Je n'ai pas peur du noir

Outlast premier du nom était ce qu'on appelle une surprise mais aussi un cauchemar qu'on ne peut oublier. Il avait redonné ses lettres de noblesse à un genre qui était tombé dans l'oubli et a terrorisé les joueurs comme rarement. La finesse et l'inspiration du scénario , la compréhension de ce qu'est la peur , le mystère , ce qui est caché dans l'ombre ; la performance technique et l'ambiance unique... Tout ces éléments faisaient de ce jeu un classique instantané et suite à un DLC dans la même veine qualitative , le studio Red Barels attisa la curiosité après une telle réussite.

Le deuxième opus était l'un des jeux les plus attendus de l'année et promettait à tous les joueurs de leur faire vivre un véritable enfer. La demo avait été une véritable réussite et promettait un nouveau chef d'oeuvre. Le jour vint où le jeu sortit et la polémique apparut : le jeu se révèle ultra - gore jusqu'à l'insoutenable , certains ont été traumatisés à vie , le jeu a été interdit à la vente dans de nombreux pays pour cause de la présence d'une

Je crois que le pire dans tout ça , c'est qu'au moment où le générique défile et que je me remémore l'aventure , je n'arrive tout simplement pas à me souvenir d'un moment où j'ai eu peur. Je me rends compte que quelque chose s'est perdu.

Ce second opus part du tristement célèbre fait divers suivant : le suicide collectif de 904 personnes issues de la communauté du "Temple du Peuple" . Mais au mieux de consacrer pleinement le jeu à ce sordide événement , il sert d'inspiration non - avouée à ce jeu ou plutôt vide scénaristique abyssal. On ne peut pas dire que le jeu n'a pas tenté de renouveler la saga mais rate le coche à chaque fois.

Au niveau des graphismes et de la technique , il n'y a tout simplement rien à dire. Le jeu est tout simplement magnifique et ne souffre d'aucun problème technique grave ou en tout cas visible dans un premier temps. La direction artistique est à tomber et montre que le studio a bien compris l'importance de l'obscurité et de la peur de l'inconnu dans le genre horrifique : le jeu est très sombre et donne l'impression que la nuit durera éternellement. Il y a une alternance dans les lieux que l'on traverse tout au long du jeu. Des ajouts renforcent le gameplay et le perfectionnent : la gestion des piles et enregistrements , l'ajout de bandages et d'une option qui montre les bruits aux alentours grâce à la caméra ainsi que de nouvelles possibilités pour se cacher. On peut noter aussi l'ajout de doublages en français qui sont , et c'est surprenant , de très bonne qualité. Mais c'est là que les choses se gâtent avec la difficulté ridicule du jeu qui prend une allure de die & retry rageant qui demande de mourir de nombreuses fois pour connaître par coeur les environnements et résoudre les énigmes ou tout d'avoir de la chance tout du long. Ridicule car les nombreux checkpoints empêcheront le joueur de perdre son temps ce qui rend cette difficulté accrue d'autant plus inutile. La plupart des ennemis one - shot ou vous tue en deux coups et l'incapacité pour le personnage de se défendre en devient aberrante d'idiotie et embarrassante tant c'est un prétexte beaucoup trop facile pour provoquer le stress et la peur ( de nombreux jeux dont son principal rival Resident Evil 7 ne sont pas concernés pas ce problème ). Cette difficulté épuisante et totalement inutile au point d'en devenir parodique nuit à l'incroyable ambiance développée au long du jeu.

Là où le bât blesse le plus , c'est au niveau du scénario , véritable problème de cet Outlast 2.
Le jeu a la mauvaise idée de créer une routine beaucoup trop présivible à la longue où s'alternent les rêves de Blake et l'aventure principale. L'aventure dure beaucoup trop longtemps pour ce qu'elle nous propose et utilise tous les pires clichés sur le satanisme ou l'horreur en général. Le studio a sans doute vu trop grand ou s'est fait submerger par son scénario incohérent , lourdingue , cliché au possible et qui justifie sa durée par des "retournements de situation" ou des pauses dans le scénario. Certains mystères sont beaucoup trop évidents , d'autres inexpliqués et les notes disséminées partout dans le jeu et durant les chargements achèvent le joueur de cette lourdeur nanardesque. Le final achève le joueur tant il se révèle cliché , brusque et peu avare en réponses. Le propos du jeu est soit invisible ou alors très mal traité , il se révèle au final inutile et ne se lie même pas au premier opus. Les rares jump - scares ne fonctionnent pas et la némésis apparaît beaucoup trop souvent pour créer de la tension ou de la peur. La dernière droite ne présente plus de difficulté au moment où il aurait été utile qu'il y en ait. Reste les références au genre que ce soit au niveau des jeux - vidéos ( Resident Evil...) ou du cinéma ( Blair Witch,Rosemary's Baby,Freddy : Nightmare on Elm Street,La dernière maison sur la gauche...).

Le jeu est un pétard mouillé , pot pourris de qualités mais surtout des pires défauts du genre , qui terni une saga qui se révélait être la plus grande surprise de ce début de siècle. A défaut d'un "jeu" , reste un hommage à la pop culture et à l'horreur dans tout ce que le genre a pu nous offrir de grand. Malheureusement , le jeu n'en fera jamais parti.