Le temps, quelle merveilleuse gomme à effacer


Comme il est étrange de se retrouver en pareille situation... Celle ou bizarrement, on se retrouve à se donner l'envie de vouloir écrire un petit texte sur un jeu vidéo sans en avoir l'habitude. Cela fait un moment que je joue à des jeux vidéos et aujourd'hui PAF je me lance. Rideau. Roulement de tambours. Poing levé. L'astre se lève sur un petit bonhomme dont le destin de tout un système solaire repose entre ses petites mains fragiles.


Cocasse. Mais finalement pas bien différent du reste. C'est vrai quoi, des êtres insignifiants qui se retrouvent avec la tâche ô combien pesante de sauver son peuple/planète/famille/univers/partenaire sexuel ça court les rues dans tout les médias. ça commence toujours ainsi, le héros apprend, rencontre, se bat, subit le courroux des méchants ou du destin et dans un ultime effort, seul ou entouré des siens défait l'infâme gougnafier responsable de la fin dans le monde. Rideau. Clap de fin. Au revoir.


Mais parfois, l'histoire décide d'en faire autrement. De renverser un peu le cours du temps et de jouer avec son public. Outer Wild c'est un peu ça. Parce que au bout de 22 minutes passées dans la peau de ce petit être insignifiant à bord de son vaisseau spatial, on se rend fatalement compte que le jeu nous as bien eu. Je n'ai pas sauvé l'univers, je n'ai pas sauvé les miens, je n'ai pas vraiment compris ce qui m'arrivait. Rideau. Clap de fin. Au revoir. Tu l'as dans l'os.


....


Je ne vais pas vraiment y aller par 4 chemins : Outer Wilds est une des plus belles expériences que j'ai pu vivre en tant que joueur, car c'est bien ça que nous faisons : nous jouons. Fier défenseur du média ludique, je vois dans le jeu vidéo une occasion phénoménale de créer un lien fort entre le média et le joueur à travers ses attributs ludiques. Outer Wilds a tout pigé et les gars de Mobius Digital aussi. Exploration, progression, attribution, compréhension et cela autour d'un concept vaguement emprunté à Majora's Mask, en mieux. ça c'est , oui j'ose le dire, du jeu vidéo. Pas besoin que ce soit beau à en crever et que ça vous indique à grands coups de tuto comment ouvrir une foutue porte pour avancer entre deux cinématiques moisies qui donneraient de l'urticaire au cheval imaginaire dont je viens d'inventer l'existence. Appelons le Mireille.


Mireille en a marre d'être pris pour un con. Mireille ne veut plus voir des copiés collés indigestes de jeu "open-wooooorld collectibles moi donc les fesses" d'années en années. Mireille ne veut plus voir de pay2win , de battle royale et de lootbox à la noix. Mireille ne veut plus voir les suites de suite de suite sans saveur à grand coups de FPS/TPS . Mireille veut juste voir un truc de passionné pour des passionnés. Un jeu qui repousse ou tente de repousser les limites de son médium par des idées de game-design originales. Mireille a beaucoup aimé Outer Wilds. Et à juste titre, car c'est un cheval de gout.


Je ne rentrerais pas dans les détails, il vous suffira de regarder une vidéo de gameplay ou de lire bien d'autres critiques (plus complètes) disponibles ici sur Senscritique. Sachez simplement ceci : Outer wild parvient à créer un univers cohérent et immersif, parfait dans son concept et dans ses procédés narratifs. Avec sa patte graphique, ses outils pour progresser, ses propres modèles de connaissance. Le tout en s'inspirant des plus grands que ce soit pour les dynamiques d'exploration ou de thématiques temporelles. Outer Wild raconte mieux que n'importe quelle daubasse dite "narrative" typé "teen movie mon père est mort pro LGBT" ou encore "t'as vu c'est trop lynchien masque de lapin sur fond de musique dreampop". Outer wild nous rappelle enfin qu'il est un jeu vidéo et que son propos ,avant tout, c'est de nous permettre de jouer et de s'amuser en progressant et en s'accaparant les nombreuses mécaniques qui régissent son univers si riche et si magnifiquement dense.


Merci pour cette belle expérience Outer Wilds. ça faisait longtemps que je n'avais pas pris une telle claque dans les gencives.

Bohr
10
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Créée

le 19 févr. 2020

Critique lue 382 fois

4 j'aime

Bohr

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