une itération de Wind Waker, Ōkami innove aussi grâce à une mécanique de jeu complètement originale : le pinceau céleste. Par la simple pression d’une touche, le joueur a en effet la possibilité de dessiner sur l’écran une forme épurée pour déclencher un pouvoir divin (une bourrasque, une boule de feu, l’apparition du soleil…), pouvoirs tout aussi utiles dans les combats que lors des phases de plateformes ou d’énigmes. Les possibilités offertes sont ainsi très inventives, puisque le jeu dispose de 13 techniques principales, sans compter les secrètes qu’il faudra découvrir par soi-même…


Gameplay : ★★★★☆
Bien aidés par ses animations déliées, les déplacements de la louve Amaterasu sont aussi vifs que jouissifs, enchaînant les courses folles, les doubles sauts et les charges en avant, tout en laissant derrière elle une traînée de pétales et de fleurs. Les combats sont aussi très réussis, même si un peu trop faciles : fortement inspirés des beat’em all (Hideki Kamiya et Atsushi Inaba fonderont par la suite PlatinumGames, notamment à l’origine des Bayonetta et de NieR Automata), ils combinent dynamisme et stratégie puisqu’il sera nécessaire de connaître la technique appropriée à chaque ennemi pour le vaincre.


Level Design : ★★★★☆
L’archipel du Nippon forme un monde semi-ouvert regorgeant de zones annexes et de secrets, mais aussi de donjons linéaires rythmés d’excellentes énigmes environnementales et de combats de boss. L’aventure sait de plus distiller ses niveaux avec parcimonie car elle suscite un sentiment de découverte permanent, si bien qu’on pense finir le jeu à plusieurs reprises alors qu’on en est en réalité qu’à la moitié…


PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★★★
Avec sa personnalité visuelle unique, mélangeant les estampes japonaises et le cel-shading, la direction artistique d’Ōkami n’a aujourd’hui pas pris une ride : les plaines de Shinshu, le lac Harami, la forêt d’Agata, le village montagnard de Kusanagi, les plages de Ryoshima, la capitale impériale de Seian, les contrées enneigées de Kamui… C’est toujours avec le sentiment d’errer dans des tableaux peints à l’encre de Chine que l’on explore cet univers particulièrement coloré : une réussite artistique sur tous les plans !


Ambiance : ★★★★☆
Portée par la beauté de ses environnements et de ses musiques, l’immersion dans le Japon fantasmé d’Ōkami est magique. Le sound design de sa nature, ses bribes de vent dessinées dans le ciel, ses bruitages à base d’instruments traditionnels, c’est l’ensemble de la patte visuelle et sonore du titre qui est au service de son atmosphère envoûtante. Teintées d’appels à l’aventure (les plaines de Shinshu, les rivages de Ryoshima…) ou de sonorités relaxantes (la forêt d’Agata, le quartier noble de Seian…), les ambiances savent aussi donner dans les tonalités tristes et mélancoliques, comme à l’approche du lac Harami ou à l’intérieur du Dragon des Mers.


Musiques : ★★★★★
Quatre compositeurs, plus de 5 heures d’enregistrement s’étalant sur 5 CD-ROM et près de 200 morceaux dont une grande partie mémorable : la bande originale d’Ōkami est aussi colossale que magnifique ! Parmi les innombrables musiques à retenir : Shinshu Field, Kushi’s Ride, Ryoshima Coast, Kaguya’s Departure, Kamui of the Northern Lands, Brave Warrior Oki, The Sun Rises… Et sans oublier la superbe chanson de crédits de fin Reset, malheureusement absente des versions HD.


Véritable ode au Japon féodal, son folklore, sa culture et ses paysages, Ōkami sublimait en 2006 le genre du zelda-like pour délivrer une aventure bel et bien légendaire. Sa direction artistique mélangeant estampes japonaises et cel-shading, ses musiques superbes et variées, sa maniabilité aux petits oignons, sa mécanique originale du pinceau céleste : c’est bien simple, à l’exception d’un scénario plutôt convenu, le jeu brillait dans tout ce qu’il entreprenait tout en maintenant son niveau d’excellence durant plus de trente heures ! Quel dommage qu’Ōkami n’ait pourtant pas trouvé son public à sa sortie, initiant par la suite la fermeture de Clover Studio, le deuil d’une suite potentielle (sans compter Ōkami Den), mais aussi la naissance remarquée de PlatinumGames… Il demeure malgré tout l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire du jeu vidéo !

CChris8
10
Écrit par

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Créée

le 10 oct. 2021

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CChris8

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