Belle surprise de l’année 2013 tous supports confondus, j’ai pris un pied pas possible avec ce Papers, Please.
Brillamment nommé par hasard (si si, vive les tombolas), au poste de douanier à la frontière de la glorieuse république d’Arstotzka, le joueur doit appliquer les consignes données par son ministère de tutelle pour accepter (ou pas, surtout ou pas d’ailleurs) les candidats à l’entrée dans son magnifique pays. Le but, avoir assez d’argent pour nourrir et héberger sa famille.
C’est simple, c’est efficace, la mécanique de jeu est parfaite, la tension induite par les conséquences de nos actes est admirablement rendue. On se surprend ainsi rapidement à faire des choix cornéliens : le chauffage ou la bouffe ? Laisser claquer mamie ou le fiston ? Aider la résistance ou faire son travail de fonctionnaire sans conscience ?
On se surprend surtout, et c’est la beauté perverse du jeu qui offre des résonnances insoupçonnées avec la politique des pays européens depuis une dizaine d’années, à se jeter corps et âmes dans la politique du chiffre, à apprécier les bons points octroyés par la hiérarchie…
Revenons sur la mécanique de jeu : le principe est simple, appliquer les règles qui viennent s’ajouter au fur et à mesure que le temps passe. La où ça devient brillant, c’est que pour s’assurer un salaire, et donc payer le gîte et le couvert à sa famille, il faut accepter un maximum des candidats à l’entrée. En effet, on est payé au dossier accepté. Or, toutes les règles sont faites pour multiplier les embûches dans un temps limité : un passeport, un visa, un certificat médical… il faut ajouter à ces éléments des règles du type : de tel pays c’est niet le lundi, mais c’est ok le mardi…
Ces documents peuvent être des faux, il faut vérifier régulièrement que rien ne passe en contrebande…
Enfin, certains tentent de passer outre le bureau de douane, généralement pour faire exploser une bombe. On se retrouve donc rapidement armé et autorisé à tuer.
Si on ajoute à ça la corruption (des gardes, des arrivants, de sa hiérarchie), la résistance, il devient assez vite compliqué de ne pas faire d’erreur.
Résultat, la tension évoquée ci-dessus est vraiment présente et on devient très vite un parfait douanier d’état totalitaire en herbe.
Une vraie réussite, révélant au grand jour vos plus sombres instincts. Et rien ne me fait plus plaisir que de voir un jeu étalant mes vicissitudes aux yeux de tous.