Outlast
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Outlast

Jeu de Red Barrels (2013PC)

Outlast a fait pas mal de bruit à sa sortie. Nouveau survival-horror axé avant tout sur la fuite et le sentiment de vulnérabilité du joueur, dans la droite lignée d'Amnesia. Certains le considéraient même comme encore plus flippant que ce dernier; j'étais donc assez curieux de constater cela par moi même et après y avoir joué je peux dire que je comprends pourquoi certains le considéraient comme l'élève ayant dépassé le maître. Même si je ne suis pas du même avis. Beaucoup plus beau et avec un assez bon "body awareness" (le fait de voir son corps quand on regarde à ses pieds dans un FPS, qu'on voit nos bras ouvrir les portes appuyer sur des boutons, etc ...), Outlast peut se vanter de proposer une très bonne immersion, je vous recommande d'ailleurs d'enlever le viseur qui sert uniquement pour les interactions (qui ne nécessitent pas une grande précision) et les messages d'aides dès que vous aurez compris les mécaniques de bases. Pas d'inventaire ni de barre de vie. Vous voilà donc seul face à l'asile, sans rappel de votre statut de joueur, avec pour tout menu un accès à vos notes personnelles et à celles trouvées ça et là.

Vous incarnez donc un journaliste d'investigation visiblement à la recherche d'un scoop, qui suit une piste pour dénoncer les agissements douteux ayant cours au sein d'un asile psychiatrique. Armé de votre caméra avec zoom et vision nocturne, vous décidez d'enquêter sur les lieux. Je n'en dis pas plus sur le scénario, c'est plus fun de découvrir par soi-même.

L'ambiance est assez malsaine, globalement assez proche de la deuxième saison d'American Horror Story (Asylum) pour ceux qui connaissent, on y côtoie le lugubre, le glauque et le carrément malsain. Toutefois, le joueur découvre assez vite ce qui va lui imposer l'achat d'un stock de couches. Un des principaux atouts d'Outlast pour instiller la peur réside dans les "jumpscare".

Là, certains d'entre vous dirons "zut" et ils auront partiellement raison. Mais juste partiellement.

Pour ceux du fond qui ne suive pas, un "jumpscare" est une méthode classique du cinéma et des jeux vidéos qui consiste à foutre un gros truc inattendu à la gueule du joueur/spectateur au moment où il s'y attends le moins. Ça peut être un gros bruit assourdissant (généralement un cri) après de longues minutes de silence oppressant, ou une image qui surgit d'un seul coup au premier plan quand on pensait qu'il n'y avait rien. Le plus souvent c'est les deux à la fois. C'est une technique que je trouve habituellement assez pauvre et bien souvent la preuve que les développeurs n'avaient aucune imagination pour insuffler la peur à leur joueur. On en retrouve pourtant dans des classiques comme Dead Space avec le fameux coup du bruit soudain d'un côté et du monstre qui sort de l'autre, par conséquent dans le dos du joueur. Ou dans des moins classiques comme Doom 3 ou vous avez une dalle qui tombe subitement du plafond ou une fuite de gaz soudaine, TATATAAAA ! Ouais, trop la flippe, concrètement c'est le même effets qu'un mec qui vous hurle "BOUH" dans les oreilles alors que vous étiez peinard en train de lire votre bouquin. Ça fait sursauter mais c'est pas plus flippant que mon relevé de notes, et certainement moins effrayant que mes perspectives d'avenir. Bref, c'est juste horripilant.

Seulement voilà, si Outlast use et abuse du jumpscare, il le fait avec talent, et il n'inflige pas au joueur le stéréotype usé jusqu'à la corde du "trololol, t'as flippé ta race mais en fait y'avait rien, mdr". Non, dans Outlast, les jumpscares sont savamment dosés, et le plus souvent disposés là où il faut, de sorte qu'on ne les vois pas arriver. Et quand ils arrivent, on se surprend à gentiment perdre ses moyens et àAAAAAH PUTAINLACHEMOILACHEMOILACHEMOI !!!

Saleté ! C'était quoi ce truc bordel ?

Yup, c'est plus ou moins ma réaction intérieure à chaque jumpscare, on ne le vois pas venir, et lorsqu'il est là, non seulement il nous faire sursauter bien violemment, mais aussi et surtout il maintient notre rush d'adrénaline assez longtemps dans les secondes qui suivent pour nous faire comprendre que non, c'est pas juste un bruit pour faire peur, c'est une putain de menace pour ta santé physique et mentale qui va brutalement violer ton innocence et tenter de t'arracher quelques bouts de viande au passage. Outlast m'aura donc bel et bien fait plus sursauter qu'Amnesia mais il n'aura pas su instiller une angoisse permanente et aussi profonde dans chaque minute de jeu.

En dehors de ça l'univers est bien glauque, le scénario quoique peu développé (presque exclusivement à travers les notes) est assez sympa avec notamment UN rebondissement qui m'a bien surpris sur le coup (pour peu qu'on ait évité tout spoiler, méfiez vous donc). Chose curieuse et originale, Outlast ne joue pas systématiquement la carte de l'isolation chère aux Survival Horror, là où c'est intelligent c'est qu'au sein de l'asile, rien ne vous permet de discerner les patients dangereux des simples lunatiques (encore que certains seront à fuir au premier coup d’œil, je vous l'accorde), vous vous retrouvez donc parfois à vous balader au milieux de légumes lunatiques en priant pour qu'aucun d'entre eux ne décide soudainement de prendre votre boite crânienne pour une piñata. Le jeu sur la lumière est également très réussi avec l'usage de la vision nocturne, pour une fois il y a une légitimité à ce que le personnage se trimbale en permanence avec une caméra, je vous recommande d'ailleurs de l'avoir allumée le plus souvent possible, j'ai comme l'impression que les notes du personnages découle uniquement de ce qu'il filme. A confirmer. Seule l'usage de la vision nocturne vous coûtera de la batterie de toute façon, l'effet est d'ailleurs remarquablement bien rendu avec un grain à l'image et la luminescence des yeux, on s'y croirait. Question gameplay ceci dit je tiens à souligner l'absence totale d'énigme (ce qui est toujours fun sous la pression quand même, un peu dommage donc) et des ennemis qui nous rattrapent parfois trop facilement, à tel point qu'ils ne font plus vraiment peur par eux-même mais plus pour le game over lorsque ça deviens du Die & Retry, LE gros piège de tout survival horror. Mais ça c'est peut-être parce que j'ai foutu la difficulté à fond, je ne sais pas si l'I.A s'en trouve également changée ou si ça influe uniquement sur les dégâts et le nombre de piles (pour un total de deux. Oui. Deux. le joueur dois pas avoir de poches et se carrer la deuxième dans

En somme, Outlast est un assez bon survival horror, relativement court (comptez environ 6 heures pour en venir à bout, c'est peu mais le prolonger davantage aurait ruiné l'expérience, je conseille quand même d'attendre une promo steam pour l’acquérir du coup) mais c'est intense, l'ambiance n'y est peut-être pas aussi malsaine et dérangeante que dans The Dark Descent mais là c'est peut-être mon côté fan de Lovecraft qui parle, ça reste bien sordide dans son genre. Comparés aux "Amnesia" qui sont pour moi les ténors du genre, je considère globalement Outlast comme étant moins abouti que "The Dark Descent" mais plus efficace que "A machine for pigs". Une bonne descente aux enfers bien glauque ou le joueur n'est qu'une gentille petite souris entre les mains d'un jeune étudiant en médecine qui n'y connait rien mais semble bien décidé à apprendre le métier le plus vite possible.

Créée

le 8 janv. 2014

Critique lue 1.3K fois

8 j'aime

Vincent Motte

Écrit par

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